En 2014, les chrétiens de la plaine de Ninive en Irak ont été chassés de leurs terres historiques par les jihadistes de l’État islamique. Cet été, les forces gouvernementales irakiennes ont repris ces territoires et la ville de Mossoul. Depuis, près de 14 000 chrétiens sont revenus dans leurs villages. I.Media a interrogé Mgr Petros Mouché, archevêque syriaque de Mossoul, de passage à Rome pour un colloque de soutien organisé à Rome par l’Aide à l’Église en détresse internationale (AED).Aleteia : Quelle est la situation après la bataille de Mossoul et peut-on espérer des évolutions positives ?
Mgr Petros Mouché : Nous les chrétiens nous vivons dans l’espérance. Nous avons la foi qui nous donne le courage de continuer la mission de nos ancêtres sur cette terre où ils ont versé leur sang et leur sueur pour construire notre histoire. Nous sommes fiers de rentrer [dans la plaine de Ninive] et un certain nombre de familles sont déjà rentrées. Mais pour cela, nous avons vraiment besoin d’aide. D’abord pour pouvoir reconstruire nos maisons et nous donner la possibilité de vivre là-bas, de travailler là-bas aussi. Mais en plus cela, nous avons besoin de forces spéciales pour empêcher qu’il y ait encore une sorte de Daesh [acronyme en arabe de l’État islamique, ndlr]. Car nous n’avons pas vraiment l’assurance que nous pouvons vivre en paix chez nous. Pour le moment, le peuple est victime, et ne peut s’exprimer.
Les chrétiens veulent-ils au sein de l’Irak une indépendance ou un statut particulier ?
Ce que nous voulons, nous les chrétiens, ce n’est pas une indépendance spéciale. Mais nous voulons avoir une autonomie chez nous dans nos villages pour que nous puissions pratiquer nos lois et vivre selon nos coutumes. Si nous parvenons à cela, pourquoi ne pas avoir un Irak uni dont nous serions citoyens ? Ce que nous désirons, c’est un statut non-religieux, laïc, qui nous donne tous les droits comme citoyens irakiens. Et un gouvernement qui soit très fort pour qu’il puisse vraiment assurer la paix et la tranquillité.
Qu’attendez-vous de la communauté internationale ?
Le Saint-Siège fait beaucoup d’effort, mais il n’est pas toujours écouté. Peut-être parfois faut-il plus de forces… Nous sommes des gens pacifiques, nous ne voulons pas faire la guerre avec les autres. Mais nous voulons des gens qui peuvent influer sur nos voisins, changer la mentalité. Tant qu’il y a cette idéologie [fondamentaliste islamiste, ndlr] dans la tête des gens, c’est difficile pour nous. Il faut des gens qui puissent avoir des influences sur les gouvernements et les pensées des gens.
Propos recueillis à Rome par Xavier Le Normand.
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