Bien que le fameux Prix Nobel de la Paix n’ait jamais boudé les femmes, elles sont seulement 16 à l’avoir obtenu. Voici le portrait de cinq d’entre elles, qui ont travaillé pour la paix et ont justement été récompensées, comme la jeune MalalaPour suivre les derniers vœux d’Alfred Nobel, le Prix Nobel de la Paix a été remis pour la première fois en 1901 et est décerné chaque année aux personnes “ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité”, par leur travail en faveur de la paix. Que ce soit par le biais de la littérature, de la politique ou du travail social, l’objectif de ces cinq femmes est le même : parvenir à un règlement pacifique des grands conflits mondiaux.
1. Bertha Von Suttner
Elle fut non seulement la première femme à remporter le Prix Nobel de la Paix en 1905, mais elle fut aussi celle qui a inspiré la création de cette importante récompense mondiale. Bertha Von Suttner a été la secrétaire d’Alfred Nobel (qui, ironiquement, a découvert la dynamite et avait une fabrique d’armes) et a gardé une étroite amitié avec lui, bien qu’elle n’eût travaillé dans ses bureaux que deux semaines. En tant qu’écrivain, elle s’est consacrée à promouvoir le pacifisme au travers de ses pamphlets et de son ouvrage « Bas les armes ! » (1889), œuvre littéraire importante du mouvement pour la non-violence.
Elle était une fervente critique des leaders européens, qu’elle invitait à ne plus alimenter le patriotisme belliqueux et à chercher des solutions exemptes d’armes. Dans son échange de lettres constant avec Alfred Nobel, elle lui demandait de s’unir à la lutte pacifique. Voyant les destructions causées par ses inventions, il a décidé de consacrer une grande partie de sa fortune à créer un prix qui récompenserait les personnes qui ont dédié leur vie à la paix, à la science et à la littérature.
2. Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi est une femme politique birmane, qui a lutté sans relâche jusqu’à ce que son pays retrouve la démocratie qui lui avait été arrachée par la junte militaire. Elle a toujours défendu la non-violence, influencée par Gandhi dont elle connaissait très bien l’œuvre grâce à sa mère qui avait été ambassadeur en Inde. Aung San Suu Kyi a quitté la Birmanie, s’est mariée et a eu deux enfants. Mais quand sa mère est tombée malade à la fin des années 80, elle est revenue s’installer dans son pays pour s’occuper d’elle et a voulu faire partie du mouvement en faveur de la démocratie, ce qui lui a valu sa résidence surveillée.
On lui a proposé à plusieurs reprises de la libérer si elle s’engageait à ne jamais revenir en Birmanie, mais elle a toujours refusé, sacrifiant sa vie de famille pour le bien commun de son peuple. Elle s’est consacrée à l’écriture de textes sur la compatibilité entre le bouddhisme, la démocratie et le respect des Droits de l’homme. En 1991, elle a reçu le Prix Nobel de la Paix, que son mari et ses enfants ont dû accepter en son nom, étant toujours retenue prisonnière. Elle a été libérée en 2010 et est actuellement membre du Conseil d’État de Birmanie.
Ces dernières semaines, pourtant, Aung San Suu Kyi voit son action remise en question par son silence face à la crise humanitaire des réfugiés rohingyas, ces musulmans qui fuient la misère et les persécutions du sud-ouest de la Birmanie. Son manque de position ferme déçoit fortement ceux qui auparavant l’adulaient…
3. Malala Yousafzai
Son nom et son visage vous sont sûrement très familiers. À seulement 20 ans, Malala est une militante pour la paix reconnue. Elle s’est vue décerner le Prix Nobel en 2014, alors qu’elle avait à peine 17 ans. Depuis, Malala lutte toujours sans relâche pour que l’éducation des filles au Pakistan soit gratuite et obligatoire.
Sa lutte a commencé quand elle n’avait que 14 ans et c’est à ce moment-là qu’un groupe de talibans l’a interceptée alors qu’elle rentrait chez elle en autobus. Il lui ont tiré une balle dans la tête. Elle s’en est sortie miraculeusement, bien qu’elle ait dû passer plusieurs semaines en thérapie intensive. Elle et sa famille ont ensuite dû partir en Angleterre pour des raisons de sécurité. Malgré tout, les faits ne lui ont pas fait peur. Au contraire, ils n’ont fait qu’intensifier sa lutte.
A 16 ans, elle a donné un discours très puissant face à une assemblée de jeunes au siège central des Nations Unies à New York, lors duquel elle a assuré qu’elle prônerait dorénavant le dialogue avec les talibans pour parvenir à un accord de paix, car d’après elle : « La meilleure façon de résoudre des problèmes et de lutter contre la guerre est par le dialogue et l’éducation ».
4. Leymah Gbowee
Militante, Leymah Gbowee fut chargée d’organiser le mouvement pour la paix qui mit fin à la Seconde Guerre civile du Liberia en 2003. Ce mouvement a permis l’élection d’une femme pour la première fois au poste de mandataire d’une nation africaine : Ellen Johnson-Sirleaf, qui a exercé la présidence du Liberia en 2005. La mobilisation des mères africaines qui voulaient la paix et la sécurité pour elles et leurs familles se trouve au cœur de sa lutte (vous pouvez en savoir plus dans le documentaire « Prie pour renvoyer le diable en enfer »).
« Les femmes en position de leadership sont des intermédiaires efficaces pour la paix », a déclaré celle qui a obtenu le Prix Nobel de la paix en 2011, conjointement à Ellen Johnson-Sirleaf.
5. Jane Addams
Cette Américaine fut l’une des premières personnes à fonder une maison pour aider les plus démunis de son pays, devenant ainsi une ambassadrice du travail social. Il s’agissait de la Hull House à Chicago, où elle offrait un foyer, organisait des activités et dispensait des connaissances aux immigrants, aux mères sans ressources, aux orphelins et à tous ceux qui avaient besoin d’aide pour se réinsérer dans la société.
Durant la Première Guerre mondiale, Jane Addams est également devenue une grande militante du pacifisme et a vivement critiqué l’implication des États-Unis dans le conflit. Elle a également fondé la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté en 1915. Elle a aussi fait partie du mouvement en faveur du droit de vote pour les femmes. En 1931, elle s’est vue décerner le Prix Nobel de la paix (devenant la première Américaine à le recevoir), mais elle n’a pas pu assister à la cérémonie car elle était très malade. Elle est décédée quatre ans plus tard.