Philippe Desgens, prêtre de la paroisse Saint-Roch à Paris et ancien aumônier des artistes, a été nommé, depuis le 1er septembre 2017, délégué de l’archevêque de Paris chargé de la culture. Rencontre avec un prêtre passionné d’art. Aleteia : Après avoir été pendant onze aumônier des artistes du spectacle à Saint-Roch, vous voilà désormais “délégué de l’archevêque de Paris chargé de la culture”. Il s’agit d’un nouveau poste crée par décision du cardinal André Vingt-Trois. En quoi consiste-t-il ?
Père Philippe Desgens : En effet, il s’agit d’un tout nouveau poste crée par l’archevêque de Paris. Cette nouvelle mission qui s’offre à moi entre en cohérence avec mon expérience d’aumônier des artistes du spectacle. C’est un domaine que j’affectionne et dans lequel je souhaite m’impliquer davantage, même si mes nouvelles missions s’orientent plus particulièrement vers les arts visuels. À travers ce nouveau poste, l’idée est de créer de grandes initiatives artistiques au service de l’évangélisation. Dans le diocèse de Paris, il existe de nombreuses associations et structures qui organisent des évènements dans ce sens : expositions d’art contemporain dans les églises, conférences etc. Je pense, notamment, à “Art, Culture et Foi” mais aussi aux Collège des Bernardins. Seulement, ces initiatives ne sont pas toujours très visibles car chacun travaille dans son coin. L’idée est de faire rencontrer ces différents acteurs, religieux ou laïcs, afin qu’ils créent des initiatives communes.
Comment pensez-vous faire travailler ces différents acteurs ensemble ? Chacun ayant ses spécificités et, même, sa propre conception de l’art contemporain.
Je ne suis pas là pour tout révolutionner. L’idée est vraiment de rassembler les différents acteurs autour d’une table et que chacun présente ses initiatives pour comprendre pourquoi ils le font et surtout comment. Le but est de s’enrichir des expériences de chacun, mais aussi ensuite, de les convaincre du bien fondé de réaliser des choses ensemble. Je souhaite réellement créer une synergie afin que la pastorale du diocèse de Paris ait un axe commun et soit donc plus visible. Il est important de juxtaposer les initiatives proposées, pas pour tout unifier, mais pour créer plus de cohérence.
Pensez-vous que l’art et la culture puissent réellement être des outils d’évangélisation ?
J’en suis persuadé même si la mission est difficile. À travers l’art, on peut réussir à faire que les gens soient touchés par le message évangélique. Beaucoup entrent dans les églises comme s’ils visitaient le musée du Louvre, il n’y a pas de démarche de foi. Ce que nous voulons, c’est qu’à travers la création artistique, leur cœur soit touché par quelque chose de plus grand.
Les initiatives lancées ont-elles portées leur fruit ? Je pense notamment au Marais Chrétien initiée par Art, Culture et Foi mais aussi aux différentes expositions d’art contemporain présentées dans les églises parisiennes.
Pour le moment, pas beaucoup, il faut l’admettre. Les gens ne s’y retrouvent pas toujours dans l’art contemporain et pour les fidèles, c’est parfois compliqué. Les réactions peuvent être virulentes. Mais les prêtres qui accueillent des artistes contemporains au sein de leur paroisse s’entourent de gens compétents. Art, Culture et Foi n’hésite pas à conseiller les prêtres sur leur choix artistiques. Notons, quand même, que certains curés parisiens s’y connaissent très bien en art — quelqu’uns ont fait des études d’Histoire de l’art avant d’entrer au séminaire — et sont donc à même de discerner les créations intéressantes des “supercheries”.
Avez-vous déjà des idées de projets artistiques ?
Pas encore. Pour le moment, nous sommes dans les balbutiements du projet. L’idée est d’abord de faire connaître ce nouveau poste et créer des rencontres entre les différents acteurs qui sont au service de l’art et de l’évangélisation. Je rêve de créer, un jour, un grand festival d’art chrétien. Le chemin sera long, mais pourquoi pas !
Propos recueillis par Caroline Becker.