120 hackers venus du monde entier sont au Vatican du 8 au 11 mars pour participer à un “Hackathon” baptisé “VHacks”. Objectif ? Trouver des solutions aux problèmes de l’inclusion sociale, du dialogue interreligieux et de la crise des réfugiés. Une initiative spectaculaire soutenue par le pape François. Organisé par Optic, un think-tank sur l’éthique des nouvelles technologies, le premier hackathon jamais organisé par le Vatican démarre ce jeudi 8 mars. Baptisé “VHacks”, ce rendez-vous collaboratif soutenu vivement par le pape François vise à développer des programmes dédiés à des projets solidaires. Combinaison de hacking et de marathon, un hackathon est une compétition entre jeunes programmeurs, graphistes, jeunes managers de projet. Pendant 36 heures, ils tentent de trouver des solutions technologiques à des problèmes concrets de la société. Au menu de cette première édition vaticane, des sujets brûlants : l’inclusion sociale, le dialogue interreligieux, et le sort des migrants et des réfugiés,
« VHacks est un appel à la responsabilité, en réunissant des personnes aux croyances multiples qui se mobilisent afin de trouver des solutions aux problèmes les plus actuels », soulignent les organisateurs. Kevin McKee, consultant de l’équipe de hacking à l’université Dos Pueblos de Santa Barbara (Californie) prévient : « Si le terme de hacking est associé la plupart du temps à l’activité d’un groupe qui essaie de pénétrer à l’intérieur du réseau informatique d’un autre groupe dans un but malveillant, il se révèle aussi être un moyen d’encourager à créer des solutions innovantes voire révolutionnaires qui répondent à des enjeux différents. Bref, quand ils se coordonnent, de petits groupes peuvent parfois faire émerger des solutions.
Pour ce VHacks, les participants seront des étudiants parmi les plus brillants du monde avec des origines académiques, ethniques et religieuses diverses. Ils viendront de Stanford, d’Harvard, du MIT ou de Georgetown. Ils travailleront à l’Hôtel Colombus, à deux pas du Vatican, par groupes de cinq et seront accompagnés par des mentors d’entreprises participantes comme Google ou Microsoft.
Le soutien du pape François
Les organisateurs se sont inspirés de cette interrogation du Pape François : « Ne serait-il pas merveilleux si les innovations scientifiques et technologiques contribuaient à plus d’égalité et d’insertion sociale ? » Le Père Dominicain Éric Salobir, initiateur du projet, affirme que cet événement s’inscrit pleinement dans la tradition de l’Église de s’intéresser de près à l’innovation.
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“L’Église a toujours su tirer partie de l’innovation pour sa mission”
“L’Église s’est toujours emparée de l’innovation, assure le père Salobir. Quand elle s’est intéressée à la radio ou de la télévision, c’était à chaque fois à leurs origines. Lorsque la première messe a été retransmise à la télévision en France en 1948, il y avait encore très peu de postes de télévision dans le pays. Radio Vatican a aussi été fondée aux débuts de la radio. Je pense que l’Église a toujours su tirer partie de l’innovation pour sa mission. À travers le hackathon nous nous inscrivons dans cette tradition. Cela peut sembler éloigné de l’action pastorale dans les paroisses, mais je pense qu’à son époque la télévision l’était tout autant. On ne se rend pas compte à quel point l’idée de diffuser une messe en direct à la télévision bousculait l’ordre des choses”.
Les 120 participants du hackathon sont issus de religions et de contextes très différents. Ils viennent de 57 universités et de tous les continents. Ils ont été choisi selon des critères où, d’après les organisateurs « le parcours académique, la façon innovante de penser et l’identification à l’objectif de notre mission ont été pris en compte »
Leur cahier des charges leur demande de créer des solutions selon l’une des trois catégories suivantes : L’intégration sociale, c’est à dire trouver des moyens qui font appel à la solidarité en restaurant une pensée tournée vers les valeurs humaines, en les appliquant dans un monde de plus en plus tourné vers le numérique. Le dialogue interreligieux, autrement dit soutenir des initiatives de communication ouverte entre les personnes et les organisations d’obédiences diverses, en vue de créer une compréhension mutuelle et une coopération constructive. Et enfin sur la question des réfugiés, il s’agit, de renforcer, soutenir, mobiliser les aides destinées aux migrants, afin de les assister dans leur relocalisation et leur intégration.
Quels objectifs pour les participants du VHacks ?
Kevin McKee estime que les participants à VHacks pourraient ainsi développer des solutions à l’exemple de cette application pour iPad qui calcule automatiquement combien de nourriture est nécessaire pour un nombre précis de migrants dans un camp. Ou bien, dans la catégorie du dialogue interreligieux, l’élaboration d’une interface où des personnes issues de religions différentes peuvent échanger en ligne en postant des petites vidéos.
« Trouver de telles idées a demandé un grand effort de créativité » dit-il. « Il faut que vous ayez la connaissance du contexte… Si vous ne savez rien au sujet des réfugiés, vous préparez mal votre futur succès… Si vous avez une flopée de génies informatiques à la recherche d’une solution pour le dialogue interreligieux, mais qu’ils n’ont aucune notion de la religion et de la foi, qu’ils ne savent pas à quel point c’est un enjeu important sur tous les continents, alors la solution trouvée sera probablement mauvaise, même si elle promet des merveilles. » Forts de ces conseils, les 120 hackers du Pape sont dans les starting-blocks.
Pour plus d’informations au sujet de l’événement, vous pouvez vous rendre sur la page Facebook de Vhacks, ou Instagram ou encore Twitter.