Depuis 1932, la Passion du Christ rassemble chaque année entre mars et avril un public fidèle et nombreux au théâtre de Ménilmontant.86 ans que cela dure. Tous les ans, une troupe rejoue fidèlement le procès et la mort du Christ au théâtre du Ménilmontant. À l’origine, des prêtres salésiens en charge du patronage de Ménilmontant. Successeurs du prêtre-saltimbanque Don Bosco, ils héritent aussi de sa fibre artistique, et souhaite mettre la mettre au service de leur mission. Aussitôt dit, aussitôt fait : des ateliers artistiques, théâtre, danse, voient le jour et attirent enfants et jeunes gens du quartier. Mettre en scène le récit de la passion du Christ, c’est l’objectif de ces Hommes de Dieu, qui n’hésitent pas à construire un théâtre pour l’occasion. Surplombé d’une chapelle aujourd’hui désacralisée, ce théâtre de patronage abrite depuis 86 ans la Passion.
Les premières représentations ont lieu en 1932. Les acteurs sont des habitants du quartier, et d’année en année, jouer dans la Passion devient une tradition pour un certain nombre de familles. Hugues Bacigalupo, sur les planches de la Passion depuis ses cinq ans et metteur en scène depuis quatre ans, a vu son grand-père être Jésus, et voit aujourd’hui son fils d’un an et demi faire partie de la troupe. “J’ai grandi avec la passion à Ménilmontant”, nous confie-t-il.
“Jésus change à peu près tous les quatre ans”
La pièce s’ouvre sur le récit de la Résurrection du Christ, à partir duquel on remonte le temps. “Le problème c’est qu’on ne peut pas changer la fin, tout le monde la connaît”, déplore dans un sourire Hugues Bacigalupo. Cela n’empêche pas à la troupe de donner au spectacle des tonalités différentes d’une année sur l’autre. Autour d’un noyau fixe d’une vingtaine d’acteurs, les rôles s’échangent, se modifient, “Jésus change à peu près tous les quatre ans”, des tableaux figés en son et lumières remplacent par moment le jeu d’acteur.
Aujourd’hui, “la pièce est avant tout un spectacle” rappelle le metteur en scène. Des croyants mais aussi des musulmans et des bouddhistes ont déjà pris part à cette “aventure humaine” qui rassemble une équipe de quatre-vingt personnes en tout. Si le récit de la Cène, du procès et de la mort du Christ est d’abord un témoignage historique, les acteurs ne laissent pas pour autant les spectateurs repartir avec un l’image d’un Jésus crucifié sans espérance en tête. Certes, le spectacle se termine sur sa mort, mais lors du salut, entouré des autres acteurs, Jésus revient pose une question à l’assemblée. “Et vous, qui pensez-vous que je suis ?”. Applaudissements. Rideaux.
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Fidèles à cette tradition qui transcende les générations, trente-cinq comédiens dirigés par Claire Richardet et Hugues Bacigalupo se produiront sur la scène du théâtre de Ménilmontant, du 10 mars au 15 avril 2018. Étudiants, commerçants, ouvriers, pratiquants ou non, ils représenteront la passion du Christ, sur une musique de René Aubry, vêtus de costumes d’époque biblique. Trahison, repentir, promesses et reniements, amour, haine, manœuvres politiques de l’époque du Jésus jaillissent à travers des dialogues saisissants d’humanité et d’actualité.