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Asia Bibi : le prix Sakharov pourrait sauver sa vie

ASIA BIBI

Manifestation pour la libération d'Asia Bibi, chrétienne pakistanaise emprisonnée depuis le 14 juin 2009 et condamnée à mort pour blasphème, le 29 octobre 2014 au Trocadéro, à Paris.

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Sabine de Rozières - publié le 27/09/17
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Condamnée à mort pour blasphème depuis 2010, Asia Bibi pourrait retrouver sa liberté après plus de huit ans passés dans les prisons pakistanaises grâce à sa sélection pour le prix Sakharov 2017. Entretien avec son soutien le plus ardent en Occident, Anne-Isabelle Tollet, ancienne chef du bureau France 24 à Islamabad et actuelle rédactrice en chef sur la chaîne CNews, auteur de « La mort n’est pas une solution » (Éditions du Rocher, 2015).Aleteia : Que représente cette nomination d’Asia Bibi pour le prix Sakharov [prix remis par l’Union européenne pour récompenser des individus ou des organisations qui ont œuvré pour les droits de l’homme et la liberté d’opinion, ndlr] ?
Anne-Isabelle Tollet : C’est très encourageant et ce serait même le déclic qui pourrait enfin la faire juger et libérer ! Ce serait un vrai ticket pour sa liberté mais on ne crie pas victoire car le résultat définitif sera le 26 octobre prochain. Ce prix pourrait lui sauver la vie puisqu’il exercerait une pression considérable sur le gouvernement pakistanais qui a des relations économiques et diplomatiques avec l’Europe. C’est la seule des nominés de ce prix Sakharov 2017 dont la vie est en jeu, cela ne serait donc pas simplement un combat qu’on salue en lui remettant un prix, c’est bien plus grand que cela.

Quel est l’enjeu de sa libération ?
Asia Bibi est l’icône d’une population terrorisée par la loi pakistanaise sur le blasphème qui permet à tout un chacun de régler ses comptes avec son voisin, sur simple dénonciation. La réalité est que nous sommes bien loin d’un combat islamo-chrétien. Les musulmans eux-mêmes sont très souvent victimes de cette loi, dès qu’ils ont un contentieux avec leur voisin ou n’importe qui. Elle est utilisée comme une arme. On ne peut pas demander au Pakistan de la retirer, il ne s’agit pas de faire de l’ingérence, mais on peut leur demander que les personnes accusées bénéficient a minima d’une enquête et d’un procès juste et équitable, pas simplement paroles contre paroles.


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Le gouvernement pakistanais est donc pieds et poings liés par les talibans ?
Le gouvernement déplore cette situation puisqu’il lutte contre le fondamentalisme religieux. Mais ils sont tiraillés entre la pression fondamentaliste et ce besoin d’ouvrir leur pays à la démocratie. Les talibans, tout comme les partis religieux, ont menacé le gouvernement de commettre des attentats s’ils libéraient Asia Bibi. Les juges de leur Cour suprême aussi ont peur des représailles des islamistes, c’est pour cette raison qu’ils repoussent son procès depuis tant d’années. Ils savent que le jour où ils la feront libérer, ils devront quitter le Pakistan car ils auront une fatwa sur la tête. Vous êtes marqué à vie par le sceau du blasphème, c’est le crime absolu au Pakistan.

Avez-vous des nouvelles récentes d’Asia Bibi ?
J’ai des nouvelles d’elle toutes les semaines par sa famille. Ils essayent d’aller la voir le plus souvent possible mais quand on sait qu’ils habitent à plus de huit heures de route de la prison de Lahore et qu’ils doivent louer un véhicule à chaque déplacement… tout est une bataille ! Elle est en bonne santé et nous avons réussi à obtenir qu’elle soit vue par un ophtalmologue. Elle peut désormais porter des lunettes de vue. Ça ne paraît rien comme ça, mais quand on vit dans la pénombre d’une cellule où il fait chaud et humide, elle finissait par souffrir beaucoup des yeux. Moralement elle s’accroche toujours à l’espoir qu’elle sera libérée et elle convaincue, en femme pieuse et croyante, que Dieu l’y aidera.

Propos recueillis par Sabine de Rozières.

Site web du comité internationale de soutien à Asia Bibi.



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