Composée de trois monastères, dont un situé en Guyane et deux en Corrèze, la communauté monastique des frères de la Résurrection fondée dans les années 80, regroupe des personnes ayant décidé de vivre leur veuvage dans l’amour de Dieu.
Établie au prieuré Saint-Benoît et au prieuré Notre-Dame de Belpeuch en Corrèze, ainsi qu’au monastère de la Sainte-Famille à Saint-Laurent du Maroni, la communauté monastique des frères de la Résurrection s’appuie sur les règles de Saint-Benoît. Soucieux de s’investir au service de l’Église, ils témoignent de leur gratitude envers Dieu et d’une fidélité éternelle à leur épouse.
Entre gratitude et fidélité éternelle
Arrivé en 2014 au sein de la communauté, le frère Christian-Marie revient sur le sens du veuvage vécu dans la retraite monastique : « Ceux qui composent notre communauté ont dans un premier temps vécu un profond bouleversement. Leur “moitié” leur ayant été arrachée, cela a créé un sentiment d’absurdité de leur propre existence. Dans un second temps, cette épreuve leur a fait comprendre que ce qu’ils ont vécu était un véritable cadeau du ciel, et que leur vie conjugale, familiale et professionnelle, valait la peine d’être vécue ». Un profond sentiment de reconnaissance est donc à la base de leurs voeux monastiques : « En langage religieux, on parle de la nécessité de rendre grâce ».
Un tel choix exprime encore pour ces veufs la volonté de rester fidèles à leurs épouses, au-delà du mariage civil et de la mort. Pour ces personnes l’expression « faire son deuil » n’a pas de sens, puisque l’on ne cesse jamais d’être uni à l’être disparu. « Ce sentiment de fidélité s’exprime en se tournant vers le ciel. Deux questions nous animent : “Comment rendrais-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait?” et “Seigneur, que veux-tu que je fasse?”. On ressent alors comme une résurrection en nous-mêmes », explique le frère Christian-Marie.
S’ils sont dégagés de charges familiales, ces veufs sont animés par le désir de la louange et la recherche de Dieu. Ces personnes ont eu des enfants, et sont désormais autonomes, mais ils continuent d’entretenir leurs liens familiaux, une spécificité de la fraternité de la Résurrection. Le frère Christian-Marie précise : « Souvent, selon la tradition en vigueur dans la plupart des monastères, on nous apprend la fuite du monde et le renoncement à tout ce qui est mondain. Notons que Jésus dans sa prière dit à son Père : ” Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais (Jn 17)”. Par ailleurs, lorsque l’on parle du renoncement dans l’épisode du “jeune homme riche”, il s’agit surtout de faire en sorte que les liens qui nous rattachent au monde ne fassent pas obstacle pour suivre le Christ ».
« Faire communauté » : prière et travail
« Loin de considérer notre congrégation comme un refuge, nous voulons la faire vivre et en prendre soin, c’est-à-dire “faire” communauté, en apportant nos capacités et nos talents », précise le frère Christian-Marie. Les frères de la Résurrection vivent en petites fraternités de trois ou quatre membres. Au Prieuré de Notre-Dame de Belpeuch, ils sont actuellement quatre frères en communauté, un autre est en mission, deux autres sont exclaustrés pour raison de santé, et il y a également cinq regardants (qui se questionnent sur la vie monastique sans avoir prononcé leurs voeux).
« Nous nous organisons avec un grand sens de la concertation, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des ordres monastiques », nous explique encore le frère Christian-Marie. Dans chaque fraternité la vie est rythmée par la prière et le travail (“ora et labora”), dont sept offices quotidiens, les lectio divina (“lectures saintes”) et un travail communautaire (intendance et cuisine, ménage et entretien).
« À côté des frères, on trouve aussi des “familiers”. Il s’agit de veufs qui ont encore des enfants à charge et qui se sentent attirés par la vie que nous menons. Ils rejoignent périodiquement la communauté. On peut également trouver des divorcés non remariés, qui ne prononcent pas les voeux (pauvreté, chasteté, obéissance), mais un engagement d’un an ; le sacrement du mariage restant prioritaire par rapport à tout autre engagement».