La pratique des sacramentaux est encore très largement répandue : eau bénite, scapulaires, ou encore bénédiction des médailles, des véhicules et des habitations sont pratiqués quotidiennement. Mais la traditionnelle distribution de pain bénit à l’issue de la messe dominicale est quant à elle très largement tombée dans l’oubli.
Ce pain, bénit pendant la célébration eucharistique et distribué à son issue occupait une fonction non négligeable. Au-delà de la convivialité du partage, il marquait la rupture du jeûne eucharistique. Car l’Église prescrit de s’abstenir de tout aliment et boisson à l’exception de l’eau et des médicaments au moins une heure avant de recevoir la Sainte Communion (Can. 919 - § 1). Autrefois, le jeûne prescrit débutait à minuit et les fidèles en bonne santé étaient même invités à se priver d’eau.
Une tradition encore vive dans les églises d'Orient
Le pain était apporté comme une offrande par les fidèles et bénit par le prêtre célébrant, puis consommé au moment de sa distribution et partagé, ou bien ramené à la table du foyer familial. Il faut donc préciser que le pain bénit n’est en rien du pain consacré, l’hostie qui devient véritablement le corps du Christ vivant et est administrée en tant que sacrement lors de la Communion. C’est pourquoi le pain bénit n’est qu’un sacramental mineur, et en aucun cas un sacrement.
Si cette tradition se perd quelque peu dans nos contrées, elle est encore vive dans les églises d’Orient. Car le pain ("prosphore") qui a vocation à être consacré est préalablement découpé lors du rituel de la "proscomidie". Le restant, qui n’est pas destiné à être consacré, est alors bénit lorsque le chœur et l’assemblée chantent le Notre Père, et plus précisément la phrase : "Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour". Le prêtre prend pour ce faire le plateau contenant le pain et touche avec celui-ci la patène et le calice qui contiennent les espèces consacrées. Il est alors servi après la Communion, puis à l’issue de la liturgie.