Après la confirmation du voyage du Pape du 27 au 30 novembre prochain au Myanmar (ex-Birmanie), Antoine Besson, de l’association Enfants du Mékong, revient sur les signes d’espoir perceptibles dans ce pays à l’histoire encore compliquée. C’est une très grande nouvelle pour nos frères chrétiens de Birmanie. Le Pape a confirmé fin août son intention de venir rencontrer la petite Église birmane. Mais pas seulement, a précisé par ailleurs le secrétaire de la toute nouvelle nonciature, le Pape vient aussi en tant que « messager de paix universelle » rencontrer tous les Birmans.
Un pays exsangue et désuni
C’est un bel espoir pour la réconciliation du pays. Depuis près de dix ans qu’Enfants du Mékong travaille en Birmanie, nous sommes témoins de l’extraordinaire dynamisme dont font preuve quelques Birmans engagés en faveur de la paix et de l’éducation. C’est un pays qui a connu 50 ans d’une dictature qu’on peine à imaginer ici en Occident. Une dictature militaire qui n’a pas hésité à affaiblir volontairement le niveau scolaire pour garantir sa stabilité à la tête du régime tout en provoquant de nombreux conflits ethniques qui durent encore aujourd’hui. Un vieil homme de Myitkyina nous disait il y a quelques mois : « La junte a endormi la terre birmane pendant plus de cinquante ans ! Faire sombrer un pays est si facile… ».
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Au cœur des ténèbres, l’espoir
Mais la journée internationale de l’alphabétisation, célébrée le 8 septembre, nous donne l’occasion de penser à ceux qui agissent dans l’ombre, sans faire de bruit, mais qui font réellement bouger les lignes, plutôt que de s’arrêter sur les catastrophes et les drames que connaît encore ce pays qui ne fait que commencer son long chemin vers la démocratie. Ce sont ces prêtres de l’État Kachin qui protègent les enfants en les cachant dans des centres scolaires pour qu’ils ne deviennent pas enfants soldats, ce sont des religieuses qui ont ouvert il y a quelques années une formation académique et humaine destinée aux futurs professeurs pour essayer de relever le niveau de l’éducation birmane. Ceux qui changent la donne ce sont aussi les jeunes birmans comme Hkan San, des Chin Hills issue d’une famille pauvre et nombreuse qui a force de courage et de détermination, parrainé par Enfants du Mékong, a réussi un parcours scolaire brillant et monte aujourd’hui des programmes de développement dans sa région d’origine. La liste de ces bonnes volontés est infinie. Aujourd’hui l’espoir est au cœur de la Birmanie. Il est fragile mais il est là. Notre mission est de le soutenir, de l’encourager. Gageons que le Pape aussi aura un mot pour tous ces artisans de paix en novembre prochain !
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