Après Casal del Marmo, en 2013, Rebibbia en 2015, et Paliano, en 2017, le Saint-Père se rend pour la quatrième fois depuis son pontificat dans un centre de détention pour ouvrir le Triduum pascal, ce Jeudi saint, 29 mars. Il s’agit cette fois-ci de la grande prison du Regina Coeli, la plus grande de la capitale italienne, située non loin du Vatican. Après une visite à l’infirmerie pour rencontrer les détenus malades, le pape François célèbrera la messe de la Cène du Seigneur dans la rotonde de la prison. Il y lavera les pieds de douze hommes dont quatre non-catholiques, reproduisant sur douze détenus le geste de Jésus avec ses apôtres à la veille de sa mort. Une visite est également prévue aux détenus de la section dite des "détenus protégés" condamnés pour crimes sexuels.
Le centre de détention est un vieux bâtiment, transformé en prison entre 1870 et 1890. Environ 900 détenus y purgent leur peine. En retournant dans un centre de détention, François marque encore une fois la place primordiale qu’il accorde aux "pauvres" de la société que sont également les réfugiés, les migrants ou les personnes handicapées, en compagnie desquels il a passé les Jeudis saints en 2014 et 2016. Dans l’Église, « nous recevons tout le monde et nous savons et pouvons tous donner beaucoup. Jésus n’écarte personne, il ne méprise pas… Nous sommes tous des pèlerins, des mendiants d’amour et d’espérance, et nous avons besoin de ce Dieu qui se fait proche et se révèle dans la fraction du pain », avait-il dit au cours d’un déjeuner avec les pauvres, les réfugiés et les détenus à Bologne, en octobre dernier.
Se faire "esclave"
Mais pour le Pape, être au milieu des prisonniers, se faire "esclave" devant eux, c’est leur rappeler encore une fois que "Jesus ne se fatigue pas d’aimer, ni de pardonner", que son amour est "un amour sans bornes, jusqu’au bout…". C’est rappeler aussi à tous les membres de l’Eglise qu’ils ont le devoir d’imiter Jésus en s’abaissant devant les plus démunis. Le "lavement des pieds" est le geste typique du serviteur envers son maître, pas un "geste folklorique", a rappelé le Pape à la prison de Paliano, l'an dernier. Dans ce centre de détention accueillant d’anciens mafieux "collaborateurs de justice", le Saint-Père n’avait pas mâché ses mots, insistant sur le "sérieux" d’un tel geste dans une société qui persiste, encore aujourd’hui, à ne voir dans les prisonniers que "des personnes ayant commis une faute, et n’accordant qu’une confiance très relative au travail de réinsertion". Or, avoir cette vision, "c'est oublier que nous sommes tous pécheurs", ne cesse de clamer le Pape, c’est oublier que "nous pouvons tous commettre des erreurs" et que "d’une manière ou d’une autre nous en commettons"
Espérer, toujours espérer…
Le Pape, devant un millier de personnes, à l’occasion du Jubilé du monde carcéral, en novembre 2016, avait plaidé pour une justice « qui ne soit pas exclusivement punitive » mais « ouverte à l’espérance ». Le passé ne peut être réécrit, a-t-il encouragé les détenus, "l’histoire qui regarde l’avenir, est encore toute à écrire (…) En apprenant des erreurs du passé, on peut ouvrir un nouveau chapitre de la vie".
Et pour encourager les détenus, pour agir sur leur foi, le Pape ne perd pas une occasion de les faire participer, même de loin, à ses occupations. En leur confiant par exemple la fabrication de centaines de milliers de chapelets servant aux différentes activités et célébrations durant ses voyages apostoliques, histoire de leur donner le sentiment de participer à ce grand climat de joie et d’espérance qui caractérise ces voyages, et de leur redire "Dieu n’a pas honte de vous…"