Solidarauto 37, un garage solidaire, va ouvrir ses portes au printemps à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). Soutenu par le Secours Catholique, son objectif est de permettre aux personnes en situation de précarité d’accéder à la mobilité en achetant un véhicule ou en réparant le leur à prix réduit. Initiative. « Sans argent, la mobilité devient impossible. Et sans mobilité, on n’a plus accès à grand-chose. » Calme et direct, Guillaume Florenson, directeur de Solidarauto 37, pose un regard lucide sur le phénomène de paupérisation et la lente marche vers l’exclusion. Une spirale qui peut pourtant être enrayée… à condition de savoir où et à qui s’adresser.
Il y a près de huit ans, en 2010, le Secours catholique a lancé son premier garage solidaire, baptisé Solidarauto, à Angers. L’objectif : « Permettre à tous de se déplacer malgré des difficultés financières afin de pouvoir trouver du travail ou garder son emploi, se former, se soigner, choisir son logement ou emmener ses enfants à l’école et atteindre ainsi l’autonomie économique et sociale. » “Notre agence immobilière sociale comme ces garages solidaires sont de nouvelles structures qui cherchent à répondre à des enjeux anciens avec des solutions différentes”, souligne Daniel Verger, responsable du Pôle action et plaidoyer au Secours catholique. “L’absence de véhicule est un obstacle très fort en terme d’emploi, de formation et d’accès aux droits”, indique-t-il.
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Après Grenoble en 2013, Rouen en 2015 et Clermont-Ferrand en 2017, c’est au tour de Joué-lès-Tours, près de Tours, de se doter d’un garage solidaire. « Solidarauto est un label du Secours catholique. Il y a une charte éthique commune à tous les garages », détaille Guillaume Florenson. “Le besoin existe un peu partout mais il faut trouver des personnes prêtes à s’investir. Solidarauto c’est avant tout la rencontre d’acteurs qui ont envie et sont prêts à porter ce projet ensemble. L’approche du Secours catholique est ainsi de repérer, d’accompagner et de soutenir ces acteurs autour de projets de mobilité”, rappelle Daniel Verger.
L’idée de l’ouverture de ce garage solidaire à Joué-lès-Tours est née en 2016 et fédère autour d’elle des associations et collectivités telles que le Secours Catholique d’Indre-et-Loire et le Centre Communal d’Action Social de Veigné mais aussi la fondation PSA, Eiffage et Michelin développement. Côté financement, une campagne de crowdfunding a également été lancée sur Ulule.
Concrètement, le principe de Solidarauto 37 est de « récupérer des voitures auprès des particuliers, entreprises et collectivités locales sous forme de don et en contrepartie d’un reçu fiscal, les remettre en état et les revendre à des personnes en situation de précarité », indique Guillaume Florenson. « Il sera également possible d’y réparer son véhicule, comme dans un garage classique, à la différence que ces prestations seront effectuées à un tarif préférentiel ».
Contribuer à la réussite collective autrement
Mais le directeur insiste : « Il ne s’agit absolument pas de concurrencer les garages existants mais de permettre à des personnes de facto exclues des garages classiques de pouvoir quand même accéder à l’achat d’un véhicule. Nous nous adressons exclusivement à des personnes ayant un coefficient familiale inférieur à 770 euros ou étant prescrit par un acteur social », rappelle-t-il.
À terme, d’ici deux-trois ans, Guillaume Florenson prévoit « de vendre 100 voitures par an et d’en réparer 1 000 par an ». « Il faut éveiller et éduquer les consciences sur le fait qu’il est possible de consommer différemment et que l’on peut contribuer à la réussite collective autrement ».