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Père Matthieu Dauchez : « On ne peut pas expliquer le mal, mais on peut y répondre »

FATHER MATTHIEU DAUCHEZ

10 janvier 2015 : Portrait du père Matthieu DAUCHEZ, prêtre Français rattaché au diocèse de Manille et président de la fondation Tulay ng kabataan (ANAK-Tnk) qui accueille les enfants des rues dans des foyers d’insertion.Manille, Philippines January 10th 2015: Portrait of the father Matthieu Dauchez, French priest attached to the Diocese of Manila and president of the foundation Tulay ng kabataan (Anak-Tnk) that welcomes street children in care centers.Manille, Philippines

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Sylvain Dorient - publié le 27/09/17
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De passage en France, le père Matthieu Dauchez, prêtre qui partage l’existence des enfants des rues des bidonvilles de Manille, aux Philippines, témoigne.Il a fait de la Smokey Mountain, un bidonville adossé à la décharge de Manille, sa demeure depuis 1998. Le père Matthieu Dauchez dirige l’association Anak, soutenue par la fondation Raoul Follereau, qui recueille les enfants abandonnés. De passage en France, il donne une conférence jeudi 28 septembre 2017 à 20h30 à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, intitulée : “Mais pourquoi Dieu permet-il cela ?”. 

Aleteia : Encore jeune prêtre, vous avez posé vos valises dans les pires quartiers de Manille, qu’y avez-vous trouvé ?
Père Matthieu Dauchez : Une situation épouvantable, qui m’a donné envie de prendre mes jambes à mon cou. Il y avait tellement d’enfants abandonnés… De tous petits enfants sont la proie des gangs, connaissent la drogue, les abus sexuels, des horreurs qui dépassent l’imagination !

Mais vous êtes tout de même resté, et vous y êtes depuis bientôt 20 ans ?
Oui, grâce à la force surnaturelle de ces enfants, qui sont capable de joie et de pardon, contre toute attente et toute logique. Le premier d’entre eux fut peut-être Dodong. Quand je l’ai connu, il avait 12 ans et c’était un enfant profondément blessé. Il avait été abandonné par sa mère, dès sa naissance. Elle lui faisait payer d’avoir elle-même été abandonnée par son compagnon alors qu’elle était enceinte, et n’a jamais voulu de son enfant. Un temps élevé par sa tante, il a été mis à la rue, a tenté de retourner chez sa mère mais a été une nouvelle fois mis dehors. Quand nous l’avons recueilli à Anak, il vivait avec une bande dans la rue. Un soir, pendant la prière, il a pris la parole et a demandé que l’on prie pour sa maman, car, disait-il, elle me rejette, mais je veux dire à Jésus que je l’aime encore. Ce garçon, par son attitude, anéantissait le mal. Il avait rompu un cycle de haine et de violence que son père avait déclenché.



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Comment répondez-vous à la question que vous posez lors de vos conférence “Mais pourquoi Dieu permet-il cela ?” ?
Cette question a été posée par l’un des enfants de l’association au pape François. Elle s’appelle Glyselle Iris Palomar et devant une foule de fidèle, elle a commencé à parler du quotidien dans les rues de Manille, avant d’éclater en sanglot et de demander pourquoi Dieu permettait-il cela, alors que ces enfants n’ont rien fait ? Le pape François ne s’y attendait pas, il a répondu que c’était la seule question qui n’avait pas de réponse. Pas de réponse intellectuelle, en tous cas. Il a ensuite pris la fillette dans ses bras, et il compatissait, c’est-à-dire qu’il souffrait avec elle. En aparté, il m’a confié que ces enfants étaient la chair du Christ. Alors pourquoi Dieu permet-il cela ? On est tenté, nous Français et cartésiens, de raisonner, d’expliquer. Mais il n’y a pas d’explication. En revanche il y a des réponses à donner. Ce mystère est trop grand pour notre intelligence, mais pas pour notre cœur.

Propos recueillis par Sylvain Dorient. 

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