La fête du Christ-Roi nous rappelle la réalité du règne du Christ sur toute la Création et sur tout être vivant. La parabole impressionnante qui éclaire cette fête nous aide à comprendre de quel règne il s’agit réellement.L’année liturgique représente toute l’histoire du Salut. Elle commence le premier dimanche de l’Avent avec l’attente de la venue du Sauveur et s’achève avec la contemplation de la Fin des Temps, le moment où le monde tel que nous le connaissons finira. Cette fin est marquée par la fête du Christ-Roi, instituée en 1925 par le pape Pie XI. C’est une fête récente mais qui marque une réalité fondamentale : le Christ règne sur toute la Création. Pour nous préparer à cet évènement, les trois derniers dimanches de l’année liturgique sont illuminés par les trois grandes paraboles du chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu : celle des dix vierges, celle des talents et celle des brebis et des boucs.
Une parabole difficile à comprendre
Dans cette dernière parabole, celle d’aujourd’hui, le Roi (identifié au Christ) juge les brebis et les boucs à ce qu’ils ont fait ou omis de faire envers les pauvres. Malheureusement, une mauvaise compréhension de cette parabole peut conduire à deux écueils. Le premier est la culpabilité. Est-on sûr d’avoir fait tout ce qu’il faut pour être admis au Paradis ? Notre vie doit-elle n’être qu’une immense course d’un pauvre à l’autre ? Le deuxième écueil est une relation cynique aux autres : on s’occuperait des autres, et surtout des pauvres, uniquement pour avoir une place au Paradis. Comment éviter ces deux écueils ?
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Charité et Esprit saint
Premièrement en considérant que Dieu est réaliste. Il connaît notre quotidien et les nécessités de notre vie ; il ne nous demande pas l’impossible. Jésus le dit lui-même: “Les pauvres, vous en aurez toujours avec vous” (Jn 12, 8). La tâche est infinie… donc le jugement présenté par l’Évangile ne peut pas être un bilan comptable du nombre de pauvres dont on s’est occupé ou que l’on a laissés !
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Deuxièmement, puisque la tâche est infinie, la seule chose que nous puissions faire est de nous laisser guider par Dieu. C’est lui qui nous éclairera sur les actions à mener. Ainsi, la manière juste de s’occuper des pauvres est d’accueillir en nous l’élan qui vient de Dieu lui-même. Et cet élan de charité a un nom, c’est l’Esprit saint. Pour résumer, quelle est la différence entre les brebis et les boucs de la parabole ? Ne serait-ce pas leur disponibilité (ou leur non disponibilité) à l’Esprit de charité ? Les brebis ont fait sans se rendre compte car elle ont tout simplement suivi ce que Dieu leur proposait dans l’intime de leur cœur. Les boucs n’ont même pas vu parce qu’ils n’écoutaient pas !
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Cette différence est illustrée par la parabole des dix vierges que nous avons lue il y a deux semaines : l’huile qui entretient la lampe n’est-elle pas le signe de notre relation à Dieu qui fait brûler notre cœur ? Sans l’Esprit saint, notre cœur s’éteint comme la lampe sans huile des vierges folles. Saint Séraphin de Sarov résume clairement cette idée : “Le but de la vie chrétienne, c’est l’acquisition de l’Esprit saint”.
Quel règne ?
Par ailleurs le terme de Christ-Roi peut entraîner une confusion entre “règne du Christ” et “chrétienté”. Les six paraboles du Royaume des Cieux (Mt 13) illustrent bien qu’avant le retour du Christ dans la gloire, son règne reste caché. Ainsi le rêve de “chrétienté” où tout un pays (voire le monde entier) serait chrétien, est une chimère. Jésus ne dit-il pas : “Lorsque le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre” (Lc 18, 8) ? La préoccupation de Jésus n’est pas celle de trouver une Église triomphante, mais d’en trouver quelques-uns qui croient… Ainsi, la royauté du Christ n’est pas d’abord d’un règne universel, mais une réalité intime : aujourd’hui, le lieu du règne du Christ, c’est ton cœur ! Les brebis de la parabole sont admises dans le Royaume car elles qui avaient déjà accepté le règne du Christ et de son Esprit dans leur propre vie.
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Cette parabole nous rappelle avec force notre responsabilité face au règne du Christ. Elle nous pose à chacun une question essentielle : comment vas-tu laisser le Christ régner dans toi ? Acceptes-tu de lui laisser prendre possession de ton cœur ? De faire ce qu’il désire, et non pas uniquement ce que tu veux ? Alors, accueillons chacun l’Esprit saint qui préparera en nous le règne du Christ et nous guidera au service des pauvres. Viva Cristo Re !