Après la Birmanie, le pape est arrivé ce 30 novembre au Bangladesh.La Birmanie et le Bangladesh sont deux pays très différents : l’un se situe dans la sphère d’influence culturelle chinoise – la Birmanie – l’autre dans celle de l’Inde – le Bangladesh.
Mais il existe malgré cela un premier fil rouge qui relie les deux pays visités par le Souverain pontife, : c’est le souci de sauver la culture de chaque pays de sa tendance à se refermer sur elle-même. Le pape l’a dit aux bouddhistes, majoritaires en Birmanie et tentés par le nationalisme, au nom de la pureté de la race birmane : gare à l’isolement ! Et il le dira également au Bangladesh, où l’islam est religion d’Etat. Là encore, la tentation de l’islamisme radical n’est pas loin. Depuis quelques années, les intellectuels et les chrétiens subissent un durcissement à leur égard. Sans compter les attentats, comme celui de Dacca en juillet 2016, en plein quartier diplomatique.
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Lors de sa rencontre avec les chefs religieux, ce vendredi, le pape devrait ainsi rappeler, comme il vient de le faire devant les autorités politiques, qu’il ne peut pas y avoir de violence au nom de Dieu.
Un peu de raison
Entre la Birmanie et le Bangladesh, le problème actuel des réfugiés Rohingyas est un deuxième fil rouge, mais il n’est que la conséquence de cette montée des nationalismes à caractère ethnique et religieux. Sur ce point, c’est à la sphère médiatique que le Saint-Siège vient apporter un peu de raison. Car si le sort des réfugiés birmans, installés dans des camps au Bangladesh, est évidemment tragique, la solution, elle, est loin d’être “facile“, comme l’ont rappelé les évêques birmans lors du bilan de la visite du pape dans leur pays. Aujourd’hui, les 900.000 Rohingyas ne peuvent ni rester au Bangladesh, déjà surpeuplé et miséreux, ni retourner dans leur pays sous peine d’y être à nouveau persécutés.
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Au lieu de se focaliser sur le fait de prononcer ou pas le terme de Rohingya, l’opinion internationale, ont poursuivi les évêques, gagnerait à “étudier“ un peu plus la réalité du terrain, et l’histoire longue. Et ainsi comprendre que le Saint-Siège se soucie davantage du temps long pour affermir la fragile démocratie en Birmanie, plutôt que d’apporter une réponse dans l’instant à l’émotion, légitime, face à la souffrance de ces réfugiés.
Ordination de 16 prêtres
Troisième fil rouge et troisième enjeu commun aux deux pays : la liberté religieuse. Car l’Eglise considère que les cultures particulières ont besoin elles aussi d’être sauvées par la foi catholique, par son universalité. Mais cela suppose une condition : que le pouvoir politique lui laisse la possibilité de pratiquer et de développer ses oeuvres. Ainsi, la réputation des écoles catholiques dans ces pays n’est plus à démontrer, et c’est un bon remède à l’analphabétisme qui fait encore des ravages, surtout au Bangladesh.
Ce vendredi 1er décembre, le pape ordonnera également 16 prêtres à Dacca, la capitale du Bangladesh. Nul doute que comme à l’ensemble des catholiques birmans, il leur confiera le soin de guérir les blessures de la nation par la croix du Christ. “Le monde tourne, la croix demeure“, disent les chartreux.