Le pape François va béatifier, ce 8 septembre à Villavicencio Pedro, Maria Ramírez Ramos, un prêtre mort en “haine de la foi”.Au premier coup assené, le prêtre diocésain Pedro Maria Ramirez Ramos tombe à genoux et demande pardon pour ses bourreaux avant qu’ils ne l’achèvent : « Père, pardonnez-leur ! », leur dira-t-il avant de s’effondrer. Nous sommes en avril 1948. Les violences et affrontements entre conservateurs et libéraux se déchainent, déclenchées par la mort du dirigeant libéral Jorge Eliecer Gaitan à Bogota. À Armero, où il dirige une paroisse, des émeutes éclatent et le curé se trouve vite pris à parti par les partisans de Gaitan qui accusent l’Église de soutenir les conservateurs et de prêcher la mort des libéraux.
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Pedro se réfugie dans son église mais refuse de s’enfuir et d’abandonner le peuple. Le maire de la ville l’avait prié de ne pas rentrer chez lui, lui disant que cela était trop dangereux pour lui et ses voisines, des religieuses qui conservaient le Saint Sacrement. Il n’écouta pas ses conseils, se sentant responsable de la sécurité du Saint Sacrement — devant lequel il allait souvent prier — et des religieuses. Le 10 avril, trainé sur la place centrale au milieu des insultes et des coups, il fut lynché et son corps frappé à coups de machette. Les insurgés criaient : “Le prêtre ne doit pas mourir d’un simple coup de feu, mais d’une mort plus douloureuse, spectaculaire”. La dépouille mortelle de Pedro demeurera sur la place jusqu’à minuit, puis traînée à l’entrée du cimetière dans une fosse, privée de la soutane, rapporte l’agence Fides, empêchant ensuite les fidèles de lui offrir une sépulture chrétienne durant une dizaine de jours.
“Je veux mourir pour le Christ”
Pedro Maria Ramirez n’avait que 49 ans. Face à ses assassins, le père Ramirez a crié : “Père, pardonne-leur… tout pour le Christ”. Ce furent ses dernières paroles, sublime prière de pardon et d’amour. De son vivant, Pedro avait une réputation de sainteté. Tout le monde avait foi en lui, disent des habitants qui l’ont connu. En le béatifiant, l’Église reconnaît sa foi vécue avec “héroïsme”, son martyr en “haine de la foi”. Les restes de sa dépouille sont au cimetière de La Plata, son village natal, à environ 400 km d’Armero. Il est devenu, depuis, un lieu de pèlerinage. Fin août dernier, une longue et dense procession a accompagné la translation de ses reliques, du cimetière principal jusqu’à l’église de San Sebastián de La Plata, en vue de sa béatification.
Deux béatifications symboles
Les béatifications du père Ramirez et de Mgr Jaramillo seront assorties d’une grande rencontre de prière pour la réconciliation nationale au Parque Las Malocas. La Colombie panse actuellement ses plaies après 60 ans de guerre fratricide qui a fait au moins huit millions de victimes.
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