Faire avorter est-il une prestation de service comme une autre ?
Sur son site internet, la médecin mettait en valeur "tous les avantages" qu'il y a à pratiquer un avortement, en présentant ses services facturés à la clé. C'est une véritable publicité en faveur de l'avortement qui a été faite, en le présentant de manière légère, comme un service comme un autre pour lequel elle perçoit une rémunération intéressante. C'est en s’appuyant sur le code pénal allemand qui interdit à son article 219a toute promotion de l’avortement à des fins lucratives que le tribunal de Giessen a condamné cette pratique.
Cet événement a déclenché un débat public en Allemagne. Le parti socialiste SPD, le parti libéral FDP et les Verts souhaitent abroger l'interdiction de publicité en faveur de l'avortement. Le parti chrétien-démocrate considère, lui, que cet interdit doit demeurer et qu’un avortement n’équivaut pas à une opération de chirurgie esthétique ou à tout autre service pour lequel on peut faire une publicité. Les évêques ont publiquement soutenu la position du parti chrétien-démocrate.
Les évêques allemands ont réaffirmé publiquement la position de l'Église sur l'avortement
Si pour certains sujets la position de l'Église fait consensus en Allemagne, c'est tout le contraire en ce qui concerne sa position sur l'avortement. C'est un phénomène assez proche de ce qui peut arriver en France. Le site de la conférence des évêques allemands a donc tenu à rappeler le caractère fondamental du droit à la vie au sein de l'enseignement de l'Eglise. Or ce droit à la vie commence dès la conception et ne s'achève qu'avec la mort naturelle. L'avortement apparaît donc comme un acte qui porte atteinte à ce droit à la vie et ne peut être accepté. À fortiori, en faire la publicité revient à faire l'apologie d'un acte gravement contraire à la charité, et en tirer un bénéfice financier, un scandale qu'un État juste à la légitimité de faire cesser.
C'est l'occasion de signaler sur ces questions de bioéthique l'ouvrage du nouvel archevêque de Paris Mgr Aupetit sur l'embryon. Il y conjugue les connaissances du médecin avec celle du théologien pour nous permettre de saisir les enjeux fondamentaux à l'oeuvre dans l'attitude de la société vis-à-vis "des plus faibles d'entre nous".
Une pétition lancée par la médecin
De son côté, la médecin a lancé une pétition en ligne destinée au Parlement allemand. Dans ce document, elle fait référence à « un droit d'information pour les femmes à l'avortement ». Elle y décrit l'article 219a comme obsolète et superflu. On trouve quoiqu'il arrive une approche très différente de celle qui a cours en France, où c'est le fait de proposer des alternatives à l'avortement et d'exprimer clairement les séquelles que peuvent engendrer les avortements qui peut être condamné par la loi.