Le Saint-Père encourage tous « les pasteurs légitimes du Christ » à ne pas avoir peur de clamer la vérité de Dieu.Devant les évêques colombiens le 7 septembre, à Bogota, le pape François a appelé l’Eglise a encourager la société à “suivre les principes évangéliques”, à “sortir de la corruption et répudier les méthodes violentes, la misère, les disparités, élever la voix contre tout ce qui nuit au respect de la vie et à la dignité de l’homme”… Mais surtout faire tout cela en se sentant “libre de parler au cœur de tous”. Car l’Église, a-t-il rappelé, “n’est intéressée par rien d’autre que la liberté de prononcer la Parole de Dieu”. Cette liberté, le Saint-Père la prend en tant que chef de l’Église catholique et souhaite qu’elle soit prise par tous “les pasteurs légitimes du Christ” sur le continent latino-américain et dans le monde.
La vérité de Dieu avant tout
La Colombie “a besoin de votre regard d’évêque pour la soutenir dans ses premiers pas vers la paix définitive, la réconciliation”, a exhorté le souverain pontife, elle « a besoin de votre soutien pour consolider la res publica qui exige “l’éradication de la pauvreté et des inégalités”. Oui, la Colombie, a-t-il poursuivi, a le droit d’être interpellée par la vérité de Dieu, qui répète sans cesse : “Où est ton frère ?” (Gn 4, 9)”.
Cette question de Dieu doit être posée “même quand celui qui l’écoute ne peut que baisser le regard, confus, et balbutier sa propre honte de l’avoir vendu, peut-être au prix d’une dose de stupéfiant ou d’une idée équivoque de raison d’État, peut-être à cause de la fausse conscience que la fin justifie les moyens”. Les chemins sont raides et les solutions pas évidentes, mais en suivant “la petite lumière humble des yeux du Ressuscité”, et en écoutant “la voix de l’Époux qui susurre dans les cœurs”, ils sauront discerner dans chaque incertitude la “juste direction” à prendre.
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Gardiens du “premier pas”
“Vous voyez de vos propres yeux et vous connaissez comme peu de personnes la déformation du visage de ce pays ; vous êtes les gardiens des pièces fondamentales qui l’unifient, malgré ses lacérations. Et c’est pourquoi la Colombie a besoin de vous pour se reconnaître… pour se pardonner réciproquement malgré les blessures pas tout à fait cicatrisées, pour croire qu’un autre chemin est possible même lorsque l’inertie pousse à répéter les mêmes erreurs”, a poursuivi le Pape.
Les évêques ne sont ni des techniciens ni des politiciens. Le Christ est “la parole de réconciliation” écrite dans leurs cœurs. Ils doivent se sentir libre de la prononcer, directement “dans le cœur des personnes, dans le secret caché de leurs consciences” avec “la fragile, humble, mais invincible ressource de la miséricorde de Dieu, la seule capable de vaincre l’arrogance cynique des cœurs autoréférentiels”. Et d’insister avec force : “Les alliances avec une partie ou une autre ne servent pas, mais la liberté de s’adresser aux cœurs de tous… Vous avez là l’autonomie pour inquiéter, vous avez là la possibilité de soutenir un changement de direction”.
Valable pour tous
Dans la complexité du visage de cette Église colombienne, le Pape n’entendait ni apporter de recettes aux évêques, ni leur laisser une liste de tâches mais tout simplement leur donner la sérénité de réaliser dans la communion leur lourde mission de pasteurs. Sérénité et “passion” qu’il a souhaité aux évêques de toute l’Amérique latine en recevant plus tard les 60 membres de la direction du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), les invitant à mettre de la passion dans leur cœur, dans tout ce qu’ils font, comme de “jeunes amoureux et vieux sages”, capables de transformer les idées en “utopies viables”. Dans cet objectif, il les invite à jamais se lasser de “construire des ponts, abattre des murs, intégrer la diversité, promouvoir la culture de la rencontre et du dialogue, éduquer au pardon et à la réconciliation, au sens de la justice, au rejet de la violence et au courage de la paix”.
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