Sœur Theresa Aletheia Noble publie régulièrement des chroniques pleines d’humour pour la version anglophone d’Aleteia. Dans la dernière, elle a établi le top 10 des réflexions les plus communes que son état religieux inspire à ses contemporains et qui parfois peuvent se révéler… irritantes !Avant d’entrer dans le vif du sujet il importe, avant tout, de préciser que mon statut de religieuse me permet de multiplier les rencontres. Les gens sont souvent très gentils. Et beaucoup sont souvent très heureux d’échanger avec une sœur. Des personnes venues d’horizons très différents, aux convictions parfois diamétralement opposées, nous montrent leur affection sincère. Des athées, des musulmans, des bikers, d’anciens chrétiens, des punks…
Et ce n’est pas surprenant quand on y songe. Les enfants savent qu’ils peuvent rentrer à la maison et dire à leurs mamans les choses les plus choquantes, décevantes ou scandaleuses, mais qu’ils seront toujours aimés néanmoins. Je pense que c’est la raison pour laquelle les gens se sentent à l’aise avec nous. Ils savent que nous sommes du même bois que les mamans : nous aimons d’abord, nous posons des questions ensuite.
Le revers de la médaille, c’est qu’au milieu de tous ces échanges affectueux et enrichissants se glissent également quelques conversations aussi pénibles que prévisibles. Florilège.
1 – « Vous avez tellement de chance : tout ce que vous avez à faire, c’est prier toute la journée… »
En fait non. Pas du tout. La plupart d’entre nous exercent un métier comme vous. Simplement, en plus de ces activités, nous prions quelques heures chaque jour.
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2 – « Pourriez-vous faire ceci ou cela pour moi, vous qui avez beaucoup de temps libre ? »
Cf. réponse n°1.
3 – « Waouh. Que vous êtes belle ! »
Pourquoi les gens sont-ils si étonnés de voir des jeunes femmes attirantes choisir d’épouser le Créateur de l’Univers. Je dis bien « le-Créateur-de-l’Univers ». Il n’est pas une femme sensée qui écarterait une telle proposition.
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4 – « Mais vous êtes si jeune… »
Par « jeune », voulez-vous dire naïve, ou incapable de réaliser que l’on renonce aux relations sexuelles pour la vie ? Si c’est le cas, reportez-vous à la réponse n°3. Nous consacrons notre vie au créateur du sexe ! Croyez-moi, nous ne sommes pas près de l’oublier.
5 – « Mais vous avez douze ans ! »
Une chose que vous devez savoir à propos des religieuses, c’est qu’elles font toujours bien moins que leur âge. On recherche la fontaine de jouvence depuis la nuit des temps, alors que la solution est là, évidente ! Nous prions. Beaucoup. Oubliez les crèmes anti-âge ou à effets lissants. Priez.
6 – « Vous aussi, vous faites partie du mouvement génial des “femmes-prêtres” » ?
« Femmes-prêtres » ? Kézako ? L’état religieux tel qu’il existe ne nous apporte pas une satisfaction relative : c’est une joie immense pour nous. Ce n’est pas parce que nous sommes parfois jeunes que nous devons nécessairement être rebelles et dans l’air du temps. En fait si, nous sommes rebelles et branchées, mais pas de cette manière !
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7 – « Vous avez été élevée dans une cave, suivi l’école à la maison et vous n’aviez jamais rencontré un garçon avant de prononcer vos vœux, n’est-ce pas ? »
Soyons honnêtes, les choses ne sont pas tout à fait formulées ainsi. En revanche, j’ai souvent pu lire dans les yeux de certains : « Encore une des saintes Nitouche qui a été couvée dans sa petite famille bien catholique ». En l’occurrence, il n’y a rien de honteux à avoir été scolarisée à domicile (ce fut mon cas pendant trois ans) ou d’être issue d’une famille catholique unie (c’est aussi mon cas). Simplement, il est caricatural et méprisant de considérer que quiconque embrasse l’état religieux provient de tels milieux.
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8 – « Vous êtes si mignonne » !
Un jour, une sœur de notre communauté s’est rendue dans un bric-à-brac voisin pour faire un achat. Sur place, elle est tombée stupéfaite sur sa propre photo, collée sur des dizaines de tasses qui étaient à vendre. Je ne plaisante pas. Nous, les sœurs, nous n’apprécions guère que l’on nous qualifie de « mignonnes ». Nous ne sommes ni des sortes de poupées, ni des animaux craquants dans un zoo. Et nous apprécions encore moins lorsque l’on utilise des photos de nous pour des tasses ou des calendriers, sans demander notre autorisation, comme si nous étions des arguments de vente pour écouler de la pacotille.
9 – « Vous n’avez jamais entendu parler de tel ou tel sujet ? Mais vous êtes bien une religieuse catholique ?! »
Je ne saurais vous dire combien j’ai pu entendre ce type de phrase ! Et mes interlocuteurs sont sincèrement choqués par telle ou telle de mes lacunes. Comme si j’étais une encyclopédie sur pattes pour traiter toutes les questions qui touchent la foi de près ou de loin, des apparitions mariales à l’organisation ecclésiale en passant par la traduction latine.
10 – « Quel gâchis… »
Je peux comprendre que des athées puissent faire ce genre de commentaires, mais je suis sidérée qu’ils puissent provenir de personnes qui déclarent croire en Dieu. Musulman, hindouiste, juif, chrétien… Qu’importe. Si l’on croit en Dieu, quoi de plus important que de vivre pour Lui. Et si l’on est invitée à vivre totalement pour Lui, comment dire non ?
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