La pleine conscience est à la mode. De nombreux livres mettent en avant cette méthode pour mieux vivre au quotidien. Elle peut aider, promettent-ils, à éduquer un enfant, faire face à la maladie, évoluer sereinement dans un cadre professionnel, se sentir bien. En invitant à se reconnecter à nos besoins de chaque instant, elle est une réponse au stress généré par le rythme de vie d’aujourd’hui.
L’alimentation a fait les frais de cette accélération : le temps passé à cuisiner et à prendre ses repas diminue sans cesse. Elle subit aussi de plein fouet les messages multiples et souvent contradictoires envoyés par la publicité. Certains aliments sont définis comme bons, d’autres comme absolument mauvais. Des silhouettes sont présentées comme des modèles de perfection à atteindre, indépendamment des caractéristiques physiologiques de chacun. De nouveaux régimes sont présentés chaque année. Ils perturbent l’équilibre alimentaire, font reprendre du poids et cassent la confiance en soi. Finalement, l’alimentation est devenue un problème pour beaucoup. C’est un comble pour l’un des besoins élémentaires de l’être humain. Ce qui devrait être simple est devenu compliqué.
Mais désormais, avec l'alimentation consciente, on peut en finir avec l’alternance des régimes et de la malbouffe. Cette nouvelle méthode dérive du mouvement de la pleine conscience qui invite à se reconnecter avec soi, avec son corps. Lilou Macé, auteur avec son père du "Défi des 100 jours. Cahier d’exercices pour une alimentation consciente", aux éditions Trédaniel, en explique le principe et donne ses conseils pour s’y mettre.
Aleteia : Qu’est-ce que l’alimentation consciente ?
Lilou Macé : L’alimentation consciente permet de retrouver une alimentation personnalisée en fonction des besoins de notre corps. Il s’agit de manger avec ses sens, de savourer et de déguster. Petit-à-petit, la liberté et l’écoute du corps se retrouvent, sans être terrorisés par des contraintes issues de régimes ou de restrictions. On retrouve ainsi une alimentation saine et une attitude de bienveillance entre soi-même et la nourriture.
S’adresse-t- elle à tout le monde, quel que soit son style de vie, son état intérieur (bouleversements émotionnels, stress, etc.) et extérieur (fatigue, charge de famille, travail etc.) ?
C’est une façon de manger unique à chacun, respectueuse et non dictée. On ne suit pas un guide du "comment faire" mais on retrouve pas à pas la sagesse de son corps et sa liberté alimentaire. La nourriture devient ainsi cohérente avec son style de vie, son corps, ses besoins. Elle n’est plus dictée par des magazines ou des régimes créés par des gourous de l’alimentation.
Quels sont ses effets ?
Pour moi, elle rime avec plaisir, créativité et joie de vivre. Je ne ressens plus toute la culpabilité qui m’accablait auparavant. Aujourd’hui, je m’autorise à manger de tout et mon plaisir augmente, ma silhouette se dessine. Dans un premier temps, j’ai changé ma façon de manger mais pas ce que je mangeais. J’ai ensuite pu ajouter de nouveaux ingrédients, manger de manière plus diverse et harmonieuse en fonction des saisons et des produits locaux.
En se rapprochant des producteurs et des produits savoureux, la consommation consciente commence à se mettre en place. On cuisine aussi beaucoup plus par choix. Tout vient de l’intérieur, de soi et non de ce qui nous est dit. On retrouve ainsi sa liberté non seulement alimentaire mais aussi sociale. Cela influence positivement de nouveaux aspects de la vie. J’adore !
Comment se mettre à l'alimentation en pleine conscience ?
Pour commencer à manger en pleine conscience, pensez à manger sans distractions (téléphone portable, livre, télévision) afin d’être plus présent à ce que vous mangez. Prenez votre temps pour apprécier chaque bouchée et savourer. Quand vous avez la sensation que vous êtes plein à 80 %, arrêtez de manger. Le Hara Hachi Bu est un terme venant du Japon qui nous propose d’arrêter de manger avant d’être plein.
Comme le cerveau met vingt minutes avant de comprendre que l’estomac est plein, et que nous mangeons trop vite, nous mangeons souvent en excès. Être à l’écoute de son corps devient une pratique quotidienne. Chaque matin, vous pouvez vous demander : "mon corps aujourd’hui me dit que…" et compléter la phrase. Peut-être a-t- il besoin de boire, de repos, de fruits, que vous preniez soin de lui ? Laissez-le vous parler. Retrouvez cette connexion intime avec lui, tel un ami.
Ne risque-t- on pas de perdre le côté social du repas à force de se concentrer sur ce que l’on mange ?
L’idée est d’être présent et d’apprécier ce qui est. Il n’est pas question de devenir obsessionnel mais de savourer. Nous pouvons donc manger avec d’autres. Tout devient un terrain d’observation et d’apprentissage. L’idée n’est pas de faire un sans-faute mais d’adopter une attitude bienveillante et en conscience. Nous pouvons donc aller au restaurant et commander sur le menu ce que l’on souhaite, ce qui nous fait envie, ce que notre corps souhaite manger. C’est une découverte où l’on sort des automatismes. Cela ne veut pas dire finir son assiette. Nous prendrons notre temps pour apprécier chaque bouchée et écouterons notre faim tout en savourant.
Les 12 conseils pour se mettre à l’alimentation consciente
2. Écouter la sagesse de son corps
3. Cuisiner ses repas
4. Avant de manger, être dans une attitude de remerciement et de gratitude
5. Créer des rituels alimentaires pour s’alimenter plus consciemment : préparer une belle table, poser sa fourchette régulièrement, allumer une bougie pendant le repas etc.
6. Manger sans rien faire d’autre (téléphone portable, télévision, livre etc.)
7. Prendre le temps de manger
8. Manger avec les 5 sens : sentir, regarder, goûter, écouter, toucher
9. Prendre le temps de mastiquer
10. Profiter de l’instant présent
11. Avoir une attitude bienveillante. Ne pas juger ses automatismes, ses habitudes, ses envies
12. Se rapprocher de la nature, marcher en forêt, à la mer, à la montagne…
Le défi des 100 jours (éditions Trédaniel) de Lilou Macé et Jym Macé.