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Des imams britanniques refusent la prière funéraire pour les terroristes

Scène d'horreur samedi 3 juin dans la capitale britannique.

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Miriam Diez Bosch - publié le 15/06/17
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Lecture chrétienne d’une condamnation sans précédent. Ceux qui dénoncent la passivité des imams face au terrorisme devraient tenir compte de cette décision collective : 185 imams et représentants du culte musulman britanniques ont refusé de prononcer l’oraison funèbre (salat janaza) pour les terroristes des attentats de Londres. Il s’agit d’une condamnation ferme et sans précédent de la part de l’islam.

Si le Muslim Council of Britain (Conseil musulman britannique) avait d’abord annoncé le chiffre de 130 imams, ils ont finalement encore plus nombreux parmi eux à s’unir pour dénoncer cet acte et à prier pour les victimes du London Bridge. Et le nombre de responsables musulmans soutenant cette dénonciation pourrait augmenter encore dans les jours à venir.

À Londres, les imams ont prié Dieu pour que “les terroristes soient jugés conformément à la gravité de leurs crimes”. Un signal fort aux yeux des musulmans. L’organisation British Muslim Scholars a, par ailleurs, lancé une pétition signée par plus de 500 imams uniquement au Royaume-Uni contre les “extrémismes violents”.

Signification de cette décision

Refuser de célébrer les funérailles d’une personne paraît incompréhensible pour les chrétiens.

Jaume Flaquer, jésuite et expert de l’islam explique ce que représente cette décision pour un musulman : “Cela n’a pas la même signification, tout comme le recours à la violence légitime a un sens différent dans l’islam et la religion chrétienne. L’organisation de funérailles traditionnelles pourrait être perçue comme un soutien aux auteurs des attentats. L’absence de rite religieux est un moyen de déclarer que les terroristes ne sont pas morts en martyrs (shahid)”.

En outre, “les prières récitées lors de l’oraison funèbre souhaitent au défunt d’être accueilli au paradis et invoquent la paix (salam aleykum). Sans célébration de funérailles islamiques traditionnelles, les terroristes sont alors privés des privilèges auxquels ils sont convaincus de pouvoir accéder dans l’au-delà (dont les 70 vierges)”.  

Regard monothéiste sur la violence

Il est important, rappelle Flaquer, de ne pas oublier que “l’Église a longtemps refusé d’inhumer les personnes suicidées”. Il n’en demeure pas moins que le rapport du christianisme à la violence et au pardon rend cette religion irréductible aux autres.  

Le pardon accordé par Jésus à ceux qui “l’assassinent” est en effet inimaginable dans l’islam. Lorsqu’il s’agit de répondre à la violence, l’islam, tout comme le judaïsme, parle toujours de modération de la riposte ; la prohibition radicale  de la violence n’est en revanche jamais évoquée, selon cet expert de l’islam, titulaire d’un doctorat en études islamiques à la Sorbonne (EPHE).



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