L’organisation terroriste cible l’église luthérienne, symbole de la réunification allemande, dans le dernier numéro de l’un de ses magazines de propagande.Dans son numéro d’août 2017, Rumiyah, magazine en ligne, de l’État islamique (EI) publié dans plusieurs langues (anglais, allemand, russe, français, etc.), cible l’église Notre-dame de Dresde (Dresden Frauenkirche). Comme le rapporte la presse anglo-saxonne, ce média a publié une photo de la célèbre église luthérienne avec comme titre « Just Terror Tactics » et en légende : « Le lieu de rassemblement populaire des croisés, attendant d’être brûlé ». Le magazine indique également que les églises comme la Frauenkirche sont des « lieux d’attaque optimum » en raison de leur proximité avec des boîtes de nuit, des restaurants ou encore des bars.
Les églises sont considérées comme des sites vulnérables et la sécurité autour d’elles s’intensifie, notamment depuis l’attentat de Barcelone. La cathédrale de Cologne, qui attire des centaines de milliers de touristes par an est particulièrement surveillée par les forces de l’ordre allemandes, qui expliquent être « au courant de la situation ». L’expert en terrorisme Peter Neumann, du London’s King’s College précise, d’ailleurs, au quotidien Bild que « les terroristes mettent davantage l’accent sur ces objectifs ». « C’est choquant, poursuit-il, mais cela marque et impose l’idée d’une confrontation religieuse. » Dans les colonnes du même journal, le chef de la police de Dresde Horst Kretzschmar affirme « oui, nous le savons. Il y a un danger abstrait et nous sommes préparés pour cela ». L’Allemagne est alerte depuis que le terroriste de Daech, Anis Amri, a détourné un camion à Berlin le 19 décembre dernier et l’a conduit à une foule du marché de Noël. Il a couru à travers l’Europe avant d’être abattu le 23 décembre 2016 à Milan, en Italie.
Achevé en 1743, Notre-Dame de Dresde est l’une des plus célèbres églises luthériennes allemandes. Complètement détruite lors du bombardement de Dresde, qui a fait entre 25 000 et 40 000 morts civils, les 13 et 14 février 1945, l’église reste longtemps en ruine à l’issue de la seconde guerre mondiale. Dresde se trouve en RDA et le régime communiste n’a aucune envie de relever le sanctuaire. Il faut attendre la réunification de l’Allemagne pour qu’un projet de réhabilitation voit le jour. À partir de 1994, le bâtiment est reconstruit à l’identique avec d’anciennes pierres de l’église. Ces dernières se démarquent par leur couleur foncée, dur au vieillissement, alors que les nouvelles pierres, majoritaires, sont de couleur claire. Cette église que l’on surnomme le « Saint-Pierre du protestantisme » avait finalement été inaugurée le 30 octobre 2005, en présence de nombreuses personnalités allemandes et internationales. Elle est depuis un symbole de la réunification allemande.