Le journaliste d’investigation italien Gianluigi Nuzzi publie son troisième livre sur le Vatican. Malgré un certain goût du sensationnel, son ouvrage confirme un certain nombre de blocages au sein de la Curie.Début novembre, un livre du journaliste italien Gianluigi Nuzzi, intitulé Péché originel, est venu produire de nouvelles révélations sur le Vatican. Globalement documenté, cet ouvrage veut apporter un éclairage sur un certain nombre de blocages contre un changement voulu par les papes successifs, notamment sur la gestion financière.
Le sujet abordé le plus longuement par Gianluigi Nuzzi est celui de l’Institut pour les Œuvres Religieuses (IOR), la banque du Vatican. Relevant du droit du petit État, elle n’a pas toujours été soumise aux mêmes normes de transparence que les autres banques européennes. À partir des années 1960, un certain nombre de personnes s’en serait servi pour dissimuler de l’argent. Ces informations – jamais totalement confirmées – ne sont pas non plus inédites, et le livre de Nuzzi vient seulement apporter de nouvelles précisions.
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Après son élection en 2005, Benoît XVI a engagé une réforme de cette banque, pour la soumettre aux règles communes. Il a ainsi édicté de nouvelles normes et changé les équipes de direction. Toutefois, affirme Gianluigi Nuzzi, le pape allemand se serait retrouvé confronté à des blocages : certains auraient mené un travail de sape de cette volonté de réforme.
La renonciation de Benoît XVI
Pour le journaliste italien, il faut voir là une explication à la renonciation historique de Benoît XVI en 2013 : créer la surprise pour mettre ces “blocs” au pied du mur, et permettre l’élection d’un pape doté d’une forte légitimité et d’un mandat clair d’assainissement. C’est d’ailleurs ce à quoi s’est attelé François immédiatement après son élection : une réforme de l’IOR, de la gestion financière du Vatican et plus généralement du fonctionnement de la Curie. Mais pour Nuzzi, certains blocages demeurent encore.
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Parmi ces groupes de pression dénoncé par le journaliste d’investigation, un “lobby gay” : un groupe de prêtres du Vatican, lié par le secret de leur homosexualité commune. Ceux-ci s’en serviraient tant pour faire pression les uns sur les autres, que pour faire bloc contre les réformes voulues par les souverains pontifes.
Alors que le livre traite globalement de problématiques financières ou “managériales”, il termine sur un tout autre sujet. Gianluigi Nuzzi affirme en effet qu’un jeune homme, encadrant de l’unique petit séminaire au Vatican, aurait profité de sa position pour abuser sexuellement de l’un d’entre eux. Une enquête effectuée par le Vatican n’a pas permis de confirmer cette information du journaliste.