Alors que le bureau de l’Assemblée nationale vient d’interdire le port de signes religieux ostensibles par les députés dans l’hémicycle, la rédaction d’Aleteia s’est penchée sur la place des prêtres dans la vie politique. Décryptage. L’image de l’abbé Pierre entrant au Palais Bourbon a marqué les esprits… au point, parfois, d’entretenir un flou sur l’engagement des prêtres en politique. Aux yeux de la loi l’ecclésiastique est un citoyen comme un autre et devrait pouvoir, à ce titre, se présenter à une élection. “C’est une question que beaucoup de gens se posent, souligne le père Stalla-Bourdillon, aumônier des parlementaires et directeur du service pastoral d’études politiques (SPEP). La réponse se trouve dans le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres édité par la Congrégation pour le clergé en 1994.”
Une mission d’ordre spirituelle et sociale
Et la réponse est claire : “Le prêtre, serviteur de l’Église, qui par son universalité et sa catholicité ne peut se lier à aucune contingence historique, se tiendra au-dessus de tout parti politique. Il ne peut pas prendre une part active dans des partis politiques ou dans la direction d’associations syndicales”. En effet, “ces fonctions, tout en étant bonnes en elles-mêmes, sont toutefois étrangères à l’état clérical, puisqu’elles peuvent constituer un grave danger de rupture de la communion ecclésiale”. “Le prêtre est un citoyen mais, de par son ordination, il incarne autre chose, détaille le père Stalla-Bourdillon. Sa mission est d’ordre spirituelle et sociale et sort de l’engagement politique”.
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Dans un contexte particulier, “si les circonstances l’exigent” il peut arriver qu’un ecclésiastique “soit autorisé par sa hiérarchie à remplir des fonctions électives”, rappelle l’aumônier des parlementaires. Le document précise qu’il peut prendre un engagement politique si “d’après le jugement de l’autorité ecclésiastique compétente, la défense des droits de l’Église et la promotion du bien commun le requièrent”.
Les pasteurs ont le droit et le devoir d’exprimer des principes moraux qui gouvernent la vie sociale
L’ecclésiastique a-t-il vocation à prendre part à la vie politique ? “Oui, en éclairant les consciences, assure le père Stalla-Bourdillon. Les pasteurs ont le droit et le devoir d’exprimer des principes moraux qui gouvernent la vie sociale.” Mais comme le précise le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, “le prêtre se souviendra “qu’il n’appartient pas aux Pasteurs de l’Église d’intervenir directement dans la construction politique et dans l’organisation de la vie sociale. Cette tâche fait partie de la vocation des fidèles laïcs, agissant de leur propre initiative avec leurs concitoyens””.
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Créé en 1992 par le cardinal Lustiger, alors archevêque de Paris, le SPEP constitue une présence de l’Église pour les responsables politiques qui le souhaitent. Diriger ce service, c’est la mission qu’a confié le diocèse de Paris au père Stalla-Bourdillon depuis bientôt six ans. “Cette mission est une manière de s’impliquer dans la vie politique. Il s’agit d’accompagner les parlementaires qui le désirent, de les éclairer et de leur offrir des occasions d’apprécier la vie spirituelle”.