Le travail, les activités extra-scolaires, la routine… Tant de choses qui peuvent nous éloigner de nos enfants. Et si on profitait des vacances pour renouer des liens profonds avec notre famille ? Notre collègue américaine nous explique comment elle s’offre une semaine avec ses enfants loin des contraintes du quotidien…Mon petit dernier aime bien oublier ses chaussures. Où que l’on aille -et généralement quand on n’a pas une minute à perdre- il me demande : “Est-ce qu’il faut que je mette des chaussures ?”. La réponse est invariablement oui, mais cela ne l’empêche pas de filer vers la voiture sans rien aux pieds. Ce n’est qu’une fois loin de la maison qu’il réalise que cela pourrait poser problème.
Un de ces soirs où j’ai dû faire précipitamment demi-tour pour cause de chaussures manquantes, j’étais sur tous les fronts et particulièrement irritable. Vous savez, quand on court partout, qu’on parle à toute vitesse, qu’on dégaine à tout va car on n’a pas pris le temps de s’arrêter deux secondes et d’avoir la tête à ce que l’on fait ? Voilà, j’étais dans cet état-là. Et si j’avais été un petit peu plus présente, j’aurais probablement remarqué qu’un certain petit garçon n’avait pas enfilé de chaussures, et qu’aboyer des ordres ne nous aidait pas à partir à l’heure.
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Alors que je lançais une paire de chaussures dans la voiture et que je redémarrais aussi sec pour la énième conduite de la journée, mon fils m’a posé une question qui m’a tout de suite recadrée : “Quand il n’y aura plus entraînement de foot, est-ce qu’on pourra refaire une “semaine maman” ?
Ce que l’on fait quand on n’a rien de particulier à faire
La première édition de la “semaine maman” a eu lieu l’été dernier. Alors que l’année scolaire était finie et que mon mari était encore débordé au travail, j’ai emmené les enfants dans la maison de campagne de mes parents. Nous sommes partis juste tous les cinq, mes quatre enfants et moi. Je redoutais un peu le trajet en voiture seule avec eux, et de devoir occuper quatre petites personnes exigeantes pendant cinq jours.
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Mes inquiétudes n’avaient pas lieu d’être. Les enfants ont été globalement sages pendant le trajet (en tous cas, c’est le lointain souvenir que j’en ai…), puis nous avons passé nos journées en balade ou à jouer à tous les jeux de société de la maison. J’ai fait brûler le dîner et cela nous a bien fait rire.
Nous nous sommes enlisés dans la vase en faisant du kayak et nous avons bien ri aussi. Un jour, j’ai complètement mésestimé le temps de promenade pour faire le tour du lac, le retour s’est donc transformé en épopée dramatique, avec les filles qui râlaient et les garçons qui les amusaient en leur faisant croire qu’elles voyaient dans un mirage des magasins de bonbons où tout était gratuit.
Il y a eu pas mal de ratés cette semaine-là, mais ils m’ont plutôt amusée. Mes enfants aussi, d’ailleurs. Plus besoin de courir partout, de trouver des chaussures… Mes enfants et moi étions dans un mode de vie que j’envie en cette fin d’année mouvementée.
Je n’avais pas prévu que la “semaine maman” devienne une tradition, mais manifestement mes enfants en ont décidé ainsi. Ils adorent leurs différentes activités sportives, leurs cours de musique, mais je crois qu’ils apprécient tout autant voire même plus les jeux de société, les grasses matinées, et une maman un peu moins scotchée au cadran de sa montre.
Alors que l’été a commencé et que je vois toutes ces familles autour de nous avec un programme bien rempli, je me demande si je fais bien de ne rien organiser ou presque. Mes enfants vont-ils être assez occupés ? Seront-ils moins bons dans leurs activités à la rentrée s’ils ne s’entraînent pas ? Allons-nous mourir d’ennui ou bien devenir fous si nos journées ne sont pas planifiées ? Mais quand je commence à avoir des doutes, je repense à mon fils essayant d’enfiler ses petites chaussures oubliées alors que je démarre la voiture et qui en attend plus de moi, même si je suis juste là.
On entend souvent dire à quel point il est important d’appuyer sur notre bouton “RESET” de temps à autres. J’ai le sentiment que c’est aussi important pour nos enfants que pour nous de remettre la machine à zéro. Dans son Manuel des enfants heureux, la pédopsychiatre Katie Hurley écrit : “Les enfants ont besoin de temps pour être des enfants – pour jouer, pour écrire, pour dessiner, pour chanter, pour danser, pour s’amuser. Même si les enfants aiment les activités sportives et artistiques qu’ils font pendant l’année, il est essentiel qu’ils aient assez de temps sans tout cela afin qu’ils puissent simplement explorer le monde qui les entoure.”
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Lorsque nous réinitialisons nos portables, nos jouets ou nos écrans, il arrive qu’un message s’affiche pour nous avertir que nos appareils vont retrouver leurs paramètres d’origine. J’aime à penser que nous faisons de même pendant l’été. En tant que maman d’enfants qui ne sont plus des bébés, je repense à cette période où ils étaient des tout-petits avec tendresse et nostalgie. Nous étions toujours blottis l’un contre l’autre, que je leur chante une berceuse ou que je prie pour qu’ils s’assoupissent assez longtemps pour me laisser prendre une douche, et il y avait une connexion entre nous qui se distend et subit des heurts à mesure qu’ils grandissent.
Je me suis toujours dit que j’étais celle qui souhaitait les voir retrouver leurs “paramètres d’origine”. Mais peut-être qu’ils le souhaitent aussi. Peut-être que la meilleure chose que je puisse leur offrir cet été, ce n’est pas un programme rempli d’activités, mais plutôt une réelle volonté de donner plus de moi. Que ce soit sous la forme d’une “semaine maman” quelque part, ou simplement en leur demandant ce qu’ils veulent faire de leurs journées, j’ai l’intention de tous nous “réinitialiser” cet été. Et je n’ai aucun scrupule à le faire, j’ai même vraiment hâte.
> Cet article est une traduction de la version américaine d’Aleteia