Les chrysanthèmes, dont l’étymologie grecque signifie “feuille d’or”, sont les fleurs les plus achetées chaque année pour la Toussaint. Elles viennent orner les tombes, à la mémoire des défunts. Mais savez-vous d’où vient cette tradition ?
Alors qu’en Asie, le chrysanthème est un symbole de félicité, en France et en Belgique il est associé à la mort, faisant figure d’exception culturelle. En effet, il est traditionnellement choisi pour fleurir les tombes, le 2 novembre, jour de commémoration des défunts. Mais alors, pourquoi les chrysanthèmes sont-elles devenues les fleurs indissociables de la Toussaint ?
Fleurir une tombe avec des chrysanthèmes, une tradition récente
Jusqu’au XIXème siècle, la coutume voulait que l’on dispose des bougies sur les tombes des cimetières pour honorer ses proches, mais les flammes des bougies ont peu à peu été remplacées par les chrysanthèmes d’automne. L’explication est à chercher du côté de la Grande Guerre…
C’est en effet en 1919, à l’occasion du premier anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, qui célébrait la fin des combats de la Première Guerre Mondiale, que le président Raymond Poincaré a appelé les français à fleurir les tombes des soldats morts au front. Le chrysanthème fut choisi pour deux raisons : il fleurit durant cette période et résiste aux basses températures. Suite à cette anecdote, les français ont également pris l’habitude d’utiliser le chrysanthème pour décorer les tombes de leurs proches, à l’occasion du jour férié de la Toussaint.
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L’origine des chrysanthèmes
Son histoire commence en Chine, il y a 3000 ans, où le chrysanthème était cultivé pour l’ornement, l’alimentation et la pharmacopée. Nommés “Ju Hua” (菊花 ) en chinois, les chrysanthèmes de couleur jaune et blanche sont notamment utilisés en infusions, pour leurs vertus calmantes et anti-vieillissantes.
Introduit au Japon à partir du VIIIème siècle, son succès fût tel qu’il devint le symbole de l’empereur et l’emblème du pays. L’ordre du chrysanthème est en effet la plus haute distinction du Japon, décernée aux personnalités d’honneur. On retrouve d’ailleurs le symbole de la fleur sur les passeports japonais.
Les premiers spécimens de chrysanthèmes à pompon sont arrivés au XVIIème siècle en Europe et les variétés à grandes fleurs furent introduites, un siècle plus tard. C’est le navigateur marseillais Pierre Blancard qui en 1789, a trouvé des descriptions de la fleur en Hollande, où elle fût importée.
En France, son succès a pris de l’ampleur à partir de la Belle Époque, c’est-à-dire entre le XIXème et le début du XXème siècle, avec la mode du style japonais, devenant un motif récurrent de l’Art Nouveau.
La symbolique heureuse du chrysanthème
En Asie, le chrysanthème est synonyme de bonheur et d’amour. Selon un proverbe chinois : « Si vous souhaitez être heureux pour une vie, cultivez des chrysanthèmes ». Comme le relate Dominique Pen Du dans Le petit livre des fleurs, paru aux éditions du Chêne, les Japonais lui prêtent une naissance divine, d’après la légende suivante : « Un jour que Dieu Izanagi se purifiait dans l’eau d’un fleuve, ses vêtement jetés à terre se changèrent en douze dieux et ses bijoux en trois fleurs : un iris, un lotus et un chrysanthème ».
Suite aux nombreuses hybridations dont la fleur a fait l’objet, il en existe aujourd’hui environ une centaine d’espèces, offrant une grande variété de couleurs. Sa symbolique d’amour et de bonheur en fait une plante privilégiée pour les mariages : le blanc traduisant un amour pur, symbolisant la fidélité, le rouge incarnant l’amour et le jaune tout comme le rose, symbolisant un amour plus fragile. Notez cependant que les chrysanthèmes de couleurs jaune sont tout autrement symboles d’immortalité et de longévité en Orient et en Extrême-Orient.