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Joël Thibault aide les sportifs professionnels à avoir “une foi équilibrée”

JOEL THIBAULT
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Louis du Bosnet - publié le 25/11/17
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Il est l’homme que les supporters ne croisent jamais et dont les caméras de télévision peinent à capter le visage. Et pourtant, Joël Thibault, aumônier de l’Église évangélique auprès des sportifs, exerce un rôle déterminant dans la carrière de nos champions croyants. Singularité de sa fonction, rapport à la religion, relation avec les athlètes… Il se dévoile pour Aleteia.Aleteia : Racontez-nous votre cheminement vers Dieu…
Joël Thibault : Mon but dans la vie était de réussir dans le sport et notamment dans le football dans lequel je voulais me faire un nom. Comme la plupart des enfants, je rêvais de devenir footballeur pro. Vers 17 ans, j’ai pris conscience de mes limites et je me suis orienté vers une carrière d’entraîneur et de prof d’EPS. Un soir, vers 18 ans, à l’issue d’une soirée un peu trop arrosée, et alors que j’allais m’engager dans des études de Staps, je me suis interrogé sur mon avenir et j’ai tenté de déterminer quel sens donner à ma vie. Ce soir là, j’ai crié à Dieu et je lui ai dit : « Si tu existes, il faut que tu te révèles à moi, j’ai besoin de ton pardon et d’un sens à ma vie. ». C’est ainsi que j’ai sérieusement commencé à réfléchir sur l’Évangile que je connaissais déjà un peu à travers ma famille pratiquante.


FELIPE SANTANA
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Fut-ce une forme de déclic pour vous ?
Absolument. Lorsque j’ai intégré la filière Staps, ma mère m’a donné un livre de méditations comportant des extraits de la Bible. J’ai commencé à le lire et à m’intéresser à Jésus. Puis une personne de mon entourage m’a offert un Nouveau Testament. J’ai dès lors réalisé qui était Jésus, comment il prenait soin des autres, quel message il voulait transmettre… Grâce à lui, j’ai réalisé que le sport était une idole dans ma vie ; j’ai pris la décision de la lui remettre. Dieu m’a appris à accorder le pardon, à percevoir les blessures auxquelles j’avais été confronté plus jeune. Ma passion du sport est toujours là mais elle s’oriente désormais différemment et cela a été libérateur chez moi.

Comment se retrouve-t-on à exercer le métier d’ “aumônier” dédié aux sportifs ?
Ce désir est né il y a environ quinze ans. J’avais dans mon entourage des anciens joueurs professionnels qui fréquentaient mon église locale et avec qui j’ai cheminé lorsque j’étais en période de conversion personnelle. Ces rencontres ont déclenché un appel chez moi, et m’ont prouvé qu’il y avait des besoins dans le monde du sport. J’avais envie d’aider les sportifs qui ont parfois du mal à vivre une foi équilibrée ou qui peuvent s’en détourner pour diverses raisons. Depuis quatre ans, j’exerce dans le cadre d’un service d’aumônerie chrétienne internationale présent dans les grands événements sportifs internationaux. En fonction des événements, il y a un centre multi-foi présent, où se croisent les aumôniers protestants, catholiques, musulmans, bouddhistes, hindouistes. À Rio, aux JO 2016, il y avait quatre aumôniers protestants et quatre aumôniers catholiques. On propose nos services à toutes les personnes, quelle que que soit leur confession. On aide les gens au quotidien, on les écoute, cela va au-delà du simple cadre religieux même si spirituellement, on essaye aussi d’apporter des réponses aux interrogations. L’équipe des aumôniers chrétiens en France, regroupée sous le mouvement “Plus que sportifs” accompagnent certains athlètes tout au long de l’année ainsi que lors de grands événements internationaux comme les derniers Mondiaux d’athlétisme à Londres.

Comment qualifieriez-vous votre relation avec les sportifs ?
Le travail d’aumônier ressemble à un travail pastoral. Il y a une notion de famille, que je retrouve dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Ce sont des relations fraternelles, qui peuvent parfois être fortes. Conseils, partage d’expérience, étude biblique, confidences… Elles revêtent différents aspects. Je peux prendre l’exemple, il y a quelques années, d’un footballeur professionnel de Ligue 1 qui arrivait directement d’Afrique. Il n’a pas réussi à percer en France en raison d’une blessure, situation difficile à vivre. Ce joueur avait déjà une foi présente en lui, même s’il ne connaissait pas les Écritures. Après un an d’études bibliques, je l’ai baptisé dans notre assemblée à Rennes, cela l’a libéré spirituellement. Lorsqu’il a été placardisé par son club, il a passé plusieurs semaines dans ma propre famille. Ce joueur est désormais reparti en Afrique, ce qui ne nous empêche pas de nous donner des nouvelles. David Alcibiade est un autre joueur de Ligue 1 avec qui je suis proche. Je le connais depuis tout jeune, nous partageons une relation de confiance. À tel point qu’il lui est déjà arrivé de venir jouer la « babysitter » le temps d’une soirée, pour garder mes propres enfants.

À quoi ressemble une semaine type ?
J’ai un mur de prières où je prie quotidiennement pour les sportifs quelle que soit leur confession comme les footballeurs Maxime Chanot, Olivier Giroud ou Karim Benzema. Il y aussi le basketteur Trent Meacham et les sportifs pros comme Beverly Matomène (Taekwondo), Ibrahim Hamadou (PARA-athlétisme) ou Rogério Brizola Damasceno  et beaucoup d’autres encore. Mon désir c’est qu’ils puissent tous rencontrer Christ comme leur sauveur. Je passe également beaucoup de temps à préparer les études bibliques, puisque j’anime plusieurs groupes d’études bibliques réservés aux footballeurs. J’ai un groupe de six joueurs pro le lundi soir par vidéoconférence, et un deuxième avec cinq autres joueurs le mercredi après-midi, parfois à Nantes, le plus souvent par vidéoconférence. Il m’arrive aussi de passer du temps individuel avec les sportifs que cela soit chez eux ou par téléphone. Un aumônier joue aussi le rôle de père spirituel en fonction des situations et du désir des personnes. Je précise par ailleurs que j’interviens aussi auprès de l’UGSEL (Fédération sportive éducative enseignement catholique) et de la pastorale du collège lycée de L’Assomption à Rennes où je partage mon expérience auprès de la jeune génération notamment en présentant la série documentaire sur laquelle j’ai travaillé “Esprit Saint Corps Saint”, présente sur le site Plus que sportifs.

Vous sentez-vous privilégié ?
Oui, c’est un vrai privilège de côtoyer des grands noms du sport au quotidien mais je le prends pour une grâce, un cadeau de Dieu. J’ai commencé avec des sportifs amateurs, puis semi-pro avant de travailler auprès de joueurs professionnels. Vous savez, dans mon parcours, il y a une parole de Jésus qui résonne à savoir : « Celui qui est fidèle dans les petites choses, il lui en sera confié de plus grandes ».

Propos recueillis par Louis du Bosnet. 

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