Gage de l’importance accordée à cette veillée de prière organisée dans la basilique Sainte-Marie-du-Trastevere, à quelques minutes du Vatican : elle était présidée par le cardinal Marc Ouellet, préfet de l’importante Congrégation pour les évêques. La basilique, l'une des plus anciennes de Rome, était noire de monde. Toute l′assemblée, composée de catholiques, d'orthodoxes ou encore d′anglicans, a prié d′un seul cœur pour les martyrs chrétiens. Des chants dans toutes les langues ont ponctué la célébration, rendant hommage à ces témoins des quatre coins du monde.
Après la lecture d'un psaume – "mon secours me viendra du Seigneur" (Ps 120) – et la proclamation de l′Évangile des Béatitudes, véritable étendard pour les disciples du Christ, les noms de chrétiens ″ayant offert leur vie pour l'Evangile″ ont été solennellement égrenés, comme autant de grains de chapelet. ″Notre temps est celui de l′œcuménisme du sang″, a déclaré le cardinal Ouellet lors de son homélie, reprenant ainsi les mots du pape François.
Notre époque, a-t-il poursuivi, est jonchée de martyrs comme jamais auparavant, toutes Églises confondues. Pour le haut prélat, leur rendre hommage rapproche du Christ et rapproche donc les chrétiens entre eux. Il s'agit de porter fièrement, et à l'unisson, le témoignage suprême du don de la vie. C′est la façon la plus profonde de réconcilier les chrétiens de différentes confessions, a insisté le cardinal canadien.
Des contextes différents
La lente litanie des noms a reflété la diversité de ces dons suprêmes, éclairés par la lumière de l’Évangile. Ainsi, des religieuses ont épuisé leurs dernières forces en accompagnant des malades et des pauvres, contractant à leur tour les virus mortels. Des chrétiens ont été torturés et tués par pure haine de leur foi en Jésus-Christ. Par exemple, les Arméniens en 1915 mais aussi ces cinq femmes du Daguestan russe en février dernier. À ces témoins d’hier et d’aujourd’hui, le cardinal Ouellet n’a pas manqué d’ajouter les victimes de ces conflits qui font rage au Burundi et au Yémen.
Pour le préfet de dicastère, ces chrétiens — connus ou anonymes — sont porteurs d′un message d′espérance et de foi : "Leur sang versé est celui du Christ qui continue encore à couler aujourd′hui". C′est un "devoir de mémoire", a-t-il insisté, de louer Dieu pour la grâce de leur témoignage. Et les fidèles doivent invoquer l′Esprit saint afin de trouver la force "de servir et d′aimer", à leur exemple.