Le pape François a nommé le père Bruno-Marie Duffé, prêtre lyonnais de 65 ans, premier secrétaire du dicastère pour le service du développement humain intégral. Sa mission : mettre en œuvre Laudato Si’. Rencontre.Aleteia : Quel sentiment cette nomination a-t-elle suscité en vous ?
Père Bruno-Marie Duffé : Je suis touché et honoré par la confiance que l’on m’accorde en me confiant cette charge dont je perçois l’importance ! Je ressens une joie intérieure, profonde, intime, la joie de servir et d’encourager les artisans de paix et de développement, mais j’en perçois aussi l’enjeu considérable à l’interne comme à l’externe : je ferai mon possible pour favoriser le dialogue, la compréhension entre tous les acteurs, et valoriser les compétences des uns et des autres au service de notre mission autour du développement humain intégral. C’est donc un double sentiment qui m’habite : la joie de pouvoir servir l’Église universelle et la conscience d’être petit, humble, devant les enjeux de cette nouvelle mission.
Quelle est la conviction profonde sur laquelle bâtir votre action ?
J’ai la conviction que si nous restons à l’intérieur du service sans maintenir le lien avec la réalité de la pauvreté, de l’engagement, si nous restons isolés, nous sommes perdus, nous sommes morts ! Mais s’il y a un va-et-vient permanent entre le partage sur le terrain, dans les camps de réfugiés par exemple, avec les éducateurs, les négociateurs, les familles, les acteurs politiques, et le lieu de la réflexion, de la contemplation et de la prière, nous pourrons produire de la réflexion et de l’action. Ma conviction, c’est qu’il faut encore et toujours être dans la rencontre pour se laisser toucher par les personnes. D’ailleurs, c’est ce que je demanderai dès vendredi matin (23 juin 2017) dans ma profession de foi : l’autorisation de faire ce va-et-vient entre le travail d’écriture, d’argumentation et de proposition, et le terrain. Je demanderai donc la permission de quitter mon bureau de temps en temps pour rester proche des bâtisseurs de paix, des migrants, des porteurs de projets… à la manière même du Christ qui se fait rencontre.
Quelle est la nature de l’espérance qui vous habite ?
Je formule l’espérance que nous puissions être à la fois dans l’organisation et dans la mission. L’organisation d’un dicastère, pour mettre en perspective l’action humanitaire d’urgence, la protection des droits humains, la santé, l’aide aux migrants en travaillant de manière transversale, et la mission, de manière à vivre cet appel comme une expérience spirituelle, un souffle, une espérance de foi en l’avenir. Nous avons tous à nous apprendre mutuellement l’espérance, car nous sommes tous porteurs d’espérance.
Propos recueillis par Fanny Magdelaine.