En Syrie, à Damas, en ces temps difficiles, créer, aider et restructurer deviennent les mots d’ordre des associations telles que Al Sakhra (le Rocher) et SOS Chrétiens d’Orient, toujours présentes sur place. Au bout de deux ans de travail, de recherche et de dévouement, l’Institut professionnel d’architecture traditionnelle a finalement ouvert ses portes en juillet 2017 aux amoureux du patrimoine cultuel syrien, de sa beauté et de son harmonie originelles.
« Le vieux Damas est une réserve de trésors cachés, et sa restructuration est une richesse culturelle ». C’est avec ces mots que commence son intervention Naim Zabita, ingénieur architecte de la Maison de la culture, spécialisé dans la restauration de l’architecture traditionnelle, et ami de l’association Al Sakhra (le Rocher), qui a soutenu le projet.
« C’est toujours avec joie et beaucoup de plaisir que je travaille. L’architecture traditionnelle damascène est une école à part entière qui utilise des techniques et des matériaux très spécifiques. Nous les avons utilisés pour la restauration des boutiques du Souk de la Rue Droite, pour celle de beaucoup de maisons dans le quartier de Hamidiyé et maintenant à l’Institut. »
C’est une jolie bâtisse du XVIIIe siècle, de trois étages, à laquelle des parties architecturales du XXe siècle ont été rajoutées. Là, Naim nous confie :
« Il fallait commencer par démolir toute partie étrangère pour retrouver l’aspect initial de la maison, puis par récupérer les belles fresques cachées, découvertes derrière les murs, à la grande surprise des intervenants, et ce n’est qu’ensuite que la restauration commence : on doit traiter en premier le plafond abîmé par l’humidité et les facteurs naturels, puis s’en suivent les finitions et les phases techniques, qui sont très délicates à réaliser. En fait c’est un très grand chantier mais qui mérite tous nos efforts ».
L’implication de Al Sakhra dans la survie du patrimoine national
C’est à l’initiative de Al Sakhra que cet institut a pu voir le jour finalement en juillet 2017 après deux ans de travail, interrompu tantôt par les intempéries, tantôt par les mortiers qui ravageaient la ville, tantôt par des soucis administratifs.
Cette association, née en avril 2014, qui œuvre par tous ses moyens à l’enracinement des Syriens en Syrie, à la sauvegarde de leur identité nationale, et à la survie du simple citoyen syrien délogé et frappé par le chômage et le désespoir, ambitionne de reconstruire la société syrienne : son éducation, son économie et son patrimoine.
L’Institut professionnel d’architecture traditionnelle est la dernière des réalisations de l’association. Dans le cadre de son travail sur l’héritage culturel syrien, il va redonner vie au vieux Damas. Il va permettre de restituer le patrimoine de ce pays, en n’utilisant que des produits artisanaux dans ses ateliers, et en créant des opportunités de travail aux jeunes syriens, originaires essentiellement de Saddad et Maaloula, car, c’est de ces villages que sont originaires les premiers « spécialistes » en architecture traditionnelle.
« C’est l’opportunité de former une nouvelle génération de jeunes artisans capables de perpétrer cette tradition architecturale. La première vague d’étudiants va s’entrainer sur les différents styles architecturaux traditionnels et va achever complètement la restauration de cette maison en contrepartie de l’enseignement assuré. Ensuite ce lieu accueillera des étudiants qui vont s’entrainer sur d’autres travaux, tels que le traitement des murs, l’habillage en pierre, le carrelage et les décorations murales », poursuit Naim.
“Participer à la réhabilitation du patrimoine syrien”
Pour mener à bien ce projet, Al Sakhra a signé un partenariat avec SOS Chrétiens d’Orient, une association française, intervenant activement en Syrie. Alexandre, le chargé de mission sur place, nous raconte :
« SOS Chrétiens d’Orient s’est engagé dans ce projet avec Al Sakhra afin d’aider les Syriens à préserver leur savoir-faire, et à transmettre ces gestes ancestraux aux futures générations. Cet institut nous tient beaucoup à cœur. Il redonne au vieux Damas son image historique et surtout son charme originel. Une fois l’œuvre achevée, les élèves pourront apprendre les techniques de restauration des bâtiments anciens et participer à la réhabilitation du patrimoine syrien. »
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