Décédée le 20 septembre dernier, Liliane Bettencourt n’était pas que la première fortune de France. Depuis 1987, elle œuvrait au service des personnes les plus fragiles à travers sa fondation.« Préférer les personnes, encourager la créativité. Aller au-delà du don ». Voilà les convictions qui animaient André et Liliane Bettencourt lorsqu’ils ont fondé la fondation Bettencourt-Schueller. Aujourd’hui celle-ci est engagée dans trois domaines : les sciences de la vie, la culture et la solidarité. Cette dernière vocation s’incarne par le soutien conséquent apporté à des initiatives qui ont le souci de favoriser l’autonomie de la personne, de créer du lien social et d’une manière générale d’aider les plus fragiles. Quand on sait que la fondation passe pour être la mieux dotée de France, c’est dire que son action est concrète.
L’éducation au sens large
Ainsi la Fondation encourage des structures qui s’investissent dans l’éducation des laissés-pour-compte. À l’instar de Loyola Formation, à l’origine d’un réseau de treize établissements qui accueillent des « décrocheurs » scolaires des zones urbaines sensibles, et du Réseau Étincelle qui tâche de réinsérer professionnellement des jeunes sans qualification. La fondation Bettencourt est également « séduite par l’approche non dogmatique et innovante » d’Espérance Banlieue, qui a développé avec un certain succès un réseau d’école hors-contrat dans les quartiers populaires et des Cours Morvan qui offre une pédagogie adaptée et une ouverture sur le monde du travail.
La lutte contre l’échec scolaire est d’ailleurs l’un des chevaux de bataille de la fondation qui soutient entre autres Énergies Jeunes, Coup de Pouce, ou encore Agir pour l’école qui fait de l’apprentissage de la lecture le cœur de son action, et SynLab qui tente de construire un pont entre la recherche et l’éducation afin de prévenir l’échec scolaire. L’École à l’Hôpital qui propose des cours individuels dispensés par des enseignants bénévoles dans quelques 40 hôpitaux pour des malades âgés de 5 à 26 ans, bénéficie également du concours de la Fondation.
Ce souci pour les personnes les plus fragiles, la Fondation l’éprouve également à travers des associations d’éducation populaire. Comme le Rocher qui promeut le vivre ensemble dans une dizaine de quartiers dits sensibles en France à travers de l’aide aux devoirs, des activités théâtre ou arts plastiques le mercredi après-midi, ou encore des repas de quartier et des camps de vacances.
Le handicap
La Fondation apporte également un grand soin aux structures qui œuvrent pour donner aux personnes atteintes de handicap de vivre et partager des joies simples. À Bras Ouverts organise par exemple des promenades en forêt, des ateliers cuisine ou des week-ends au grand air pour des enfants atteint d’un handicap mental ou physique. Simon de Cyrène ouvre des maisons partagées pour accueillir des personnes devenues handicapées et des volontaires valides. C’est une manière selon elle de combattre ainsi l’exclusion sociale dont elles sont souvent victimes.
De son côté, Bulle d’air se consacre aux enfants de 3 à 13 ans victimes d’un handicap mental, de dysphasie ou d’autisme. Le temps d’une demi-journée, cette association leur offre un lieu adapté et épanouissant pour qu’ils puissent avoir des loisirs avec leurs pairs et bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire.
L’insertion par le logement
La Fondation Bettencourt s’engage également pour améliorer l’habitat et les conditions d’hébergements des plus vulnérables. Elle soutient ainsi Lazare et son modèle d’appartements partagés. Des personnes sortant de la rue cohabitent avec de jeunes actifs. Un modèle qui a fait des émules dans toute la France tant il développe de nouveaux foyers de vie. De son côté, Habitat et humanisme se bat contre l’exclusion et l’isolement des personnes en difficulté. Comment ? En agissant en faveur du logement et de l’insertion de personnes en difficulté. En promouvant le vivre ensemble et la recréation de liens sociaux. L’association a ainsi métamorphosé d’anciennes prisons en logements où se croisent des personnes autrefois marginalisées et des étudiants.
Ce souci de la Fondation pour les personnes vulnérables ne se limite pas aux personnes qui ont connus la rue. Non, il se déploie également auprès des prisonniers. Avec L’Îlot, ce sont 1 200 personnes sortant de prison qui sont accompagné dans leur démarche personnelle et volontaire pour retrouver une place dans la société, notamment par l’accès au logement et à l’emploi. L’enjeu est aussi bien d’éviter la récidive que de venir au secours de ces personnes parfois en grande détresse. De la même façon, l’association Aux captifs, la libération , née il y a plus de 30 ans pour « entendre le cri de la rue » et aller vers ceux qui l’habitent, alcooliques, prostitués ou travestis.
Autant d’initiatives qui font écho au message évangélique qui invite chacun à aller vers les plus pauvres et les plus faibles. Ils sont le visage du Christ.