Quand l’un des conjoints dérape, les excuses ne suffisent pas… Pour espérer s’en sortir, celui ou celle qui maltraite doit avoir une réelle volonté de changer et de panser ses blessures…La violence psychologique est un comportement pervers et destructeur que l’un des conjoints du couple exerce sur l’autre, plus vulnérable. Les cas de violence psychologique se produisent dans les relations asymétriques lorsque l’un domine l’autre, le plus faible perdant progressivement tout sentiment de liberté. Il est important de comprendre qu’il s’agit d’un comportement pervers qui en aucun cas ne peut être toléré.
Mais alors, quel est le problème ? Il réside dans le fait que la violence psychologique, qui s’installe avec le temps, se produit parce que dès le début de la relation, la personne abusée n’a pas su détecter les mauvais traitements et y mettre des limites, s’enfermant ainsi dans une spirale destructrice.
Dans les cas de mauvais traitements, deux personnes souffrent de problèmes : le maltraitant et le maltraité. L’auteur de maltraitance peut souffrir de troubles mentaux, mais dans la plupart des cas, il est victime de blessures émotionnelles profondes dont il n’est peut-être pas conscient, et a souvent été maltraité étant enfant. Il est fréquemment marqué par un passé où les relations familiales étaient toxiques. Les personnes reproduisent ce qu’elles ont vécu dans leur enfance, souvent sans en être conscientes.
Les auteurs de maltraitances n’ont pas de bases affectives saines pour différentes raisons, et sont donc incapables d’aimer dans un contexte de vraie liberté et d’affection.
En général, ils agissent en trois phases avec leur victime : une phase de tension croissante, suscitée par l’accumulation quotidienne de tensions dues à des situations conflictuelles ; une phase d’explosion, l’accumulation et la répression des tensions se concentrent en un seul moment et la personne explose émotionnellement, la conduisant à des actes violents ou à des agressions physiques, verbales, émotionnelles ou sexuelles ; et une phase de remords, l’agresseur s’excuse pour ses actes et reconnaît l’agression, sauf que le sentiment de faute nuit à son estime de soi, favorisant ainsi le recommencement de ces trois phases cycliques.
Les différents types de mauvais traitements et les étapes qui y sont inhérentes sont liés à des symptômes clairs de troubles de la personnalité chez l’agresseur, et avec le temps, la victime s’affaiblit psychologiquement, faisant partie en quelques sortes de ces troubles.
L’agresseur regrette son action, promet de ne plus recommencer, mais ses excuses ne sont que temporaires étant donné qu’il n’est pas guéri des causes de son comportement. Il est donc important de bien comprendre qu’une personne qui en maltraite une autre a des troubles affectifs et comportementaux, et a besoin de l’aide d’un professionnel. Les excuses ne suffisent pas, une réelle volonté de changer et de panser les blessures est indispensable.
Face à une personne qui a tendance à maltraiter, il convient de suivre les conseils suivants : les cris ne doivent pas être permis dans une relation, et le silence n’est pas toujours la meilleure réponse ; en cas de coups, de violence physique ou sexuelle, la réaction doit être ferme et le cas échéant, il est nécessaire de porter plainte.
Toute personne qui a eu ce type de comportement une fois est susceptible de recommencer. Les agresseurs changent rarement seuls, étant donné que ces traits psychologiques sont bien ancrés dans leur personnalité et dans leur mode de vie.
Conséquences des violences psychologiques sur la victime
Les violences psychologiques usent profondément la victime, qui devient de moins en moins capable de se défendre et de mettre fin au problème. La situation est souvent la suivante : dans un premier temps elle résiste, mais finit par céder face à l’agresseur. Elle tente de trouver des explications logiques à la situation et cherche à dialoguer avec lui afin de trouver des solutions. Toutefois, le dialogue est impossible, dans la mesure où l’agresseur n’est pas disposé à parler. Par conséquent, la victime tente de satisfaire ses demandes pour éviter tout conflit. Elle se sent confuse par le comportement tortueux et ambivalent de l’agresseur à son encontre.
Ce genre de comportements entraîne des conséquences psychologiques chez la victime qui sont typiques d’une personne maltraitée. Elle commence à se remettre en question, tente de justifier l’agresseur et doute de son propre comportement. Elle développe alors des sentiments d’infériorité et une tendance à la dépendance émotionnelle.
En cas de violences prolongées, la victime peur souffrir de graves répercussions psychologiques. Ses niveaux de stress et de tension augmentent, engendrant de la fatigue, des troubles du sommeil, de la nervosité et de l’irritabilité, des maux de tête, des troubles digestifs et d’anxiété, et peuvent même conduire à la dépression, la victime se sentant alors incapable de se défendre ou de remédier à la situation.
Avec le temps, les relations sociales se dégradent, laissant place aux sentiments de négligence, d’apathie, de découragement, d’indifférence, résultats d’un grand manque de confiance en soi et de l’augmentation de la dépendance affective et du sentiment de culpabilité.
Que faire en cas d’agressivité au sein du couple ?
Partons du principe que la maltraitance, qu’elle soit émotionnelle, psychologique ou physique, ne doit en aucun cas être permise. Pour cette raison, il faut réagir dès les premiers signes, par respect pour soi-même et, le cas échéant, pour protéger ses enfants si on en a.
Le premier pas est de ne plus se laisser maltraiter. Accepter d’être maltraité revient à accepter une situation d’injustice humaine grave. Les sentiments de culpabilité sont une erreur dangereuse. Personne ne mérite d’être maltraité. Quand nous ne nous sentons pas capables de changer une situation, le mieux est de demander de l’aide, que ce soit auprès de la famille, d’amis proches ou d’un psychologue compétent. Il faut parler du problème et ne jamais taire la douleur ressentie. Cette démarche est le signe que le problème a été accepté et que sa cause ne vient pas nécessairement de la victime.
Souvent, la violence émotionnelle prend ses racines dans l’enfance, qu’il s’agisse de l’agresseur comme de la victime qui ne réagit pas. Un autre pas important est de reconnaître que la maltraitance est un problème qui vient des deux personnes. La victime doit prendre l’initiative de poser clairement les limites de ce qui arrive et doit réagir pour ne plus permettre ce qui n’aurait jamais dû se produire. C’est important d’aborder le sujet avec les deux conjoints de manière claire et sereine, et si ce n’est pas possible, de proposer les conseils précédents (aide de la famille, aide psychologique, plainte pour mauvais traitements).
Quand l’auteur des maltraitances souhaite réellement changer, il le prouve par ses actions, se montre disponible pour suivre une thérapie, et s’excuse sincèrement pour son comportement. Dans le cas contraire, si les mauvais traitements continuent, il faut alors envisager une rupture, qui sera la garantie d’une vie sauve pour la victime et ses enfants. L’auteur des maltraitances n’a en aucun cas le droit de détruire la vie des autres.
Article actualisé en collaboration avec Javier Fiz Pérez, psychologue, professeur de psychologie à l’Université européenne de Rome, délégué au développement scientifique international et responsable du département de développement scientifique de l’Institut européen de psychologie positive (IEPP).
>> Cet article est une traduction de la version espagnole d’Aleteia