Les parents peuvent réagir quand « des disputes normales d’enfants » vont trop loin.Le harcèlement en milieu scolaire, de la maternelle au lycée, fait couler beaucoup d’encre. Bien que les enfants se soient toujours chamaillés, il est possible que la situation n’ait jamais été aussi désastreuse que ces dernières années, où « un enfant sur quatre » ou « un enfant sur trois », selon les études assure avoir été harcelé en milieu scolaire.
Les programmes de prévention combinés à une meilleure sensibilisation ont permis de porter une plus grande attention au harcèlement, problématique qui s’étend également au cyberharcèlement.
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Mais qu’en est-il de l’intimidation entre frères et sœurs ? Tous les frères et sœurs se disputent parfois. On peut même avoir l’impression par moments qu’ils se chamaillent constamment non pas pour s’embêter l’un l’autre, mais pour s’amuser à nous voir craquer. Mais quand une prise de bec typique entre frères et sœurs se transforme-t-elle en intimidation ? Des recherches récentes ont tenté de répondre à cette question.
Caractéristiques de l’intimidation
L’intimidation diffère des conflits typiques entre frères et sœurs « par leur caractère répétitif, intentionnel, négatif et blessant, reflétant un déséquilibre des pouvoirs entre la personne qui intimide et la victime ». Ainsi, si le petit frère a l’impression que sa grande sœur s’en prend à lui de manière répétée et blessante, et qu’elle est plus âgée ou plus forte que lui d’une manière ou d’une autre, ce comportement répond à la définition de l’intimidation.
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Les conflits fraternels typiques, dans lesquels des frères et sœurs se disputent et rient peu après, ne doivent normalement pas être source de préoccupation, et ce en raison de la dynamique sous-jacente fondamentale de familiarité, de confiance et d’affection qui existe entre eux.
Les conséquences de l’intimidation
Toutefois, l’intimidation entre frères et sœurs est un problème sérieux. Dans une étude menée en 2014 par des chercheurs américains, près de 20% des participants ont déclaré que leurs frères et sœurs les intimidaient « toujours » ou « fréquemment ». Visiblement, ce problème est loin d’être rare. L’intimidation entre frères et sœurs est associée à l’anxiété, à la dépression et au stress social, même au-delà de l’intimidation entre pairs. Malheureusement, l’intimidation entre frères et sœurs semble être encore plus nuisible que l’intimidation entre pairs, causant des dommages psychologiques plus graves. Le cliché selon lequel « ceux qui nous sont les plus proches peuvent nous blesser le plus » s’avère exact une fois de plus.
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D’autres recherches montrent que les personnes victimes d’intimidation par leurs frères et sœurs durant leur enfance sont jusqu’à trois fois plus susceptibles de développer des troubles psychotiques tels que la schizophrénie au début de l’âge adulte. Et plus l’intimidation est fréquente, plus les troubles sont susceptibles de survenir. Comme l’indique l’un des auteurs de l’étude, « Les enfants passent beaucoup de temps avec leurs frères et sœurs dans le confinement de leur foyer familial et s’ils sont victimes d’intimidation et d’exclusion, cela peut mener à la défaite sociale et à l’auto-culpabilité et aux troubles mentaux graves ». Si un enfant est victime d’intimidation à l’école et à la maison, c’est un double coup dur ; cet enfant peut ne plus avoir d’endroit sûr.
Que faire pour lutter contre l’intimidation ?
Que peuvent faire les parents s’ils sentent que le conflit entre leurs enfants a dépassé le stade des disputes normales et s’est transformé en intimidation prolongée et récurrente ? Il arrive d’entendre parfois « laisse-les seuls, ils vont se débrouiller », mais ce conseil se révèle inefficace dans ce cas de figure. Si le problème est persistant, il est temps pour les parents de ne pas l’ignorer et de s’impliquer.
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Les docteurs Christine K. Malecki et Michelle K. Demaray, deux spécialistes américains proposent cinq conseils pour aider les parents à évoluer avec délicatesse et doigtée sur ce terrain interpersonnel.
- Ne pas ignorer ou minimiser les disputes entre frères et sœurs.
- Faire preuve d’empathie pour l’enfant qui a été blessé et l’encourager à relativiser.
- Surveiller davantage lorsque qu’une dispute est en cours.
- Aider l’enfant qui est souvent victime d’intimidation à trouver des stratégies pour faire face à son frère ou à sa sœur.
- Créer un environnement global dans la maison qui ne tolère pas et ne permette pas des actes répétés de méchanceté envers l’autre.