Elle arrive deux ou trois semaines après l'accouchement : "une sorte de burn-out qui s'installe insidieusement en contaminant la relation familiale et celle de la mère avec son bébé. Elle la submerge de façon complètement imprévisible..." a expliqué Marie-Christine Perreard, psychologue clinicienne, au cours d'un débat en 2018 sur ce sujet à l'hôpital Nord de Saint-Étienne. Cette maladie est malheureusement souvent cachée. Plus de la moitié des femmes qui en souffrent ne sont pas diagnostiquées. Parmi celles qui le sont, elles sont une autre moitié à ne pas la soigner.
Si vous êtes touchée par ce désespoir psychique des jeunes mamans comme 10% des femmes, après l'aide médicale indispensable, n'hésitez-pas à vous tourner vers un soutien spirituel. À commencer par celui des mystiques. Leur recours peut sembler paradoxal : si de grandes figures féminines en font partie, les mystiques ont vécu de manière solitaire et sans enfants (à de rares exceptions). Mais c’est dans cette vie parfois extrême qu'ils ont connu et surmonté la plupart des souffrances humaines.
La lecture de saint François d’Assise, de sainte Catherine de Sienne et d’autres grandes figures mystiques répond également aux épreuves rencontrées dans la dépression post partum. Elle peut atténuer les tristesses et les angoisses tout en modifiant le regard que l'on porte sur la vie. Voici quatre conseils à apprendre d’eux.
1La simplicité selon François d’Assise
François d'Assise est le champion de la simplicité. Issu d’une famille riche, il s’est dépouillé de tous ses biens, devenant ainsi un homme libre. Ce cheminement lui a permis de redécouvrir la simplicité de Dieu, la simplicité de la foi et l’importance de commencer par les petites choses pour atteindre les grandes.
La femme qui souffre de dépression peut apprendre de lui le dépouillement des objets mais surtout des pensées et des émotions inutiles. L’enfant qui est dans ses bras réclame toute son attention et ses soins, et c’est en se concentrant sur cette nécessité première qu’elle allègera progressivement le fardeau de ses souffrances :
"Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu'il est possible de faire et tu réaliseras l'impossible sans t'en apercevoir". (Cantique des Créatures)
2La compassion selon Margery Kempe
Cette mystique anglaise du Moyen Âge a vécu elle-même la dépression post partum : à la suite de la mort de son premier enfant, elle a connu un profond désespoir. C’est en communiant avec le Christ souffrant qu’elle a surmonté cette épreuve. Un soir, elle voit le Christ lui dire :
« Ma fille, pourquoi m'as-tu abandonné alors que je ne t'ai jamais quittée ? »
Cette révélation est le début de sa longue intimité spirituelle avec Dieu. Margery Kempe apprend à accepter et embrasser ses souffrances. Elle réussit à trouver dans ses plus grandes faiblesses physiques et psychiques, les moments où se manifeste le plus la grâce de Dieu. Toute sa vie, elle incita les femmes à découvrir Dieu dans le cadre ordinaire de leur vie de famille. (The Autobiography of the Madwoman of God, Tunbridge Wells, England)
3La générosité selon Sainte Catherine de Sienne
Volontairement et dès l'âge de seize ans, Catherine de Sienne est devenue membre laïque d'une communauté religieuse. Très tôt, elle a plaidé pour le renoncement des biens matériels et le mode de vie ascétique. Sainte Catherine a consacré sa vie au service des autres.
Cette générosité peut se manifester au quotidien dans nos relations avec les autres. Surtout, il faut garder à l'esprit que c’est par un acte d’amour généreux que l’on se rapproche le plus de Dieu. Un acte qui permet d’oublier ses propres souffrances en se consacrant à celles des autres. Le temps passé avec votre bébé, votre amie ou votre voisine peut être le bien le plus précieux à offrir, et vous gratifier de réconforts et de joies inattendues.
« L’âme ne peut vivre sans amour, il lui faut toujours quelque chose à aimer puisque c’est par amour que Dieu l’a créée » (Lettre au Frère Filippo di Vanuccio)
4La solitude pour se ressourcer, selon Thomas Merton
Pour Thomas Merton, moine et mystique américain du XXe siècle, la prière a le pouvoir de nous aider à voir les choses avec un regard nouveau.
« La prière ne nous rend pas aveugles au monde, mais elle transforme notre vision du monde et nous permet de le voir, de voir tous les hommes, toute l'histoire de toute l'humanité, dans la lumière de Dieu. »
Pour lui, la prière et la méditation sont essentielles, elles doivent être pratiquées dans la solitude.
"À quoi sert-il d'explorer l'espace si nous ne sommes pas capables de traverser l'abysse qui nous sépare de nous-même ? C'est le plus important de tous les voyages de découverte, tous les autres sont inutiles (...) Le recueillement nous conduit donc à une solitude intérieure qui est bien davantage que le désir ou le fait d'être seul".
Alors, prenez un peu de temps pour votre solitude. Elle sera très bénéfique pour méditer, réfléchir, prier, calmer les angoisses et voir l'avenir sous une autre lumière. Avec un regard plein de bienveillance et de patience envers vous-mêmes, essentielle pour traverser cette épreuve et avancer dans votre vie.