On dit que les maux du corps seraient en fait les mots de l’âme. Qui n’a jamais entendu parler du terme "somatiser" ? Quand une personne somatise, son corps rend conscient ce qui était jusque là inconscient. Effectivement, en jouant un peu avec les mots, on peut remarquer que dans maladie, on peut lire le "mal-a-dit". Le corps tente donc de nous faire passer des messages exprimant des petits troubles temporaires ou des grandes pathologies.
Les maladies ont un sens
Il est important de comprendre que les maladies ont un sens et qu’elles ne proviennent pas uniquement d’éléments extérieurs, de malencontreuses rencontres avec des microbes ou de simples dysfonctionnements mécaniques sans autre logique. Cette idée fait son chemin depuis des années et plusieurs recherches commencent à établir des liens entre le mental et le physique.
En effet, avec le développement par exemple de la psychogénéalogie, c'est-à-dire l’étude des origines familiales des maladies, il semblerait que la fatalité prenne un sens et que nous portions parfois le poids des fardeaux d’autres membres de nos familles via des problèmes et croyances héritées. Il serait ainsi possible, en identifiant l’origine profonde de nos maladies au-delà des simples faits mécaniques et scientifiques, de se défaire des petits maux quotidiens et de combattre des maladies plus conséquentes.
Les émotions à la direction du corps
Au cours de nos vies, nous avons tous déjà pu remarquer que les émotions sont accompagnées de modifications physiologiques : palpitations, augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle, nausées, vertiges, troubles du transit, rétention d’eau, mictions fréquentes...Que cela soit la colère, la peur, l’angoisse, la joie, la surprise, la peine, l’excitation ou le stress, chaque personne est capable de désigner un signe physique qui accompagne le ressenti d’un de ces sentiments. Cela relève de l’instinct et certains de ces sentiments justement peuvent nous sauver la vie, comme le stress ou la peur.
Différentes maladies peuvent découler de ces émotions enfouies : asthme, ulcères, eczéma... n’en sont que des exemples. Quand on sait à quel point ce que l’on ressent peut influer sur le fonctionnement de nos corps, il ne semble pas étonnant qu’à long terme, des pathologies puissent en naître. Les professionnels expliquent que ce ne sont pas directement les émotions les coupables de nos maux, mais plutôt leur accumulation et leur stagnation. En effet, il n’y a rien de mal à ressentir des émotions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, c’est naturel. Elles sont légitimes et sont à la source de nos impulsions vitales. Sans leurs mouvements, nous serions incapables de participer à la vie. Ce qui les rend toxiques, c’est leur tendance à demeurer et s’entasser.
Il convient donc, afin d’entendre notre corps, non pas d’éviter de ressentir des sentiments forts, bons ou mauvais, mais plutôt d’apprendre à les accepter, à les laisser s’exprimer. En arrivant à accueillir une émotion, en la reconnaissant et en l’acceptant, nous arriverons à la transformer en énergie et à en tirer de la vitalité. Par exemple, éprouver du chagrin peut arriver, laissez-vous aller à pleurer, sortir ce qui vous taraude, laissez l’émotion s’exprimer le temps qu’il faudra. En laissant ce temps à votre corps, vous vous sentirez soulagé, entendu, compris et saurez mieux prendre le dessus en évitant l’accumulation qui pourrait mener à des conséquences plus importantes.
Trois blessures à l’origine de la somatisation
Pour le professeur Bernard Herzog, médecin et psychothérapeute, somatiser est désormais un fait scientifique incontestable. Selon lui, il existe trois types de blessures à l’origine possible de la somatisation. Les blessures environnementales : tout ce qui touche au relationnel professionnel, amical, familial, ainsi que les chocs, stress, agressions... Les blessures d’orgueil : nous retrouvons ici les séquelles d’humiliations, vexations, frustrations, violences psychologiques. Les blessures héréditaires et familiales : il a été démontré que des empreintes des troubles s’inscrivent dans l’ADN et le génome, c’est ainsi que l’on peut retrouver des familles de cancéreux, d’angoissés...
Les sources de nos maux peuvent donc se situer autour de nous ou bien loin dans notre passé, personnel ou familial. Il est intéressant de connaître les évènements majeurs de nos vies et de celles de notre famille, de les garder en tête et de pouvoir les relier si besoin avec des maux et sentiments stagnants dans notre vie actuelle.
Jean-Mary Jackono, ostéopathe, peut témoigner de beaucoup de cas de somatisation. Il se rappelle notamment de l’histoire de cette dame ayant des entorses à répétition. Après s’être étonnée de leur fréquence, elle a remarqué qu’elles survenaient toujours à la même période de l’année, en novembre. Suite à une réflexion, le lien a été établi avec la mort de son fils lors d’un accident de voiture, plusieurs années auparavant, à cette même période. Son corps lui envoyait donc un signe mécanique, prouvant qu’elle n’avait ainsi toujours pas fait son deuil. Ce n’est qu’une des nombreuses histoires que cet ostéopathe a pu voir dans son cabinet.
Écouter son corps
Alors, comment savoir entendre ce que notre corps essaye de nous dire ? Dans un premier temps, lorsqu’apparaît une douleur, une maladie, posez-vous des questions. Est-ce la première fois ? Est-ce dû à une activité physique intense que j’ai fait récemment ? Peut-elle se justifier par un effort particulier ou un risque que j’ai pris ? Est-ce que cela arrive aux alentours d’une date anniversaire ? Où en est ma vie actuellement ? Qu’ai-je en tête, qu’est-ce qui me travaille ou me cause du souci ?
En effet, les réponses pourront déjà vous orienter sur l’éventuelle origine psychologique de ces tracas physiques. À titre d’exemple, les problèmes de peau sont assez typiquement des soucis somatisés. En effet, la peau est la barrière entre le monde intérieur et le monde extérieur : psoriasis, herpès, eczéma... Le fait qu’elle aie des problèmes montre une rupture de l’équilibre entre notre for intérieur et l’environnement externe.
De plus, comme le précise Jean-Mary Jackono à nouveau : ce n'est pas un hasard d'avoir mal au dos, quand cela fait un bout de temps qu'on dit "j'en ai plein le dos". Ces gens sont très présents pour les autres, s’occupent peu d’eux-mêmes, ils se "plient en quatre" et en ressentent les douleurs physiques. Nos paroles également peuvent ainsi nous orienter, ou même nos comportements : les gens voûtés sont souvent des personnes qui, comme on dit, "portent le monde sur leurs épaules". Dans la même idée, quelque chose qui nous "prend par les tripes" va souvent être accompagné de troubles digestifs, une autre qui nous "prend la tête" viendra avec des céphalées.
D’autre part, comme nous en avions parlé au début, il ne faut pas oublier d’identifier les émotions qui nous viennent, de les comprendre et les laisser s’exprimer. Ceci nous permettra d’éviter une accumulation et d’être plus à l’écoute de notre corps. En développant cette écoute et observation, nous apprendrons aussi à voir et entendre éventuellement les messages des autres personnes qui nous entourent et de les aider à leur tour à s’écouter plus profondément. Notre corps est un allié et comme dans toute relation, ne l’oublions pas, ce qui prime, c’est la communication !