Agnès, 32 ans, raconte à Aleteia comment la prière contemplative l’a aidée après un baby blues. “Rêvée, attendue depuis six ans, la naissance de ma fille a été un moment merveilleux. Malgré les diagnostics des médecins qui assuraient que je ne pourrais pas avoir d’enfant, le miracle a eu lieu. C’était une explosion de joie inespéré. Pourtant tout ne s’est pas passé comme je l’imaginais… Très vite, au fil des heures passées en tête à tête avec Charlotte, je me suis enfoncé dans un mélange douloureux de sentiments où régnaient l’angoisse, le doute et l’anxiété. Pourtant, pendant mes neuf mois de grossesse je m’étais idéalement préparée. Le fameux ouvrage de Laurence Pernoud à mon chevet, je croyais avoir tout prévu.
Mais j’étais bien loin de penser que je serai plus tard paralysée par les angoisses et l’inquiétude. Après l’accouchement, les pleurs à gros sanglots m’envahissaient. Je voulais fuir, disparaître, revenir à ma vie d’avant… Pourtant j’aimais ma fille plus que tout. Dans mes bras, elle était un petit miracle de la vie.
Un jour, j’ai décidé de chercher de l’aide : d’abord en lisant des articles sur le baby-blues. J’ai ensuite consulté des psychothérapeutes, des médecins. Jusqu’à ce que je commence à en parler autour de moi. J’ai alors compris que je n’étais pas en train de vivre un léger baby-blues lié à la révolution hormonale que provoque un accouchement. J’étais bien au début d’une dépression, je vivais une sorte de désespoir psychique.
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Dans mes échanges avec les psys, j’ai remarqué un terme qu’ils employaient souvent : celui de la pleine conscience. Présentée par plusieurs religions comme la clé d’une expérience spirituelle essentielle, la pratique de la pleine conscience est également préconisée par de nombreux psys comme un moyen de retrouver l’acceptation de soi-même. Avec le succès qu’elle rencontre, il n’est pas étonnant qu’elle soit devenue si populaire.
Je m’y suis lancée à mon tour. Assise dans le silence, je laissais mes pensées vagabonder en cherchant à l’intérieur de moi-même une sensation de paix. Mais au bout de quelques temps, je me suis rendue compte que ce n’était pas ça. J’avais besoin d’une pratique spirituelle ancrée dans ma foi chrétienne. J’ai commencé à lire des auteurs catholiques comme Thomas Merton et les biographies de saints qui étaient réputés pour avoir connu une vie contemplative. J’avançais chaque jour dans mes exercices. Au début, je résistais un peu : je me disais que je n’étais qu’une mère et pas une religieuse, que je ne devrais pas forcément me contraindre à contempler tous les jours…
Qu’est-ce la prière contemplative ?
Il est difficile de la résumer en quelques mots. Les mystiques ont écrit des tonnes d’œuvres à son sujet. Mais c’est peut être Thomas Merton, un moine cistercien du XXe siècle qui l’explique le mieux. Dans son livre La prière contemplative, il écrit qu’en contemplant Dieu, nous renonçons à une prière de demande de quelque chose à Dieu. Nous renonçons même à Sa recherche. La prière contemplative doit être un abandon total à quelqu’un qui nous aime, qui est près de nous et qui vient pour nous attirer vers lui.
C’est en quelque sorte une méditation de pleine conscience. En effet, il ne s’agit pas ici de faire le vide pour se déconnecter, mais plutôt pour se retrouver en présence de Dieu.
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Ce n’est pas un exercice facile. Il faut le pratiquer tous les jours, 10 à 15 minutes environ, jusqu’à ce que le réflexe devienne tellement ancré dans nos habitudes qu’il reste présent au moment de faire la vaiselle ou de jouer avec son enfant.
Quand j’ai commencé la contemplation, j’ai compris que je n’avais pas besoin d’enseignements qui m’aident à m’éloigner des souffrances du monde. Au contraire, il me fallait apprendre à être plus près de la souffrance d’autrui.
Un sport extrême
Certains craignent que la prière contemplative soit trop proche des pratiques orientales. C’est une fausse route car le christianisme a pratiqué la contemplation depuis ses origines. Les témoignages des saints, des Pères du désert et des mystiques sont innombrables, ils sont parsemés des passages à vide terribles qu’ils ont connu, ceux que saint Jean de la Croix appelait les nuits obscures.
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Au début de ma contemplation, j’avais peur de voir Dieu comme un porte-bonheur. Une tentation forte de compter sur une recette du bonheur qui dépendrait seulement que l’on soit bien sage et qu’on prie beaucoup.
Un chemin humble de l’amour
Avant que saint François d’Assise commence à enseigner, il a passé plusieurs jours dans une grotte dans les montagnes près de chez lui en priant. Il est entré en contemplation, demandant pardon pour ses fautes. Il a alors compris que Dieu est celui qui vient au devant des hommes, qui souffre avec eux, et qui ne parle que d’amour.
C’est cette découverte qui m’a permis de sortir de mon désespoir psychique. Aujourd’hui, loin des angoisses que j’ai ressenties au cours des premiers mois de la vie de ma fille, la prière contemplative ne me quitte plus, je ne peux plus m’en passer. Elle m’a emmené vers une paix intime.”
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