Edmond Prochain a publié en octobre dernier une suite à ses « Antisèches cathos pour ceux qui ont séché le caté ». Voici quelques anecdotes qui ont trait au catholicisme et à la foi en général qui vous permettront de passer pour un érudit lors des retrouvailles familiales Trois ans après le premier volet, Edmond Prochain publie chez les éditions Mame des Nouvelles antisèches cathos pour briller en société. « Encore meilleur que le premier » assure avec humour son auteur, le livre compile 181 anecdotes ou informations très pointues sur le catholicisme, ou plus largement le christianisme, très intéressantes et trop méconnues, le tout présenté de manière ludique. Nous en avons sélectionné dix pour vous.
Ces encycliques qui échappent au latin
Traditionnellement dans l’Église catholique, le texte o ciel des encycliques est en latin, et les premiers mots servent de titre : Quanta Cura1, Rerum Novarum2, Pacem in Terris3, Humanae Vitae4, Centesimus Annus5, Caritas in Veritate6, etc. Il existe pourtant quelques exceptions notables, parmi lesquelles :
- Au milieu des sollicitudes (Léon XIII, 1892) : publiée en français, sur le Ralliement des catholiques à la République ;
- Une fois encore (Pie X, 1907) : publiée en français, sur la séparation des Églises et de l’État ;
- Non abbiamo bisogno (« Nous n’avons pas besoin », Pie XI, 1931) : publiée en italien, condamnation du fascisme ;
- Mit brennender Sorge (« Avec une brûlante inquiétude », Pie XI, 1937) : publiée en allemand, condamnation du nazisme.
Mais on peut également citer, en français : Depuis le jour (Léon XIII), Notre charge apostolique (Pie X), Le Pèlerinage de Lourdes (Pie XII) ; en italien : Dall’alto dell’Apos- tolico Seggio, Custodi di quella Fede, ou encore Fin dal Principio (Léon XIII).
Petit piège : le titre de l’encyclique du pape François, Laudato Si’ (« Loué sois-tu »), n’est pas en latin, ni en italien… Cette formule est en dialecte ombrien médiéval, elle est tirée du Cantique des créatures de saint François d’Assise. Mais le texte o ciel du document, lui, est bien en latin.
1 Pie IX. 2 Léon XIII. 3 Jean XXIII.
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Ces saints locaux… qui n’existent pas
Comme de nombreuses communes françaises, elles portent le nom d’un saint. Et pourtant, le leur n’est pas reconnu par l’Église… puisqu’il n’a jamais existé ! C’est que leur patronage imaginaire résulte en réalité d’une simple cacogra- phie : leur nom, mal compris, a été mal orthographié.
Parmi eux :
- Saint-Arnac (Pyrénées-Orientales) : Centernac
- Saint-Boès (Pyrénées-Atlantiques) : Sembuès
- Saint-Dos (Pyrénées-Atlantiques) : Sendòs
- Saint-Fons (Rhône) : Centum/ Sanos Fontes ?
- Saint-Gourson (Charente) : Sergiuntus (-onem)
- Saint-Igny-de-Vers (Rhône) : Sentiniacum
- Saint-Inglevert (Pas-de-Calais) : Santingeveld
- Saint-Sauflieu (Somme) : Sessoliu
- Sainte-Engrâce (Pyrénées-Atl.) : Sancta Gracia
Liste à laquelle il faudrait ajouter Saint-Lys (Haute-Garonne), référence trans- parente à la fleur de lys (donc aux rois de France), canonisée pour l’occasion. De même, le quartier marseillais de Saint-Tronc n’est pas dédié à un homme mal nommé, mais simplement un dérivé du latin centro.
D’autres saints existent bel et bien, mais demeurent cachés derrière une graphie approximative de leur nom. Ainsi :
- Saint-Barbant (Haute-Vienne) : Sainte Barbe (en Poitou)
- Saint-Chély (Aveyron) : Saint Éloi
- Saint-Chamas (Bouches-du-Rh.) : Saint Amans
- Saint-Chamond (Loire) : Saint Ennemond ?
- Saint-Chinian (Hérault) : Saint Aignan
- Saint-Goin (Pyrénées-Atl.) : Saint Gaudence ?
- Saint-Merd (Creuse) : Saint Médard
- Sainte-Olive (Ain) : Saint Illog
- Saint-Palais (Pyrénées-Atl.) : Saint Pélage
- Saint-Romphaire (Normandie) : Saint Romacaire (Macaire ?)
- Saint-Sauvant (Vienne) : Saint Sylvain*
* Il est possible toutefois que le nom renvoie davantage au dieu des forêts qu’à un véritable saint catholique… Voir aussi : 23, 43.
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Comment les papes ont été « renommés »
Longtemps les papes élus ont gardé leur prénom (d’où le grand nombre de noms jamais repris au début de la liste), sans se poser spécialement de question. Il fallut attendre l’élection de Mercurius, en 533, pour que le premier changement de nom ait lieu : plutôt que de s’appeler comme un dieu païen (Mercure), il choisit de devenir Jean II.
C’est plus ou moins la même raison qui conduisit en 955 Octavien – non pas le nom d’un dieu, mais d’un empereur, cette fois – à s’appeler Jean XII. Autre motif : c’est pour ne pas porter le nom du premier pape que Pierre Campanora choisit de devenir Jean XIV en 983.
Par la suite, la volonté de conserver des prénoms latins (et non germaniques, par exemple) et le symbole que représentait le changement de nom prévalurent, et celui-ci devint une tradition. Seuls deux papes rent exception à la règle : Adrien Florensz en 1522 (Adrien VI) et Marcello Cervini en 1555 (Marcel II).
Événements survenus un 25 décembre (Noël)
- 354 : date de la Nativité du Christ fixée au 25 décembre
- 499 (?) : baptême de Clovis
- 537 : inauguration de la basilique Sainte-Sophie (à Constantinople)
- 800 : couronnement de Charlemagne empereur d’Occident par Léon III 1066 : couronnement de Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre
- 1559 : élection du pape Pie IV 1914 : trêve de Noël dans les tranchées
- 1920 : Congrès de Tours (où naîtra le futur Parti communiste français)
- 1991 : Mikhaïl Gorbatchev démissionne
Quelques personnalités nées un 25 décembre :
Isaac Newton (1642*-1727), Clara Barton (1821-1912), Alexandre Scriabine (1871-1915), Humphrey Bogart (1899-1957), Cab Calloway (1907-1994), Louise Bourgeois (1911-2010), René Girard (1923-2015), Ingrid Betancourt (1961-)…
Quelques personnalités décédées un 25 décembre :
Gaston Gallimard (1881-1975), Charlie Chaplin (1889-1977), Emmanuel Levinas (1906-1995), Dean Martin (1917-1995), James Brown (1933-2006)…
* Selon le calendrier julien. Dans le calendrier grégorien, la date correspond en fait au 4 janvier 1643.
Quand Dieu donne un nouveau nom
Plusieurs personnages reçoivent un nouveau nom dans la Bible, mais seulement quelques-uns ont l’honneur d’être renommés directement par Dieu :
Abram : Abraham (« père d’une multitude ») Gn 17, 5
Saraï : Sara (« princesse ») Gn 17, 15
Jacob : Israël (« Dieu lutte ») Gn 32, 29
Simon : Kèphas / Pierre (« pierre ») Jn 1, 42
À cette liste, on peut ajouter au moins deux surnoms donnés directement par Dieu, mais qui ne semblent pas avoir remplacé les anciens noms :
Salomon : Yedidya (« aimé de Dieu ») 2 S 12, 25
Jacques et Jean : Boanerguès (« fil-ls du tonnerre ») Mc 3, 17
Signification de quelques prénoms bibliques
- Abraham: Père d’une multitude
- Adam : Terreux
- Anne : Pleine de grâce
- Baruch : Béni
- Benjamin : Fils de la félicité
- Dalila : Coquette
- Daniel : Dieu a jugé
- David : Bien-aimé
- Deborah : Abeille
- Élie : Le Seigneur est mon Dieu
- Emmanuel : Dieu est avec nous
- Esther : Étoile, discrète
- Ève : Vie
- Ezra : Secours
- Ézéchiel : Dieu fortifie
- Gabriel : Force de Dieu
- Isaac : Il rira
- Isaïe : Dieu est le Salut
- Jacob : Celui qui talonne
- Jean : Dieu fait grâce
- Jérémie : Dieu élèvera
- Jésus : Dieu sauve
- Jonathan : Le Seigneur a donné
- Joseph: Dieu ajoute
- Judas/Jude : Je louerai/Juif
- Judith : (même racine)
- Lazare : Dieu a aidé
- Léa : Fatiguée/Qui donne
- Marie/Myriam : Celle qui élève
- Matthieu : Don du Seigneur
- Michel : Qui est comme Dieu ?
- Moïse : Sauvé des eaux
- Nathanaël : Dieu a donné
- Paul : Petit
- Rachel : Brebis
- Raphaël : Dieu guérit
- Rebecca : Qui prend au piège
- Ruben : C’est un fils
- Ruth : Amie
- Salomé : Paisible, pacifique
- Salomon : (même racine)
- Samuel : Dieu a entendu
- Sarah : Princesse
- Simon : Celui qui entend
- Thomas : Jumeau
- Zacharie : Dieu s’est souvenu
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Pourquoi ne dit-on pas « le pape François Ier » ?
Ce fut le grand cafouillage après l’élection de Jorge Bergoglio : de nombreux journaux l’appelèrent d’abord François Ier , avant que le Vatican ne précise qu’il fallait se priver du numéro. La raison est simple : tant qu’il n’y a pas de second pape François (François II, donc, essayez de suivre), il n’y a aucune raison de chercher à le distinguer de cet hypothétique successeur. Ainsi, dans la liste officielle des papes, ceux dont le nom est unique (Pierre, Lin, Anaclet, Évariste, Télesphore, Hygin, Anicet, Sôter, Éleuthère, Zéphyrin, Pontien, Antère, Fabien, Corneille, Denys, Euthychien, Caïus, Marcellin, Eusèbe, Miltiade, Marc, Libère, Sirice, Zosime, Hilaire, Simplice, Symmaque, Hormisdas, Silvère, Vigile, Sabinien, Séverin, Vitalien, Donus, Agathon, Conon, Sisinnius, Constantin, Zacharie, Valentin, Formose, Romain et Landon*) ne s’appellent jamais « Ier ». Il y eut pourtant une exception, assez récente – et permettant du même coup d’expliquer la confusion autour de François –, car Jean Paul Ier fut bel et bien appelé « Ier » durant tout son ponticat… de 33 jours. Était-ce une erreur ou une façon de souligner qu’il reprenait en fait deux noms de papes (Jean et Paul, donc) en les reliant d’une manière inédite ?
Reste une question amusante : le nom de François Ier étant surtout connu pour être celui d’un roi de France, l’élection d’un éventuel François II conduira-t- elle vraiment à cesser de parler du « pape François » ? Il faudra certainement attendre quelques années pour le savoir…
* Quand on vous dit que cet ouvrage est très sérieux et exhaustif !
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L’autre Deschamps du football français
Une croix de Malte au centre d’un blason bleu marial en guise d’emblème, un stade qui porte le nom d’un prêtre… difficile pour l’AJ Auxerre de renier ses origines : l’association de jeunesse (« AJ », tiens, tiens !) fondée par l’abbé Ernest Deschamps. C’est en 1905, au moment du vote de la loi de séparation des Églises et de l’État, que le jeune prêtre transforme le patronage de sa paroisse en association où les jeunes peuvent pratiquer des activités sportives, et notamment le football dont la popularité ira grandissante. L’abbé réussira même à obtenir un terrain pour y inaugurer un stade en 1918.
Forte personnalité, très charismatique, il attire beaucoup de jeunes tout en sachant se montrer exigeant avec ceux dont il s’occupe. Décédé en 1949, Ernest Deschamps n’aura pas pu voir les années de gloire de son club de football, notamment dans les décennies 1990-2000 où il remporte quatre fois la Coupe de France et une fois le Championnat de France, sous la direction de l’autre gure fameuse et charismatique de son histoire, un certain Guy Roux…
Jésus contre Jésus
« Qui voulez-vous que je vous relâche, demande Pilate à la foule : Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ? » Tel est le texte de l’évangile selon saint Matthieu (27, 16), du moins dans sa traduction actuelle… car les plus anciens manuscrits ajoutaient une précision qui a ni par être écartée : le prénom du « bandit » emprisonné pour meurtre. Ce prénom ? Rien de moins que Jésus ! Or, ce détail devient encore plus saisissant quand on considère que le surnom Barabbas signi e littéralement en hébreu « fils du père ». La foule se retrouve alors à devoir choisir entre « Jésus le fils du Père » et « Jésus le Christ » (pour ne pas dire « le Fils de l’homme »…). Le récit semble donc introduire un saisissant dilemme théologique, si embarrassant qu’Origène estimera au IIIe siècle, dans son Commentaire sur l’évangile selon Matthieu, que le prénom du bandit n’a pu être ajouté que par des « hérétiques ». Il a donc rapidement été effacé.