La dévotion aux "cinq plaies" du Christ – des deux mains et des deux pieds provoqués par les clous, et au flanc droit provoqué par un coup lance – a toujours été une dévotion chère aux chrétiens. Tant de saints l’ont répandue, au travers de siècles — ce sont « nos pierres précieuses », disaient-ils — et aujourd’hui, le pape François, qui a une grande vénération pour elles, appelle à les honorer comme étant l’une des plus puissantes pour obtenir l’infinie miséricorde du ciel, en ce temps de pénitence et conversion.
Les débuts
Une des premières allusions à la dévotion aux "cinq plaies" du Christ, remonte à un passage de la première lettre de saint Pierre apôtre : "Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris." (1 Pierre 2, 24). Mais il faut attendre les XIIe et XIIIe siècles pour voir cette dévotion se répandre vraiment parmi les chrétiens. C’est l’époque de la redécouverte des pèlerinages en Terre Sainte après les croisades. L’époque aussi de saint François d’Assise et de ses stigmates qui suscite un regain de piété et de dévotion à la Passion du Seigneur. Bernard de Clairvaux (1090-1153), entre ces deux périodes, témoigne de cette évolution dans son homélie sur le Cantique des Cantiques qui deviendra une pièce maîtresse dans l’étude de cette dévotion : "Où donc notre fragilité peut-elle trouver repos et sécurité, sinon dans les plaies du Sauveur ? Je m'y sens d'autant plus protégé que son Salut est plus puissant".
Vigile pascale
Les cinq plaies du Christ sont rappelées pendant la vigile pascale. Le célébrant dispose sur le cierge pascal cinq grains d'encens en leur honneur et dit : "Par ses saintes plaies, ses plaies glorieuses, que le Christ Seigneur nous garde et nous protège. Amen". On trouve également trace de cette dévotion dans le Rosaire dominicain, où les gros grains – cinq pater – sont censés représenter les cinq plaies du Seigneur. Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301) aussi fut une grande promotrice de la dévotion aux cinq plaies. La mystique rhénane a longtemps médité dessus. Les plaies du Christ était son refuge. Elle vit Jésus lui apparaître, avec sur chacune de ses plaies une fleur qui brillait comme de l’or. Il lui a dit : "C’est de cette gloire dont tu as revêtu Mes Plaies, en les saluant, que je couvrirai toutes les souillures de tes péchés et que je les effacerai".
Le pape François, à l’angélus dominical du 18 mars dernier, a évoqué cette dévotion en appelant fidèles et pèlerins à "entrer dans les plaies du Christ jusqu’au cœur". Comment ? En récitant un Notre Père pour chacune des plaies. Car c'est là, a-t-il assuré, que "nous apprendrons la grande sagesse du mystère du Christ, la grande sagesse de la croix".