Les inquiétudes concernants les hôpitaux appartenant à la branche belge de la congrégation des Frères de la Charité de Gand se poursuivent.Les affaires se multiplient autour de la question de la fin de vie depuis quelques mois et inquiètent le pape François. Il y a d’abord eu le décès du petit Charlie Gard, nourrisson anglais britannique souffrant d’une maladie génétique incurable, qui a été débranché par ses médecins après qu’ils aient jugé ses chances de survie. Le souverain pontife avait alors été ému par l’affaire et avait appelé à soutenir la famille dans la prière. Dans le même temps, l’Italie a rouvert le débat, avec un projet de loi qui aurait pour objectif de réaligner les transalpins sur les législations françaises et danoises. Depuis le début du mois d’août, c’est la Belgique, et plus précisément la congrégation des Frères de la Charité de Gand, qui inquiète le Saint-Siège.
La branche belge de la congrégation a donné, en mars dernier, son feu vert à la pratique de l’euthanasie dans ses centres hospitaliers. Le pape les a alors menacés, le 11 août dernier, de leur retirer leur identité catholique. Le 14 août, le frère René Stockman, supérieur général des Frères de la Charité, s’est expliqué sur sa fermeté, soutenue par le Vatican, à l’égard des hôpitaux émanant de la congrégation et qui pratiqueraient des euthanasies, dans un entretien accordé au quotidien catholique italien Avvenire. L’agence I.Media rapporte que le frère Stockman a écrit à trois de ses confrères, qui siègent au conseil d’administration des hôpitaux, afin de leur rappeler, en accord avec le secrétaire d’État au Vatican, le cardinal Pietro Parolin, les quatre points sur lesquels il ne peut y avoir de « compromis ». Parmi eux, y figurent notamment le respect « absolu » de la vie et le refus de l’euthanasie comme une « solution » à des malades sans espoir de guérison. Ces principes doivent s’exercer dans les hôpitaux qui « se disent liés » à la congrégation des Frères de la charité, sous peine de perdre leur appellation catholique.
Une majorité de non-religieux dans l’administrations des hôpitaux
Cependant, tout n’est pas simple. Si le Pape décide de les excommunier, sa décision doit être appliquée dans un délai d’un mois et ne s’exercer que sur les seuls religieux. Or, sur les 14 administrateurs, 3 seulement appartiennent aux Frères. Les non-religieux, largement majoritaires, gardent ainsi au plan juridique un droit de vote dépourvu de toute contrainte, hormis morale. Herman Van Rompuy, ancien président du Conseil européen et administrateur de l’un des hôpitaux a réagi sur Twitter. Pour lui, « le temps de “Roma locuta, causa finira” — Rome a parlé, la cause est entendue — est désormais loin derrière nous ». Le conseil d’administration des hôpitaux se réunira le 11 septembre prochain. La réponse à apporter aux demandes du supérieur de la Congrégation et du Vatican devrait alors être examiné.
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