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Dépoussiérer le catéchisme avec la pédagogie Montessori

PETITE FILLE PRIANT
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Maëlys Létondot - publié le 27/07/17 - mis à jour le 25/10/21
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Votre enfant se rend au catéchisme en traînant les pieds ? Nous avons trouvé la solution !

Votre enfant se rend au catéchisme en traînant les pieds ? Nous avons trouvé la solution !

La catéchèse du Bon Pasteur, présente dans plusieurs paroisses en France, intègre les grands axes de la pédagogie Montessori à l’enseignement de la foi catholique auprès des jeunes enfants. Un mélange intelligent et fructueux.

Une  rencontre personnelle de l’enfant avec Dieu

La catéchèse du Bon Pasteur, qui trouve son origine à Rome dans l’expérience menée par Sofia Cavaletti et qu’elle détaille dans son ouvrage Le Potentiel Religieux de l’Enfant, réutilise les principes de la pédagogie Montessori en la mettant au service de l’enseignement religieux (autonomie, curiosité d’apprendre, prise de confiance en soi, communication, respect de son environnement et de la communauté, etc.).

Elle propose à l’enfant de prendre conscience de sa place réelle d’enfant de Dieu par un enseignement basé sur l’expérience. Les enfants, répartis en groupes selon leur âge (de 3 à 6 ans,  de 6 à 9 ans, et enfin de 9 à 12 ans) participent à différentes activités autour des grands thèmes de l’Église. Ainsi, le principe de cette catéchèse est d’être toujours en mouvement : les enfants n’assistent pas à de grands cours magistraux mais sont stimulés par la diversité des activités et un mouvement permanent. Le caractère intuitif et spontané de l’enfant est respecté, et la Bible et la liturgie sont considérées comme une catéchèse à part entière. La vocation de la Catéchèse du Bon Pasteur est de mener l’enfant vers Dieu en lui faisant adopter un regard anthropologique chrétien.

Sofia Cavaletti, qui l’expérimente depuis une cinquantaine d’années, a observé de manière empirique l’intérêt d’adapter la Parole de Dieu aux différents âges. Ainsi, le groupe des plus jeunes se concentrera sur les paraboles du Royaume de Dieu, la petite enfance de Jésus et les évènements historiques de Sa vie. Plus tard seront abordés les sacrements, des temps liturgiques, la géographie d’Israël, et enfin la symbolique des gestes du prêtre, tels que le remplissage du calice avec l’eau et le vin, etc. Dans la pédagogie de la Catéchèse du Bon Pasteur, la mixité des âges est formatrice : l’exemplarité des plus grands sert la motivation des plus jeunes. Parmi les principes pédagogiques empruntés à la pédagogie Montessori, on retrouve notamment l’importance du silence, la vie intérieure, le développement spirituel personnel et le respect des règles de communauté.

A Paris, la catéchèse du Bon Pasteur s’est développée au cours des dix dernières années, sur l’initiative d’une poignée de catéchistes de Saint Ferdinand des Ternes, dans le 17e arrondissement de Paris, qui souhaitaient renouveler le catéchisme des enfants de la paroisse. Anne Sampré, le père Chouanard et le père de Mello se sont ainsi rendus à Rome rencontrer Sofia Cavaletti et discuter des innovations.


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Un vecteur de vocations ?

L’exemple de Benoît XVI et son grand frère Georg est parlant : lorsqu’ils étaient enfants, ils possédaient des objets liturgiques adaptés à leur âge, une sorte de dînette pour garçons et “jouaient au prêtre”. Ils s’habillaient des chasubles confectionnées par la couturière de leur mère, et célébraient ainsi la messe étant tour à tour le célébrant ou l’enfant de chœur. Ainsi, ils expérimentaient jusque dans leurs jeux d’enfants cette passion pour la liturgie, mais également pour la musique et l’étude, qui les a d’ailleurs menés tous deux au séminaire, et les a poussés à devenir prêtres (qui plus est le même jour).

Dans une lettre rédigée par celui qui occupera des années plus tard le trône de saint Pierre, on peut lire “Cher Enfant Jésus, Descends vite sur la terre. Tu apporteras la joie aux enfants. Apporte-moi aussi la joie. Je voudrais un Volks-Schott, du tissu vert, et un cœur de Jésus. Je serai toujours bon. Salutations de Joseph Ratzinger” (le Volks-Schott correspondant au Missel allemand et le tissu vert servant au futur pape à se constituer la chasuble du temps liturgique ordinaire).

Apprivoiser mais pas jouer

Cependant, le but de cette catéchèse didactique n’est pas de jouer mais de rencontrer Dieu à travers la liturgie de l’Eglise. Comme l’explique une catéchiste de saint Ferdinand des Ternes dans le 17e arrondissement où le père de Mello a développé la catéchèse du Bon pasteur, “le matériel est à leur taille, mais ils ne jouent pas.” Les catéchistes, qui ne se définissent d’ailleurs pas comme tels, insistent bien sur ce point : il ne s’agit pas de s’amuser, mais d’apprivoiser ce matériel pour mieux le connaître.

Il incombe donc aux catéchistes de préparer l’enfant spirituellement afin de dépasser cet émerveillement lié aux objets qu’il tient dans ses mains et qui peut rapidement basculer dans le jeu. Dans l’atrium (lieu sacré où les enfants partagent la parole de Dieu), l’expérience religieuse est vécue par et avec l’enfant, qui approche ainsi sa responsabilité de vie de chrétien. Une relation entre Dieu et l’enfant se développe, et c’est pour cette raison qu’il est important de privilégier l’autonomie de l’enfant. Une autonomie tout de même encadrée, puisque l’enfant n’est pas livré à lui-même : il ne s’agit pas de “liberté totale” mais de “libre choix” parmi les activités qui lui sont proposées, dans l’ordre qui lui plaît et en respectant les autres enfants également présents dans l’atrium, dans le respect des règles d’une communauté. Parce que chaque enfant a sa vie spirituelle propre, bien à lui, l’adulte est là pour poser sur lui un regard de foi qui l’observe mais ne l’influence pas. Ainsi, l’adulte n’est pas un enseignant classique, mais se situe au même niveau que l’enfant dans ce dialogue avec Jésus.

Virginie, catéchiste témoigne : “Nous apprenons beaucoup des enfants à travers le spectre de leur sensibilité. Par exemple, alors que je demandais à une petite fille de 7 ans de déplacer les figurines d’un berger et de son troupeau de moutons d’un champ à un autre, je m’attendais à ce qu’elle les prenne toutes d’un coup dans sa main pour les mettre dans le champ voisin. Au lieu de cela, la petite fille a saisi la figurine du berger dans une main, une brebis dans l’autre, et a déplace les brebis une à une, chacune brebis étant personnellement accompagnée par le berger. Quand je lui ai demandé pourquoi elle s’y prenait de cette manière, elle m’a répondu comme si c’était évident “C’est normal ! Le berger accompagne chacune d’entre elles, sinon elles se perdent !”



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