Au terme de l’angélus dominical, le Saint-Père a apporté son soutien aux efforts de la communauté de Sant’Egidio entrée officiellement aux Nations unies le 9 juin dernier.“Je porte dans mon cœur le souvenir de la visite réalisée dans ce pays en novembre 2015, et souhaite qu’avec l’aide de Dieu et la bonne volonté de tous, le processus de paix (…) soit pleinement relancé et renforcé”. Au terme de l’angélus dominical, place Saint-Pierre, ce 18 juin, le pape François a lancé un nouvel appel à la reprise du processus en paix en République centrafricaine, déchirée depuis plusieurs mois par de nouveaux affrontements entre groupes armés, dans le centre et l’est du pays. Le Saint-Père s’adressait tout spécialement aux représentants de la République centrafricaine et des Nations unies, réunis ces jours-ci à Rome avec la communauté de Sant’Egidio et l’envoyé spécial de l’ONU pour la RCA, Parfait Onanga Anyanga, afin de chercher de nouveaux chemins de paix pour leur pays.
Un an après sa visite en Centrafrique, qu’il avait quittée en laissant le souvenir de gestes symboliques forts, porteurs de grands espoirs, le pape François ne cache pas sa préoccupation face à cette nouvelle éruption de violence qui frappe différentes régions poussant de nombreux civils à se réfugier dans les églises et les mosquées. “Que les armes se taisent et que prévale la bonne volonté pour dialoguer”, avait-il exhorté au terme de la prière du Regina Cœli, le 24 mai dernier, apportant une nouvelle fois son soutien “à la population, aux évêques et à tous ceux qui se prodiguent pour le bien des personnes et pour la cohabitation pacifique” dans le pays.
Sant’Egidio en première ligne
Le Pape suit de près “la médiation déterminante” du cardinal Nzapalainga, l’archevêque de Bangui, dans cette situation de crise. Et de plus près encore l’intervention de la communauté de Sant’Egidio, engagée plus que jamais dans la recherche d’une solution sur place, depuis qu’elle a signé le 9 juin dernier un rapport de collaboration “inédit” avec le département des affaires politiques de l’ONU. Vingt-cinq ans après le succès des accords de paix au Mozambique sous son égide, et de nombreuses collaborations dans différentes parties du monde ou dans les situations de crise, l’entrée officielle de la communauté de Sant’Egidio aux Nations unies, est en effet une grande première. Celle-ci montre la confiance accordée à un organisme d’inspiration catholique comme la communauté Sant’Egidio dans « sa capacité à arriver auprès de ceux-là même que nous définissons comme “les plus difficiles à atteindre” », a souligné le département des affaires politiques de l’ONU,à cette occasion. Le président de Sant’Egidio, Marco Impagliazzo, attribue lui la force du mouvement au fait “d’être un acteur sans intérêts politiques ou économiques, mais seulement humanitaires” qui lui permet “un impact plus opérationnel”.
La communauté de Sant’Egidio est née à Rome en 1968, au lendemain du Concile Vatican II. La première communauté chrétienne des Actes des Apôtres et François d’Assise ont été les premiers points de référence du petit groupe de lycéens à l’origine de la communauté. Sa spiritualité repose sur 5 piliers : prière, transmission de l’Évangile, solidarité avec les pauvres, œcuménisme et dialogue interreligieux. C’est aujourd’hui un mouvement de laïcs auquel participent plus de 50 000 personnes, investies dans l’évangélisation et dans la charité à Rome, en Italie et dans plus de 70 pays des divers continents. Depuis le succès mozambicain, marqué par la signature d’un accord général de paix, en octobre 1992, le siège de la communauté est devenu peu à peu un lieu où chercher une trêve aux conflits.
“Sans dialogue, le monde étouffe…”
C’est avec toute la communauté que le pape François, en avril dernier, avait souhaité commémorer les martyrs chrétiens contemporains, à la basilique Saint-Barthélemy sur l’île Tibérine, à Rome. Dans le cadre de la semaine sainte, la Communauté a fait mémoire des chrétiens qui, dans de nombreux endroits du monde, ont subi persécutions, discriminations, privation de liberté religieuse et atteinte à leur vie. Elle l’a fait en rappelant les noms et les histoires des victimes, et en reprenant les paroles du pape François : “Aujourd’hui, au XXIe siècle, notre Église est une Église de martyrs”.
“Dans certains pays qui souffrent à cause de la guerre, vous entretenez la flamme de l’espérance et de la paix. Œuvrer pour la paix ne donne pas de résultats rapides, mais c’est l’œuvre d’artisans patients, qui recherchent ce qui unit et mettent de côté ce qui divise, comme le disait Jean XXIII”, avait déclaré le pape François en rendant visite à la communauté en juin 2014. “Il faut davantage de prière et de dialogue : cela est nécessaire. Le monde étouffe sans dialogue (…) c’est pourquoi vous aussi vous apportez votre contribution pour promouvoir l’amitié entre les religions (…) Continuez dans cette voie : prière, pauvres et paix”, les avait-il encouragés, Et sur ce chemin, “aidez à faire croître la compassion dans le cœur de la société — qui est la véritable révolution, celle de la compassion et de la tendresse —, aidez à faire croître l’amitié au lieu du spectre de l’inimitié et de l’indifférence”.