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Un chef-d’œuvre inestimable découvert dans une maison de retraite pour prêtres

Domenico Piola, Le repos de la Sainte Famille durant la fuite en Égypte. Tableau après sa restauration.

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Caroline Becker - publié le 09/10/17
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La maison “Marie-Thérèse”, qui accueille des prêtres à la retraite de plusieurs diocèses franciliens, a fait une découverte étonnante. Un chef-d’oeuvre de l’artiste italien, Domenico Piola, se cachait dans ses murs.La Maison Marie-Thérèse, belle bâtisse au cœur du XIVe arrondissement de Paris, a été fondée il y a près de deux cents ans par Céleste de Chateaubriand, épouse du célèbre écrivain français. Depuis cette époque, la Maison accueille les prêtres âgés des diocèse de Paris, Créteil, Nanterre et Saint-Denis. Cet établissement tranquille a fait, au cours de l’année 2017, une découverte incroyable. Accrochée sur un mur et ignorée de tous se cachait l’œuvre d’un célèbre artiste italien du XVIIe siècle : Domenico Piola. La peinture représente le Repos de la Sainte Famille sur le chemin d’Égypte.

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© Atelier du Trois
Domenico Piola, Repos de la Sainte Famille sur le chemin d’Égypte. Tableau avant sa restauration.

Une histoire de hasard

La Commission diocésaine d’Art Sacré — qui a pour objectif la sauvegarde et la mise en valeur des œuvres d’art artistique affectés ou possédés par le diocèse — a demandé, à la fin de l’année 2016, au galeriste Philippe Esteves Mendes de venir voir un tableau de Jean-Joseph Ansiaux (de 1823), accroché dans la chapelle de l’établissement afin d’en financer la restauration. La visite est l’occasion de lui monter une autre peinture d’un artiste anonyme représentant la Sainte Famille. Rapidement, le style et la qualité picturale lui font penser à l’école génoise du XVIIe siècle. Il ose même avancer le nom du célèbre peintre Domenico Piola, mais sans certitude.

Distinguant sur une toile fatiguée, quelques arabesques de chair potelée et un fourmillement de drapés savamment colorés, j’éclairais un instant le tableau : quelle ne fut pas ma surprise d’y déceler la main d’un génois qui ne semblait autre que Domenico Piola ! La découverte paraissait presque trop belle : par quel heureux hasard une œuvre de cette importance restait encore méconnue ? (Philippe E. Mendes).

Pour en avoir le cœur net, il fait appel à la grande spécialiste du peintre : Mary Newcome Schleier. L’intuition du galeriste était bonne, il s’agit bien d’un Domenico Piola. Enthousiaste face à cette découverte exceptionnelle, Philippe Esteves Mendes décide de financer la restauration de l’œuvre en plus du tableau d’Ansiaux. Pour mener à bien ce chantier, il fait appel à l’Atelier du Trois : le vernis, assombri avec le temps est refait et les couleurs retrouvent leur éclat d’origine.

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© Galerie Mendes.
Domenico Piola, Le repos de la Sainte Famille durant la fuite en Égypte. Tableau après sa restauration.

Un thème cher à l’artiste

Le thème iconographique choisit par l’artiste n’a rien d’étonnant. Piola est extrêmement attaché à la représentation de la Sainte Famille et l’a peinte à différentes reprises. Ce thème est tiré de l’Évangile apocryphe du Pseudo-Matthieu, appelé également Livre de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur, écrit au VIIe siècle ap. JC. Ici, l’artiste a choisit de représenter l’instant où l’Enfant-Jésus ordonne au palmier, sous lequel la famille se repose, de se plier jusqu’aux pieds de sa mère afin de pouvoir y cueillir les fruits :

Il arriva que le troisième jour de la route, Marie fut fatiguée dans le désert par la trop grande ardeur du soleil. Et, voyant un arbre, elle dit à Joseph : « Reposons-nous un peu sous son ombre. » Joseph s’empressa de la conduire auprès de l’arbre, et il la fit descendre de sa monture. Et Marie s’étant assise, jeta les yeux sur la cime du palmier, et la voyant couverte de fruits, elle dit à Joseph : « Mon désir serait, si cela était possible, d’avoir un de ces fruits. » Et Joseph lui dit : « Je m’étonne que tu parles ainsi, lorsque tu vois combien sont élevés les rameaux de ce palmier. Moi, je suis fort inquiet à cause de l’eau, car il n’y en a plus dans nos outres, et nous n’avons pas les moyens de les remplir de nouveau et de nous désaltérer. » Alors l’enfant Jésus qui était dans les bras de la vierge Marie, sa mère, dit au palmier : « Arbre, incline tes rameaux et nourris ma mère de tes fruits. » Aussitôt, à sa voix, le palmier inclina sa cime jusqu’aux pieds de Marie (20), et, recueillant les fruits qu’il portait, tous s’en nourrirent. (Pseudo-Matt, XX).

Pour accentuer la lecture du miracle, le peintre a représenté des anges tirants sur les branches.

L’avenir du tableau

Suite à sa restauration l’œuvre est désormais exposée, jusqu’à fin octobre, à la galerie Mendes. L’occasion pour le public d’admirer ce chef-d’œuvre fraîchement restauré avant que celui ci ne parte rejoindre sa place initiale dans la chapelle. Une question demeure. Comment ce tableau a-t-il pu se retrouver dans cette chapelle ? L’établissement et les œuvres qui décoraient la chapelle ont connu de nombreuses vicissitudes depuis la construction par Céleste de Chateaubriand en 1821, difficile donc de remonter aux origines de l’acquisition. Un mystère qui reste entier.

Informations :

Galerie Mendes
36 rue Penthièvre
75008 Paris
Site officiel

Pour en savoir plus sur la Commission diocésaine d’Art Sacré, cliquez ici.



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