Le secrétaire général de la Conférence des évêques d’Inde, Monseigneur Théodore Mascarenhas condamne les images de personnes, se réclamant du christianisme, brûlant une statue de dieu hindoue.La vidéo représentant un groupe de jeunes Mizos, du nom d’une ethnie indienne principalement chrétienne, brûlant un drapeau indien et une divinité hindoue, a provoqué la stupéfaction dans le pays. Ils déclarent : “Nous avons longtemps été hindous. Nous avons été soumis à l’Inde. À présent, nous nous déclarons indépendants !” Publiée sur internet le 21 septembre 2017, la vidéo a été étouffée autant que possible par les autorités indiennes, mais sa diffusion sur les réseaux sociaux a rendu toute velléité de censure inefficace.
Elle a choqué de nombreux indiens, d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte de regain de tensions, entre les communautés religieuses. Le 14 septembre, un groupe d’extrémistes hindous immolait une effigie du cardinal Telesphore Placidus Toppo, et cet acte était dénoncé, par la Conférence des évêques d’Inde, qui en appelait à l’intervention des autorités. Mais à présent, le Conférence doit de se démarquer sans ambiguïté de l’action des jeunes Mizos, à laquelle les 24 millions de chrétiens du pays risquent d’être associés.
Condamnation ferme
La Conférence des évêques d’Inde condamne par conséquent : “Fermement et unilatéralement cet acte déplorable”, selon son secrétaire général, l’archevêque Théodore Mascarenhas. Rappelant que l’Église catholique défend l’unité nationale. La Conférence, dans son communiqué, qualifie le groupe de jeunes comme : “Une secte qui se dit chrétienne”, et assure que la communauté catholique veut la paix et l’harmonie entre les peuples. De fait, le groupe à l’origine de la provocation filmée, est mené par un prédicateur fantasque, qui a tenté de s’enterrer vivant, affirmant qu’il “ressusciterait au troisième jour comme Jésus Christ”.
Sur un plan théologique, Mgr Mascarenhas souligne que l’action de brûler un drapeau n’est pas compatible avec la foi chrétienne, puisque Jésus a dit qu’il fallait “rendre à César ce qui est à César”. Il précise que : “Nous autres, chrétiens, aimons et adorons notre Dieu et d’un même cœur, nous aimons et servons notre pays”.
La montée des extrêmes
Cette vidéo, qui donne une image déplorable des chrétiens dans un pays en proie à des tensions religieuses, complique la tâche de ceux qui tentent de sauvegarder la concorde. Depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir, en mai 2014, le clergé catholique dénonce le climat hostile aux minorités religieuses. En février 2017, la “loi anticonversion”, qui prétendait lutter contre les conversions forcées d’hindous au christianisme, plaçait en fait les chrétiens sur le banc des accusés. Au mois d’août, une publicité financée par le BJP, le parti nationaliste de Modi, décrivait les chrétiens indiens convertis au christianisme comme de pauvres ignorants, en détournant des paroles du Mahatma Gandhi.
Narendra Modi tient des propos rassurants, parlant au mois de mai 2017 de : “La chance de l’Inde de pouvoir accueillir toutes les communautés et toutes les religions”. Mais dans les faits, il lâche manifestement la bride aux extrêmes du parti qui fondent le nationalisme sur un hindouisme dévoyé.