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Odette et Jean, 72 ans de mariage, toujours unis malgré les drames

PERSONNES AGEES SUR UN BANC

Photo d'illustration

Famille Chrétienne - publié le 23/10/17

Famille Chrétienne publie “Un mariage heureux, j’en rêve… Y’a un mode d’emploi ?”, le deuxième tome de sa collection de livres “Les Questions spi de Marie”, à destination des jeunes catholiques, pour répondre avec humour et profondeur à leurs grandes questions spirituelles. Extrait.72 ans de mariage. Rendez-vous compte, un peu ! Odette et Jean ont fêté cet été leurs noces de titane ! Le titane, c’est le must des métaux : résistance exceptionnelle à l’érosion et aux chocs, plasticité, conservation de ses caractéristiques à haute température… Ça pourrait s’appliquer à cet amour au long cours, non ? Mais comment on fait, pour avoir un amour aussi… titanesque ? On est allé leur poser la question.

Le témoignage d’Odette et Jean

Nous avons 182 années de mariage à nous deux, Odette, c’est quand même pas mal !” lance fièrement Jean Durrua, 92 ans, la main sur le clavecin de leur maison de Saint-Pierre-du-Mont (Landes). Odette, 90 ans, opine : “Oui, c’est merveilleux !” Sa partition conjugale, ce couple d’artistes la compose depuis 72 ans, sans trop de fausses notes, à en juger par l’affection qu’ils se portent sans ostentation. Leur secret ? “Aimer, aimer encore ; pardonner et prier”, résume Jean. Même dans la tempête. Car il y en eut chez les Durrua. Disons seulement qu’ils eurent deux filles. L’une se suicida après un passage dans une secte ; de l’autre, brisée par une maladie psychique, ils n’ont guère de nouvelles. Les grandes douleurs sont muettes et crient en silence. Mais ils se souviennent des lueurs reçues, aux heures de ténèbres, comme des signes du Consolateur : la joie de voir leur gendre rester fidèle à sa femme malade et la soigner avec délicatesse ; celle d’éduquer leur unique petite-fille, et de goûter sa tendre sollicitude.

Dans le salon, de larges baies vitrées offrent de l’air et du vert. Le couple a lui-même planté arbres et arbustes. “L’amour est comme un jardin, ajoute Odette, il a besoin d’être cultivé, travaillé, bêché… Heureusement, le Maître du jardin, celui de la Sainte Agonie mais aussi celui de la Résurrection, est là pour nous montrer le chemin.”

Nés à 50 mètres l’un de l’autre

Jean et Odette sont nés à 50 m l’un de l’autre, à Mont-de-Marsan, et ne se sont jamais vraiment quittés. Lui chantait; elle jouait du piano. “Odette m’accompagnait : je lui ai demandé de le faire pour toute la vie”, résume Jean. Ils s’épousent en 1942, en pleine guerre. On ose interroger : “À quoi ressembliez-vous, jeunes mariés ?” Jean ouvre une armoire ancienne. Entre les 8 000 partitions qu’elle recèle, il tire une mince enveloppe : leur album de mariage. Elle contient seulement trois clichés en noir et blanc, dont deux flous : “Notre photographe a perdu sa femme le matin même de la noce : il tremblait de chagrin”, excuse Odette. En revanche, la photo des mariés à la sortie de l’église est nette : le photographe se serait-il ressaisi ?” Non, il a raté la messe à cause de son deuil, se souvient Jean. Mais quelques jours plus tard, il développait dans son laboratoire les bobines d’un officier allemand de passage. Et il a découvert… un cliché de nous deux : l’Allemand était passé devant l’église au moment où nous en sortions !”

Des pépites d’or dans l’ordinaire des jours

Voilà, cela résume un peu la vie des Durrua : des pépites d’or dans l’ordinaire des jours. “Dans une existence, on peut ne voir que le malheur. Nous croyons tous les deux que Dieu veut notre bonheur même dans le malheur”, murmure Jean. Le pardon? Les Durrua confessent ne pas avoir eu trop de mal à l’échanger – avant le coucher du soleil, pour ne pas laisser la colère envenimer la nuit et pourrir le jour qui suit. En revanche, ils confient leur difficulté à prier ensemble en raison de sensibilités religieuses différentes. Jean se nourrit de L’Imitation de Jésus Christ, tandis qu’Odette est plus portée vers la louange spontanée. Ces divergences n’empêchent pas les échanges ni l’offrande confiante à Dieu.

Une conclusion s’impose : le secret de l’amour qui dure pourrait bien se percher sur une colline, à 30 minutes de voiture. Notre-Dame de Maylis : l’abbaye amie, la mère nourricière de Jean et Odette. Il fallait donc filer là-bas, à la source de leur amour. Une vingtaine de frères bénédictins s’apprêtent à y célébrer l’eucharistie. Dans ce divin mystère, l’Époux dit à l’Épouse (l’Église) : “Voici mon corps.” “Ce désir de communion, il arrive parfois qu’il s’épuise dans un couple, dit Jean. Alors, on ne peut plus le recevoir que de ce Dieu dont le désir pour l’homme ne se tarira jamais.”

Tout en fermant le magasin de l’hôtellerie avant de filer au chœur, le Frère Marie-Bernard confie : “Le secret d’un amour qui dure ? C’est d’abord de vouloir qu’il dure.”


Un mariage heureux, j’en rêve… Y’a un mode d’emploi ?, 13,90 euros. En vente en librairie et sur le site de Famille Chrétienne.

Retrouvez Marie sur sa page Facebook et sur son blog.

Un mariage heureux, j’en rêve… Y’a un mode d’emploi ?

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