Toute la ville sera dans la rue le 18 mars prochain pour célébrer Notre-Dame de la Miséricorde, la sainte patronne de la cité impériale. Une tradition qui perdure depuis le milieu du XVIIe siècle.Chaque année les cérémonies de la Madonuccia (prononcer Madonoutch) durent deux jours, selon un rituel inchangé depuis 1656 ! Cette année là, plusieurs régions de l’Italie actuelle sont touchées par la peste, notamment la ville de Gênes. Or à cette époque, la Corse est génoise et des navires en provenance de Gênes sont en vue. Toute la population d’Ajaccio se met alors à prier Notre-Dame-de-la-Miséricorde, du nom de la vierge miraculeuse de Savone apparue un siècle plus tôt à un paysan ligure. Les habitants improvisent une procession à l’intérieur des remparts. Le miracle se produit enfin, des vents porteurs éloignent les bateaux génois des côtes et la ville est sauvée de la peste.
Le vœu des Magnifiques Anciens
Le 16 novembre de cette année-là, la Magnifica Comunità et le Conseil des Anciens, réunis dans la salle del publico palazzo, proclament la Vierge de la Miséricorde patronne de la ville et prennent l’engagement perpétuel de la fêter chaque 18 mars. C’est le vœu des « Magnifiques Anciens ». Les édiles municipaux vont alors faire édifier une chapelle de Notre-Dame de la Miséricorde dans la cathédrale d’Ajaccio, point de départ et de retour de la grande procession du 18 mars.
Cette année, la veille de la fête, la place des Palmiers sera éclairée par des centaines de cierges et de lumignons déposés dans la journée par toutes les générations d’Ajacciens. Avec les bougies mises aux balcons et aux fenêtres, c’est tout le cœur du vieil Ajaccio qui brûle à la nuit tombée. Sur la façade d’un immeuble de la place, une niche abrite la statue de la Madonuccia. L’inscription latine « Posuerunt me custodem » rappelle : Ils m’ont placée là pour que je les protège.
La neuvaine de Notre-Dame de la Miséricorde se terminera le 17 mars au soir. A 21 heures, après le salut du Saint Sacrement à la cathédrale, on se rassemblera place des Palmiers, au pied de la statue Notre-Dame de la Miséricorde pour la prier avec Monseigneur Sebastiano Sanguinetti, évêque de Tempio-Ampurias en Sardaigne, invité cette année. Mais on s’y retrouvera aussi simplement pour échanger des nouvelles. À Madonuccia, c’est un grand moment de fête populaire.
Messe pontificale à la cathédrale
Le 18 mars, jour de la fête, le conseil municipal, digne descendant républicain du conseil des Anciens, se rendra en cortège à la cathédrale. La messe pontificale, qui débutera à 10 heures, sera présidée par Monseigneur Sebastiano Sanguinetti, avec Monseigneur Olivier de Germay, évêque de Corse. Il n’y aura pas assez de places assises. Le maire et les membres du conseil municipal prononceront à nouveau le vœu des Magnifiques Anciens. Cet acte de mémoire laïque précédera la célébration religieuse.
Cette année le 18 mars « tombe » un dimanche, mais habituellement c’est un jour férié à Ajaccio. À 17 heures, la statue de procession de Notre-Dame de la Miséricorde, très fleurie, partira de la cathédrale, portée par des hommes. Sur le parvis de la cathédrale, elle sera acclamée comme toujours par la foule des Ajacciens massés autour. La procession solennelle démarrera au son des tambours de l’harmonie municipale. Suivront le clergé, les confréries, la Confrérie Notre-Dame de la Miséricorde en bleu, composée de femmes, mais aussi San-Rucchellu en vert et noir ou Saint-Erasme la confrérie des pêcheurs, avec leur ancre de marine. La procession empruntera toutes les rues de la cité génoise. Et comme chaque année, les Ajacciens, très attachés à leur Madonuccia, demanderont à nouveau à la Vierge Marie de les protéger.