Puissant et ressourçant, No mercy in this land est le nouvel album du chanteur à la voix soul et rock, profonde et réconfortante. Il s’est joint à Charlie Musselwhite, qui l’accompagne d’un harmonica parfois proche d’une guitare électrique digne du blues, pour nous faire voyager dans de vastes contrées. Ben Harper s’y pose aussi des questions spirituelles et à ceux qui l’écoutent…L’album sort le 30 mars, la veille du week-end de Pâques et le jour même du vendredi saint, comme un signe tangible de sa foi. Le chanteur et compositeur s’interroge dans ce quatorzième album sur l’existence, l’amour, la confiance et la rédemption à travers de nouveaux textes presque philosophiques. Il avait déjà composé avec Charlie Musselwhite, parfois accompagné de sa voix de bluesman, pour l’album Get up! (2013), dont la chanson “I’m in I’m out and I’m gone” évoque son fardeau, ses prières et les paroles d’un prédicateur.
Un chanteur proche de Dieu
L’artiste américain de 48 ans n’en est pas à ses premières évocations spirituelles, d’ailleurs plus effacées ici que par le passé. À travers une grande diversité de styles musicaux, du reggae au blues plus rassurant, du rock au simple folk, parfois avec des accents gospel, nombreux sont ses titres ouvertement religieux. Les plus connus sont Amen Omen, Picture of Jesus, Jah Work ou encore Power of the Gospel, des odes à la foi imprégnés de son intériorité, qui donnent même envie de prier.
Dans God fearing man de l’album “Fight for your mind” (1995), il dit être un homme craignant Dieu, expression qui signifie être un homme très croyant. Il y interpelle les hommes et ses proches de réfléchir à leur chemin dans cette perspective de croyant et termine par dire : “Lorsque je me lève avec le soleil levant, je remercie mon Dieu du cadeau d’un autre. Et lorsque ma journée est terminée et accomplie je m’élève vers mon Dieu pour me remettre sur pieds“. Il n’a pas oublié la mère de Dieu, puisqu’il ne marche pas seul grâce à “Mother Mary“ dans I shall not walk alone.
No mercy in this land : un regard lucide sur le monde
La composition musicale, très empreinte de l’univers folk et blues américain, s’harmonise autour de la voix si singulière et profonde de l’artiste, dont la sincérité est soutenue par la mélodie pleine d’âme de l’harmonica du gentleman du blues Charlie Musselwhite. Au-delà d’un homme de foi, ses mots sont ceux d’un être profondément humaniste. Deux titres se distinguent particulièrement dans cet album de blues : No mercy in this land et Love and Trust.
Dans la première chanson, Ben Harper commence en chantant : “Quelle serait la première chose que tu dirais au Seigneur et la dernière chose à laquelle tu rêverais si tu ne pouvais plus rêver, ne vas-tu pas m’aider à comprendre, il n’y a pas de pitié sur cette terre”, il y évoque aussi “les justes et les misérables”, “les saints et les damnés”, dans un vocabulaire marqué par la religion. Le duo l’a chantée pour la première fois en France, sur le plateau de C à vous, le 14 février dernier, devant Christian Clavier et d’autres personnalités.
Dans la seconde, un texte magnifique interroge la manière de chercher l’amour et la confiance tout au long de sa vie, pour lesquelles il annonce d’emblée très justement : “Les choses les plus simples peuvent être les plus difficiles à faire”. Pour tenter d’être un guide, il donne alors quelques petits conseils : “Fais ce que tu peux faire et ce que tu dois”, “tout le monde pleure pour un peu d’amour et de confiance”, “regardez-moi essayant de trouver ici un peu d’amour et de confiance” ; en plus de sa vision du monde : “la concupiscence n’est pas rien (…) mais te laisse tremblant comme une feuille, tempête après tempête”,”ils disent que les coeurs brisés font tourner le monde, mais le commerce des maux de tête dûs aux chagrins d’amour va te faire tomber, donne à cela du temps et n’essaie pas de te précipiter quand tu essayes de trouver toi-même un peu d’amour et de confiance”, “maintenant nous sommes en train de combattre au sujet de l’amour et de la confiance, fais tout ce que tu peux et espère juste que c’est suffisant”.
Le dernier conseil est sans doute d’écouter ou de réécouter cet artiste plein d’énergie et de lumière.