Dans nos sociétés la tendresse est trop souvent dévalorisée au profit de la dureté, supposée garantir une meilleure réussite. Etre tendre serait une faiblesse, là où le Christ nous montre par son exemple qu'ouvrir ses bras à l'autre est au contraire d'un grand courage.
La tendresse, qui est d'offrir l'amour de Dieu, est un profond besoin de l'homme. Car par la tendresse que nous prodiguons à autrui – mais aussi à nous-même – nous imitions Dieu. Donner et recevoir, l'amour de l'homme pour son prochain est un partage de l'amour de Dieu.
Depuis son élection, François n'a cessé d'appeler les fidèles à la tendresse. Il a commencé dans son exhortation apostolique La joie de l'Evangile. On le voit depuis embrasser ceux qui viennent le voir et descendre dans la foule pour se laisser toucher.
Il n'y a pas de tiédeur possible face à la tendresse
Car la tendresse passe aussi par le contact physique. Il y quelque chose d'un corps-à-corps dans la tendresse : avec l'autre pour l'aimer toujours mieux et davantage, avec soi-même pour repousser la tentation de repli qui nous habite.
L'essence de la tendresse est d'amour pur. La preuve en est qu'il n'y a pas de tiédeur possible face à la tendresse : on la reçoit ou on la rejette. Le rejet est celui d'un cœur qui n'est pas encore prêt à recevoir l'amour de Dieu. Car face à Dieu, il n'y a pas de demi-mesure possible.
Accepter de recevoir la tendresse n'est pas chose facile. Cela nécessite un certain renoncement à soi-même. Accepter la tendresse de Dieu c'est remettre son cœur entre Ses mains et consentir à se laisser façonner un cœur de chair. "J'enlèverai de leur chair le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair" (livre d'Ezéchiel).
Une révolution avant tout intérieure
La tendresse suppose d'avoir le courage de transformer la peur de l'autre en confiance. "N'ayez pas peur", avait lancé Jean Paul II place Saint-Pierre après son élection. La révolution doit d'abord s'opérer à l'intérieur de nous-même. Refuser d'avoir peur de l'autre et refuser d'avoir peur de la tendresse. Cette double transformation permet d'offrir sa tendresse à l'autre.
Dans l'épître aux Colossiens, saint Paul appelle les chrétiens à se revêtir de la tendresse comme d'un manteau. Loin d'être une faiblesse, le manteau de tendresse doit être la cuirasse du chrétien pour aller dans le monde.
La tendresse de Dieu de Ludovic Frère. Éditions Artège, 2015, 240 pages, 15,90 euros.
Cet article a été publié le 31 janvier 2016 et mis à jour le 18 janvier 2018.