Instauré sous la Rome antique pour fêter la renaissance de la nature, les chrétiens ont pérennisé le Mardi gras, devenu au fil des siècles une fête populaire, mais qui rappelons-le n’est pas inscrite dans le calendrier liturgique. Fixé à la veille de l’entrée en Carême, le Mardi gras se présente comme le dernier jour de répit avant une longue période de jeûne et de prière.
Du paganisme au christianisme
Sous l’Empire romain, l’année commençait en mars, mois du réveil de la terre après la période hivernale. Mais selon les païens, pour qu’il y ait une période de renouveau, il était nécessaire qu’il y ait le chaos — représenté par une joute — où l’hiver devait être vaincu pour céder sa place au printemps. Au fil du temps, les joutes ont été remplacées par des cortèges et l’hiver, vaincu, par un personnage. Confectionné en bois ou en paille, de taille imposante et portant une couronne et les attributs royaux, le personnage était transporté sur un char fleuri avant d’être joyeusement brûlé à la fin du défilé. C’est la naissance du carnaval tel que nous le connaissons.
De cette fête, les chrétiens se sont réappropriés ce jour qui, coïncidence du calendrier, correspond à la période autour du Mercredi des cendres. Avant l’austérité du Carême, ce jour célèbre la joie et l’abondance. Le terme "gras" est utilisé en référence aux aliments riches, proscrit autrefois durant les 40 jours de pénitence, comme la viande, le beurre et le sucre. Alors pour écouler les stocks de nourriture, pouvant se perdre d’ici Pâques, la tradition veut que l’on confectionne des gâteaux, des crêpes ou des beignets.
Du renouveau à l’inversion
Le carnaval s’impose comme l’événement majeur de cette journée du Mardi gras. Il apparaît d’abord dans les villes autonomes d’Italie, comme à Venise au XIe siècle. Les masques apparaissent au XIIIe siècle, renforçant le sentiment d’anonymat et permettant certaines outrances, comme l’inversion des rôles sociaux. L’espace d’une journée, les esclaves se comportent comme leurs maîtres et les maîtres servent leurs esclaves. De son côté, l’Église, après avoir réprouvé le carnaval, a fini par le tolérer, y voyant un exutoire pour la population, lui permettant ainsi de respecter les règles tout le reste de l’année.
De l’Italie, la tradition du carnaval s’est propagé un peu partout en Europe, gagnant Cadix, Nice, Nazaré, Binche ou Cologne avant de traverser l’Océan et de s’imposer à Rio de Janeiro ou à la Nouvelle-Orléans.