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Le patronage, un exemple d’engagement politique et d’unité

L'abbé Chouanard avec les enfants du patronage.

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Louise Alméras - publié le 30/12/17
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C’est sa passion de l’éducation et de sa vocation qui ont convaincu l’abbé Chouanard de relancer il y a deux ans un patronage dans sa paroisse du XXe arrondissement de Paris, et à transmettre à son tour ce qu’il a reçu pour construire sa vie d’homme. “On peut s’étonner de proposer à nouveau un type d’œuvre qui a quasiment disparu du paysage ecclésial après 1968”, reconnait l’abbé Simon Chouanard. Mais selon lui, “chez les chrétiens occidentaux, la volonté d’être le levain dans la pâte du monde, a entraîné l’abandon des œuvres propres, qui étaient en quelque sorte une pâte fait maison. Le résultat fut catastrophique : le contact avec les milieux populaires a été en grande partie perdu. Nous avons simplement lâché la proie pour l’ombre. Devant cet échec, humblement, il faut repartir en étant un peu plus incarnés : en ne bornant pas notre action à un illusoire saupoudrage, mais en produisant non seulement le levain mais à nouveau la pâte !”, assène-t-il.

Par quels moyens ? “Dans le domaine éducatif, en (re)créant nous-mêmes des centres éducatifs où les loisirs, où le sport et la culture sont pratiqués dans un certain esprit. Nous avons ouvert à la Porte de Bagnolet en octobre 2016… nous avions plus de 140 inscrits en juin, signe patent que les familles de nos quartiers non seulement accueillent, mais attendent ce service de l’Église”, explique-t-il.


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“Pour autant le patronage du XXIe siècle doit être réinventé. Le contexte a profondément changé et en premier lieu la disparition de l’humus chrétien. Lorsque saint Jean-Marie Vianney arrive à Ars le feu s’est éteint, mais il y a tout de même quelques braises sous la cendre. Avec le génie qu’on sait, il ranime une paroisse, mais il ne la crée pas. Aujourd’hui, la France compte de larges zones sans plus de braises du tout, soit qu’elles se sont éteintes, soit qu’elles ont été remplacées par des matières a priori ininflammables ! Le travail est donc très différent”, constate l’aumônier.

Le contexte a changé

“Par exemple, si les patros du siècle dernier avaient pour devise “ici on joue, ici on prie” pas sûr que ce soit la meilleure accroche à l’entrée du patro, aujourd’hui. Pour pouvoir s’inscrire dans le prolongement du catéchisme ou en être le sas, les temps imposent aux patronages contemporains d’aménager en premier lieu un terrain culturel commun, parce que celui-ci a disparu”. L’aumônier du patronage est convaincu de la valeur de cette formule moderne, qui a pourtant un accent universel et une vocation pérenne grâce à la devise choisie : “À tous un seul cœur”. Elle constitue le point de départ et d’arrivée de l’ambition de fraternité entre tous.


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Entre milieu populaire et multiculturalisme, le patronage se confronte à une diversité avec laquelle il faut composer et au sein de laquelle il faut susciter un ferment d’unité, tout en la respectant. Pour autant, “l’inspiration catholique de notre œuvre ne fait de doute pour personne, même s’il faut du temps pour faire admettre que l’ouverture totale, aux jeunes de toutes confessions, ne relève pas d’une contradiction ou d’une exception, mais d’une profonde cohérence avec l’Évangile”, assure-t-il. “Faut-il rappeler que catholique signifie entre autres destiné à tous ? L’année dernière, plus d’un tiers des inscrits étaient de tradition musulmane. Beaucoup m’ont avoué ignorer jusqu’ici qu’il pouvait exister d’autres jeunes qu’eux, croyants en Dieu. Beaucoup d’a priori tombent ici”.

La découverte de notre héritage commun

« Mais revenons à cette priorité du terrain culturel commun : avant de pouvoir désigner, un jour et plus directement, la patrie spirituelle du Ciel et le chemin qui y conduit, le Christ Jésus, unique sauveur des hommes, prendre le temps de célébrer ce qui nous rassemble “en attendant”, cette patrie charnelle commune, la France n’est pas un détour inutile. La découverte de notre héritage commun est une étape nécessaire, précisément parce qu’elle nous place à égalité, comme “fils de France”. Comme on aimerait que l’école assume cette mission ! Je ne vois pas pourquoi un musulman ne devrait pas connaître la vie de saint Martin ou savoir chanter nos bon vieux chants scouts ! Je constate qu’ils sont au contraire très touchés quand je leur explique que cet héritage est aussi le leur.”



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En bref, les patronages ont été et pourraient redevenir des lieux d’intégration extraordinaire pour notre pays ; et en même temps, l’intégration culturelle est assurément un vecteur apostolique pour l’Église. Tout le monde est donc gagnant ! “Le patronage a aujourd’hui une vraie fonction sociale pour la fraternité, la vie sociale des quartiers et la transmission culturelle, un moyen d’action simple au service des valeurs oubliées par la République et à contre-courant d’une société divisée et qui divise.”

Lieu d’unité et de rassemblement

L’apprentissage de la liberté intérieure, du respect et de la conscience est aussi au cœur de l’enseignement proposé, les jeunes “aiment la liberté”, confie-t-il, “de toute façon le cœur de l’homme est fait pour cela”. C’est à travers leur acquis qu’un véritable sentiment d’appartenance peut émerger, car seul un homme libre et conscient peut choisir, et ce n’est pas en fuyant la réalité d’une identité qu’on peut la faire exister et durer. Sauf si la citoyenneté se pare d’autres devoirs que celui de reconnaître le pays dont elle est issue et tributaire, favorisant alors les frontières, les îlots, sans ponts à mettre entre eux pour pouvoir véritablement se comprendre.


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Lieu d’unité donc, et de rassemblement surtout, le patronage a de beaux jours devant lui car il semble bien qu’il soit une œuvre d’avenir. Le 18 novembre dernier, l’association Ichtus, qui promeut une culture de l’engagement, au service de la cité et dans la ligne de la Doctrine sociale de l’Église, organisait un colloque pour parler de l’avenir du politique. L’abbé Chouanard en était, pour participer au débat loin des propos idéologiques et déconnectés du réel, au service de l’unité nationale et de la République. Comme le rappelait le pape Benoît XVI, “le devoir immédiat d’agir pour un ordre juste dans la société est le propre des fidèles laïcs ; en tant que citoyens de l’État, ils sont appelés à participer personnellement à la vie publique pour (…) promouvoir le bien commun”.

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