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Irak : la renaissance de la vie paroissiale

MASS KIRKOUK

Messe à la cathédrale de Kirkouk, en Irak.

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Maxime Dalle - publié le 17/12/17
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À l’approche de Noël, les églises d’Irak retrouvent leur vitalité. Chacune d’elle à son histoire propre. Un reportage depuis l’Irak par Maxime Dalle.

À Bagdad, les catholiques vont prier à la cathédrale Sayidat al-Najat. La même cathédrale qui fut l’objet d’un terrible attentat en octobre 2010. Plus de 58 chrétiens avaient péri dont deux jeunes prêtres qui célébraient la messe. Ce carnage revendiqué par un État islamique naissant, a marqué l’ensemble des chrétiens d’Irak. Le gouvernement avait, en 2012, financé l’intégralité des rénovations, soit dix millions de dollars. Un acte fort pour montrer son soutien à une communauté chrétienne déjà persécutée.


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L’église est aujourd’hui flambant neuve mais la mémoire des victimes reste omniprésente et douloureuse. De grandes bannières à l’effigie des martyrs trônent dans la cathédrale. Un musée a même été inauguré dans la crypte pour se souvenir de ces chrétiens exécutés qui n’avaient d’autres torts que d’assister à l’office. Mgr Youssif Abba, archevêque syriaque nous confie : « Aujourd’hui la cathédrale est protégée par des murs blindés, par des soldats, pour éviter toute intrusion meurtrière. Les paroissiens sont encore sous le choc mais ils restent fidèles. » L’archevêque ne se déplace aujourd’hui qu’en voiture. Il est contraint de vivre dans une enclave surveillée, à l’écart de la population. Par ailleurs, cela ne l’empêche pas de visiter régulièrement ses paroissiens, notamment la communauté des « chrétiens déplacés ».

MASS KIRKOUK

Fraternité en Irak
Dans la cathédrale de Kirkouk, en Irak.

L’église comme épicentre

À quelques kilomètres de la cathédrale, est établi depuis quelques années un camp de réfugiés chrétiens où sont logées quelque 90 familles de la plaine de Ninive. Sur un terrain vague, des suites de bungalows, des générateurs pour garantir une électricité minimale, une vie recluse. Ces chrétiens, traumatisés par Daech, hésitent à rentrer chez eux. Il y a tout d’abord la peur de ne pas retrouver de travail et de découvrir sa maison détruite ou brûlée. Pas facile de quitter cette vie précaire à Bagdad pour tout recommencer, tout reconstruire. Pour éviter de sombrer dans l’oisiveté et la mélancolie; l’église locale, sous l’impulsion de l’évêque, anime le camp par de multiples activités paroissiales.



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Le cœur battant de ce village de fortune reste l’église. Elle ne sert pas uniquement à célébrer la messe. On continue à y préparer des mariages, à y suivre des enseignements, on y trouve aussi, à proximité, les bureaux des responsables du camp. L’église est l’épicentre de la vie sociale. Saïd, chrétien et père de famille de 58 ans, s’y sent rassuré. « Une messe quotidienne est dite par l’Abouna (le Père en arabe). Les femmes y participent pendant que les hommes ruminent sur leur hypothétique retour à la maison. » Mgr Abba revêt les habits du pasteur mais aussi du père. Sa présence apaise. Il est comme un chef de tribu qui a pour difficile responsabilité de maintenir l’espérance.

MASS BAGHDAD

Fraternité en Irak
Une messe dans le camp des déplacés, à Bagdad.

Le Christ, dernier consolateur

Plus au Nord, dans la ville de Kirkouk, la situation est différente. La cathédrale du Sacré-Cœur réunit tous les chrétiens chaldéens du quartier. La messe dominicale est présidée par Mgr Yousif Thomas Mirkis, l’évêque du lieu. Pendant son homélie, l’évêque redonne de l’espoir à l’approche de Noël. Jésus est « le chemin, la vérité, la vie ».  L’assemblée, nombreuse,  entonne avec une grande ferveur des chants liturgiques en arabe, prie avec une rare intensité. Du chérubin à Malika, grand-mère de neuf petits enfants, tout le monde chante d’une même voix l’Alléluia. Les visages sont graves ; le Christ paraît être le seul et dernier consolateur.


MGR YOUSSEF THOMAS MIRKIS
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En ce temps de l’Avent, la foi en une renaissance, en un avenir plus apaisé, prend tout son sens. On voit sur le visage de ces chrétiens « survivants » une même harmonie, un même élan vers Dieu. La pastorale se déploie à nouveau. Comme le mythique tombeau de Mar Behnam, haut-lieu de pèlerinage en Irak, qui, grâce aux ouvriers chrétiens et à l’équipe de Fraternité en Irak, renaît de ses cendres… Nous découvrirons la semaine prochaine, à l’occasion de la Nativité, ce monastère syriaque du IVe siècle, joyau de l’Église orientale.

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