Dans un contexte d’exode important des chrétiens d’Orient, le Saint-Père exhorte les organismes chargés de leur venir en aide depuis 80 ans, à veiller plus que jamais sur leur patrimoine religieux.En cent ans d’existence, la Congrégation pour les Églises orientales en a connu “des événements dramatiques”, des “vagues de persécutions” terribles, et la ROACO, l’organisme chargé en son sein de soutenir ces Églises présentes sur les territoires d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient, est plus que jamais appelée à servir de pont entre eux et l’occident, où tant de leurs fidèles aujourd’hui ont du se réfugier à cause de guerres et de violences. À tous ces organismes — dont fait partie L’Œuvre d’Orient qui relève du diocèse de Paris — engagés dans le soutien aux Églises orientales dans divers domaines : culte, clergé, formation pastorale, éducation, santé — le pape François a voulu renouveler sa confiance et ses encouragements.
Le 22 juin, au terme de leur 90e assemblée plénière, au Vatican, le Saint-Père a reçu tous les membres de ces organismes, accompagnés par le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la congrégation pour la congrégation des Églises orientales, et profité de la présence du père custode, Francesco Patton, de Terre sainte, parmi eux, pour saluer et bénir les Frères franciscains qui ont commencé à célébrer le huitième centenaire de leur présence en Terre Sainte.
Profonde reconnaissance
“Je renouvelle ma reconnaissance pour tout le travail et les efforts constants de charité et de solidarité que vous garantissez depuis 1968 aux Églises, orientales et latines, des territoires confiés à la compétence de la Congrégation pour les Églises orientales”, a déclaré le Pape aux participants à l’Assemblée de la “Réunion des Œuvres pour l’Aide aux Églises orientales” (ROACO). Dans un contexte d’exode important des chrétiens d’Orient, le Saint-Père a salué “le choix de radicalité” et “l’héroïcité” de nombreux prêtres et séminaristes des Églises orientales qui n’hésitent pas à témoigner et à se dévouer “aux côtés de leurs communautés souvent très éprouvées”. Notamment en Syrie, en Irak et en Egypte, comme largement discuté durant les travaux de la ROACO, du 19 au 22 juin, travaux que le cardinal Sandri, lors de la messe d’ouverture, a confiés à l’intercession de Marie et des nouveaux martyrs d’Orient.
Survie du patrimoine chrétien
En Orient, ces Églises “voient leurs fils souffrir à cause de la guerre qui perdure et des violences insensées perpétrées par le terrorisme fondamentaliste”, a souligné le Pape, “peu importe qu’ils soient catholiques, orthodoxes ou protestants, ils versent tous leur sang comme sceau de leur témoignage”. À travers toutes ces épreuves, celles-ci vivent “l’expérience de la Croix de Jésus” qui est “cause de tourments et de souffrance” mais, en même temps, “source de salut”. Ces Églises “gardent tant de souvenirs vénérés — églises, monastères, lieux de saints et de saintes — qui demandent à être protégés et conservés”, a souligné par ailleurs le Saint-Père, “grâce entre autres à votre aide”. Comment ? En favorisant “les pèlerinages aux racines de la foi”, en réparant ou entretenant ces structures, et quand cela n’est pas possible, en restant “temple vivant du Seigneur” là où ces fidèles ont été contraints à émigrer, en leur permettant de “continuer à vivre selon les traditions de leur Église”. De cette façon, a poursuivi le Pape, “votre œuvre, chers représentants des Agences, sera un pont entre l’Occident et l’Orient, dans les pays d’origine comme dans ceux d’où vous venez vous-mêmes”.
L’Évangile avant tout
Pendant l’assemblée plénière de la ROACO, il a été beaucoup question aussi de formation – initiale pour les séminaristes, permanente pour les prêtres – à laquelle le Saint-Père demande d’attacher une attention particulière : “Nous sommes conscients, en effet, du choix de radicalité exprimé par beaucoup d’entre eux et de l’héroïcité du témoignage de dévouement qu’ils apportent aux côtés de leurs communautés souvent très éprouvées. Mais nous sommes aussi conscients des tentations auxquelles ils peuvent être confrontés, comme la recherche d’un statut social reconnu au consacré dans certaines zones géographiques, ou une manière d’exercer le rôle de guide selon des critères d’affirmation humaine ou selon des schémas liés à la culture locale et à l’environnement”, a expliqué François dans son discours. Il demande donc à la congrégation et aux agences qui lui sont rattachées, de continuer à soutenir les projets et initiatives qui édifient de manière authentique l’Église.
Il est fondamental, a insisté le souverain pontife, de ne jamais perdre de vue “le style de la proximité évangélique” : chez les évêques à l’égard de leurs prêtres, afin que ces derniers “fassent sentir la caresse du Seigneur aux fidèles qui leur sont confiés”, et que tous — séminaristes et prêtres — éprouvent la joie d’être “des collaborateurs du Salut offert par le Seigneur”, toujours prêts, comme “le Bon samaritain”, à se pencher sur “les blessures des cœurs et des histoires humaines” pour verser dessus “l’huile de la consolation et le vin de l’espérance évangélique”. “Sentons-nous toujours pierres vivantes serrées contre le Christ qui est la pierre angulaire !”, a-t-il exhorté.